La Lituanie d’hier et d’aujourd’hui sous les doigts de Muza Rubackyté

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Depuis son origine, en 2000, le festival Les Solistes à l’Orangerie d’Auteuil manifeste son attachement à la musique contemporaine par l’intégration d’une partition récente au programme de chaque pianiste. L’unique création mondiale de l’édition 2024 était confiée, samedi 14 septembre, à l’enchanteresse Momo Kodama. Six Intermezzi conçus par Eric Montalbetti (né en 1968) comme une succession d’envols. Elégance du geste, expression évanescente, harmonie de gourmet, tout concourait à apprécier cette musique à l’aune de la tradition française, de Claude Debussy à Pierre Boulez.

Occasionnelle dans le récital « classique » de Momo Kodama (achevé par de somptueux Tableaux d’une exposition, de Modeste Moussorgski) , la dimension nationale avait constitué, un peu plus tôt dans l’après-midi, l’apanage du programme interprété par Muza Rubackyté. « Un voyage de Vilnius à Venise », selon la formule employée par la pianiste, qui fera l’objet d’une large tournée dans le cadre de l’Année de la Lituanie en France. Pour introduire la musique de son pays, la pianiste lituanienne ne pouvait pas effectuer de meilleur choix que celui de Mikalojus Konstantinas Ciurlionis (1875-1911), contemporain d’Arnold Schoenberg (1874-1951) avec lequel il partageait la double « casquette » de musicien et de peintre.

Si les poèmes symphoniques (principalement Dans la forêt) de Ciurlionis sont relativement connus, sa musique pour piano reste à découvrir. Muza Rubackyté nous y invite d’abord par trois Préludes au langage mouvant. Sous couvert d’une mélodie assez simple, le premier se distingue par des agrégats un peu durs, chocs plastiques et heurts de l’oreille, qui évoquent parfois les dérapages dissonants d’Alexandre Scriabine. Surfant sur des vagues héritées de Frédéric Chopin, le deuxième est beaucoup moins personnel que le troisième qui oscille entre chant lyrique et fondements dramatiques avant de prendre congé sur une fin étonnamment ouverte.

Haltérophile du clavier

Sensible aux variations de couleurs et de lumières, Muza Rubackyté propose ensuite deux Nocturnes… à caractère diurne. Des scènes joliment animées, de type « fêtes de village », qui font du Lituanien Ciurlionis l’égal du Norvégien Grieg dans l’art de la miniature. Vient alors l’étape « contemporaine » du parcours, figurée par une Passacailla écrite, en 1995, par Raminta Serksnyté, à l’âge de 20 ans. Son parti bipolaire est aisément perceptible. Une main, la gauche, prend en charge la permanence, la régularité, la stabilité du discours. L’autre, la droite, se comporte en vecteur d’onirisme, de fantaisie, d’égarement. Les mains échangent leurs registres mais pas leurs rôles. Le grave est tour à tour, imprécatoire et sismique. L’aigu, accueillant et traumatisant.

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