La gauche sud-américaine à l’épreuve de la crise au Venezuela

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Il ne s’était pas écoulé trois quarts d’heure depuis la proclamation contestée de la victoire de Nicolas Maduro à l’élection présidentielle vénézuélienne du 28 juillet que Gabriel Boric postait sur X : « Le régime de Maduro doit comprendre que les résultats qu’il publie sont difficiles à croire. » Dix jours plus tard, le président chilien récidivait en affirmant n’avoir aucun doute sur le fait que son homologue avait « tenté de commettre une fraude ».

A contre-courant de ce qu’on attendait de la gauche radicale dont il est issu, M. Boric n’a donc pas reconnu l’élection de M. Maduro, bien qu’il se soit aussi abstenu, pour l’heure, de reconnaître celle d’Edmundo Gonzalez, le candidat de l’opposition. Cette dernière a appelé à une manifestation « mondiale », samedi 17 août, pour « ratifier » la victoire de M. Gonzalez, qui prétend, lui aussi, avoir emporté la présidentielle.

La réponse de Caracas à M. Boric ne s’est pas fait attendre : « Le masque est tombé, son gouvernement pinochétiste et putschiste est mis à nu », a lancé le ministre des affaires étrangères vénézuélien, Yvan Gil. En guise de rétorsion, Caracas a expulsé le personnel diplomatique chilien, ainsi que celui de l’Argentine, du Costa Rica, du Pérou, du Panama, de la République dominicaine et de l’Uruguay, six pays gouvernés par la droite, et qui ont également douté de la victoire de Nicolas Maduro.

« Ne pas rompre le contact »

Sans surprise, Cuba et le Nicaragua ont félicité le président vénézuélien. Mais la gauche latino-américaine n’a, cette fois, pas fait bloc derrière Nicolas Maduro : la Colombie, le Mexique et le Brésil se sont alignés sur l’Union européenne, et même les Etats-Unis, pour exiger des preuves de sa victoire et la publication des procès-verbaux du scrutin. Le traditionnel clivage droite-gauche semble ici avoir laissé la place à une division entre régimes autoritaires et démocraties.

Certes, les prises de parole officielles des dirigeants brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, colombien, Gustavo Petro, et mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (dit « AMLO »), ont été jusqu’ici mesurées par rapport à celles de Gabriel Boric. « Mais les trois gouvernants sont engagés dans une démarche de négociation avec Maduro, et ils marchent sur des œufs, explique Olivier Compagnon, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine. L’idée est de ne pas rompre le contact, afin de trouver une solution pacifique à la crise. »

Le Brésil et la Colombie, en particulier, qui partagent des frontières avec le Venezuela, craignent une nouvelle vague migratoire, alors que 7 millions de Vénézuéliens ont déjà quitté leur pays depuis dix ans. Jeudi 15 août, Lula et Gustavo Petro ont proposé la mise en place d’un gouvernement de coalition et la tenue de nouvelles élections. Une suggestion rejetée de manière catégorique tant par l’opposition que par le pouvoir.

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