La BCE appelle les banques à « gérer les risques climatiques »

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Frank Elderson, un des six membres du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), est spécialisé dans la supervision des banques dites « systémiques », soit les 113 institutions financières les plus importantes de la zone euro. Il travaille en particulier sur l’impact du changement climatique sur la stabilité financière. En 2020, il a édicté des règles obligeant les banques à évaluer leurs risques climatiques. Face au retard de certaines d’entre elles, il menace de leur imposer des amendes journalières.

Votre travail consiste à superviser les banques afin de garantir la stabilité financière. Le changement climatique est extrêmement préoccupant, mais en quoi a-t-il un impact sur la stabilité financière ?

Il y a deux sortes de risques : les risques physiques et ceux qui sont liés à la transition climatique. Les risques physiques sont clairs : incendies de forêt, inondations, sécheresses… Si vous êtes une banque et que vous êtes exposée à des maisons construites dans des zones inondables, cela a une incidence sur votre risque de crédit. Si vous êtes exposée à des maisons construites dans des zones sujettes aux incendies de forêt, et que les compagnies d’assurances sont de moins en moins enclines à couvrir ce type de dommages, cela augmente votre risque de crédit.

Par ailleurs, il existe des risques de transition. Les gouvernements ont pris l’engagement de conduire une transition ordonnée vers une économie neutre en carbone. Mais cela crée également des risques pour les banques. Une banque est exposée, par exemple, si elle finance des entreprises qui fabriquent des voitures à moteur à explosion et que cette technologie devient interdite. Les banques doivent donc surveiller ces entreprises et s’assurer qu’elles disposent d’un plan de transition compatible avec la nouvelle législation.

Face à ces risques, que demande la BCE aux banques ?

En 2019, nous avons entamé un dialogue avec elles. Moins de 25 % d’entre elles avaient travaillé sur la gestion de leurs risques liés au climat. Ce n’était pas du tout suffisant. Nous avons donc publié en 2020 nos attentes prudentielles liées au climat et à l’environnement, qui décrivaient comment elles doivent évaluer ces risques, en fixant fin 2024 comme date butoir.

Vous demandez donc aux banques, en tant qu’autorité prudentielle, d’identifier les risques. Vous ne leur demandez pas de verdir leurs politiques ?

Exactement. J’ai souvent dit dans mes discours que nous n’élaborons pas de politiques relatives au climat et à la nature. C’est l’affaire des politiciens, qui sont élus, alors que nous ne le sommes pas. Notre mandat est de veiller à ce que les banques soient sûres et solides. Et, pour ce faire, nous devons nous assurer qu’elles gèrent l’ensemble de leurs risques : cyber, géopolitiques ou liés au climat. Il est donc possible qu’elles continuent à financer des entreprises fortement émettrices de gaz à effet de serre, mais si elles le font, elles doivent gérer les risques qui en découlent.

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