«La France est encore raciste», selon Booba qui juge que le rap y est «toujours dénigré»

« J’ai été blacklisté jusqu’à 40 ans. » À l’occasion de son passage au Golden Coast, festival dijonnais dédié au rap, le rappeur Booba a une nouvelle fois exprimé son désappointement concernant la place de ce genre musical en France. « La France est encore raciste, le rap toujours dénigré . C’est la musique la plus écoutée, mais je ne passe toujours pas sur NRJ, Skyrock, Fun Radio…», regrette-t-il dans une interview accordée au Parisien, publiée dimanche 15 septembre.

Sa présence au festival qui a réuni plus de 52 000 personnes, était une nouvelle occasion de faire briller le rap. « C’est symbolique. Le fondateur du Golden Coast, Christian Allex, a été le premier à me programmer dans un festival, les Eurockéennes, en 2017. Cela ne fait que sept ans que je fais des festivals, j’ai été blacklisté jusqu’à 40 ans. Ça me fait plaisir d’être dans ce festival 100 % rap. Enfin !», s’enthousiasme-t-il auprès du Parisien.

Le rappeur de 47 ans avait aussi eu l’opportunité de se produire au Rose Festival, monté par BigFlo et Oli à la fin de l’été. L’objectif de cet évènement est de proposer un « festival innovant aux multiples facettes culturelles s’inscrivant dans la durée sur le territoire toulousain. »

Un rappeur qui ne mâche pas ses mots

Booba, révélé en 2002 avec son premier album Temps mort n’est pas seulement connu pour sa musique mais aussi pour ses nombreuses prises de paroles, qui ne manquent pas de faire polémique, l’artiste fustigeant souvent ses compères, à commencer par Aya Nakamura. « Je ne la supporte pas. J’ai eu le malheur d’essayer de discuter avec elle. Je la trouve hautaine, surcotée, elle a des hits mais sur l’écriture, c’est niveau sixième. Et encore un sixième qui redouble. Elle fait la star, mais elle ne fait rien avancer. Elle ne se prononce jamais sur rien», a-t-il dit au Parisien.

Il a aussi réprimandé le jeune rappeur Zola, après que ce dernier a soutenu son ami Koba LaD impliqué dans un accident de voiture mortel. « Ce sont des abrutis, il faut leur couper les réseaux ! », soutient-il. Et Booba ne compte pas s’en arrêter là. « Je suis un des rares qui osent encore dire ce qu’ils pensent et… qui pensent, déjà (rires). La liberté d’expression a encore chuté. On est dans une machine à laver le cerveau et à censurer qui est encore plus féroce qu’avant», ajoute-t-il. « Je ne peux pas m’en empêcher, je suis le relou du bar (rires). Quand un gars fait le pitre à côté de moi, je lui dis: “Je ne suis pas Dieu le père, loin de là, mais j’ai une expérience, une légitimité pour donner mon avis. Je ne dis pas que je suis un exemple, que je n’ai pas fait de conneries, mais cette génération n’a pas de père”.»