Les mystères de la canne de Balzac enfin percés

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Cet accessoire bien connu de l’auteur de « La Comédie humaine » a révélé récemment quelques secrets après une expertise.

« L’esprit d’un homme se devine à la manière dont il porte sa canne », écrit Balzac en 1830 dans son Traité de la vie élégante, paru en cinq épisodes dans le journal La Mode. L’écrivain parle en connaissance de cause, lui qui chérit et collectionne cet accessoire. L’un de ses modèles les plus connus, exposé depuis longtemps à la Maison Balzac à Paris, est fait de bois et d’or ciselé, pavé de turquoises, datant de 1834 et créé par le joaillier Le Cointe. Une chaîne en or, issue d’un collier de jeune fille de sa maîtresse d’origine polonaise Mme Hanska, achève son raffinement. « Il fait sensation dans Paris en paradant avec cet accessoire excentrique, qui prouve son énergie et sa réussite, à une époque où les canons poussent plutôt à la discrétion, même si la canne est alors très à la mode », raconte Geoffray Riondet, expert en bijoux anciens qui vient de se pencher sur cette pièce « raffinée et délicate, ayant appartenu à un personnage hors norme ».

Elle a été livrée en 1834 par le joaillier Le Cointe.
Maison de Balzac

Dans une lettre à son amante, Balzac s’amuse que sa canne ait « plus de succès en France que toutes (s)es œuvres ». Jamais rassasié de notoriété, l’auteur ne dédaigne pas aussi l’année suivante, en 1836, qu’elle soit au centre d’un roman de Delphine de Girardin, intitulé La Canne de M. de Balzac, donnant des pouvoirs magiques au héros. Cet accessoire précieux flatte son esprit orgueilleux, avide de prestige et de reconnaissance. L’écrivain est alors un personnage public influent, grâce à ses romans, ses essais et ses articles dans la presse. Son allure particulière est parfois moquée, caricaturée, lui qui est petit, rond et pas toujours soigné. Bien qu’il critique le dandysme d’alors, cet amoureux des belles choses s’avère aussi assez dispendieux. Il achète à crédit. Ainsi la facture de sa canne aux turquoises s’élève à 700 francs, un prix très onéreux, et n’est toujours pas acquittée au bout d’un an comme l’indiquent les livres de comptes.

Il y a quelques semaines, avec l’aide de deux gemmologues, Gérard Panczer et Niloofar Mousavipak, Geoffray Riondet a mené une expertise, directement à la Maison Balzac afin de déterminer la provenance des turquoises. Leur teneur en fer et en cuivre a permis d’affirmer qu’elles viennent d’un gisement perse, à Nichapur dans le nord-est de l’Iran, confirmant leur préciosité. La facture de la canne, à en-tête de la maison Le Cointe, a été retrouvée à la bibliothèque de l’Institut de France. Elle porte la date du 18 août 1834 et fait apparaître d’autres commandes de l’écrivain, comme une monture de bague, une autre canne avec de la cornaline… 

Les trois experts avec la canne, à la Maison Balzac, Niloofar Mousavipak, Gérard Panczer et Geoffray Riondet. Facture du joaillier Le Cointe de 1834.
Maison de Balzac

« Le joaillier Le Cointe, tombé depuis dans l’oubli, connaissait un vif succès au début du XIXe siècle », rapporte l’expert qui s’est penché sur l’histoire de ce fabricant de joaillerie et d’orfèvrerie, d’abord installé rue de Castiglione puis au 26, place Vendôme. « On retrouve son nom dans les écrits de Vever (auteur d’un ouvrage de référence sur cette période, NDLR). Il était sous la protection de la duchesse de Berry, fournisseur du duc de Bordeaux… » Seule déception, les trois chercheurs espéraient pouvoir élucider le secret de la capsule à charnière cachée dans le pommeau et déterminer si elle avait abrité une mèche de cheveux ou un portrait d’une dulcinée. Mais en vain. Place à l’imagination.



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