CRITIQUE – Dans la tradition ancienne, souvent agraire, les pèlerinages aux tombeaux des saints relevaient d’une «religion civique» des musulmans et des non-musulmans ensemble.
Certains livres attrapent l’esprit quelle que soit la page à laquelle on les ouvre. Celui de Catherine Mayeur-Jaouen, qui examine la sainteté en terre d’islam, est de ceux-ci. Ses pages, imprégnées d’érudition orientale, de références à l’âge d’or et touchant au cœur de l’imaginaire des trois religions du Livre, juive, chrétienne et musulmane, donnent de précieuses clés pour comprendre le grand tissu rapiécé – très solide – des croyances humaines.
Pour les musulmans, la notion de sainteté n’est pas exactement celle des chrétiens : les disciples de Mahomet évaluent la proximité avec Dieu « le grand, le miséricordieux » pour estimer le degré de vertu spirituelle et d’exemplarité d’une personne. Pour eux, le saint est « l’ami de Dieu », le tout proche du créateur, qui sera sauvé par sa foi et sa piété, celui « dont la simple vue est une invite à se remémorer Dieu à son cœur ».
«La religion du lieu»
Professeur d’histoire de l’islam moderne et contemporain à la Sorbonne, ancienne…
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