La France buissonnière : au Mans, on peut prendre le thé comme dans les années 1950

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Selon un sondage publié par Ipsos-Sopra Steria en octobre 2023, 73 % des Français estiment que « c’était mieux avant ». Le vieillissement de la population n’explique pas tout. Cette affirmation est également partagée par 70 % des moins de 35 ans. Mélanie Racine en a 37, et le salon de thé qu’elle a ouvert début juillet au Mans, appelé Chez Paulette, s’inscrit dans la droite ligne de cette tendance. Singulier endroit, au demeurant, que ce rez-de-chaussée de maison individuelle – la sienne – décoré du sol au plafond dans le style des années 1950.

Le grand chic nostalgique est bien là : déguster un earl grey dans une tasse à motif floral, au milieu d’un agencement de porcelaine, dentelle et brimborions. Ici une horloge comtoise sert d’étagère, là un buffet Mado a été repeint en rose. Des rosaces ornent le plafond, des moulures habillent les murs. Des oiseaux volettent sur la tapisserie quand d’autres s’ébrouent dans le creux d’assiettes en faïence reconverties en pendules. La patronne et décoratrice en chef n’est pas en reste. Vêtue d’un tablier Vichy dernier cri, Mélanie Racine ne sort jamais de sa salle de bains sans attacher des fleurs (naturelles ou artificielles) à ses cheveux, teintés en rouge depuis ses 15 ans. « J’aime le vintage, tout ce qui est fleuri et coloré », confie celle que ses clients appellent naturellement Paulette, et dont seuls les piercings renvoient à l’époque actuelle.

Paulette est en fait Paule, une grand-tante ayant fait office de grand-mère après la mort de cette dernière quand Mélanie avait 6 ans. La parente avait été couturière dans le secteur de la lingerie fine, à Paris, avant de couler une retraite paisible à la campagne, entre jardinage, histoires au coin du feu et art du cataplasme. A sa mort, en 2022, sa petite-nièce s’est approprié son prénom pour baptiser sa microentreprise nouvellement créée, La Mallette de Paulette, spécialisée dans les arts créatifs et la couture.

Travailleuse sociale

La confection de sacs à lavande, d’essuie-tout lavables et de chaufferettes pour l’hiver occupe, depuis lors, une partie de son temps. L’autre consiste à transformer des poupées de porcelaine en lampes, des sucriers en boîtes à couture et des pots de fleurs en pichets, selon le principe de l’upcycling – créer du neuf avec du vieux sans déconstruire la matière première. Pour s’y adonner, une fréquentation régulière des brocantes et des vide-greniers est vivement recommandée.

L’idée d’un salon de thé « à domicile », qui ferait également boutique, s’est concrétisée il y a deux ans après d’importants travaux dans sa maisonnette du centre-ville. L’envie de se diversifier professionnellement avait alors émergé dans le même temps. Car Mélanie Racine a un « vrai » métier : travailleuse sociale au sein d’un foyer d’accueil pour public en grande précarité. Les deux activités ne sont pas si éloignées qu’il y paraît. « J’ai l’impression que les gens qui viennent chez moi se sentent apaisés, sans doute parce que le temps s’y est comme arrêté, glisse l’autoentrepreneuse à l’allure de pin-up. Je retrouve ici l’esprit de ma grand-tante qui prenait soin des autres en leur offrant des gâteaux. J’ai aussi cœur à cela. Prendre soin – le “care” comme on dit en anglais –, c’est mon métier. »

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