L’olivier, symbole malmené en terre occupée

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« Personne ne dit à un olivier : “Comme tu es beau !” Mais : “Quelle noblesse et quelle splendeur !” », ­écrivait le poète palestinien Mahmoud Darwich. L’arbre qui tapisse les collines de la Cisjordanie est un symbole pour son peuple. Source de revenus, il incarne sa résistance et son enracinement dans cette terre occupée par Israël depuis 1967. Adam Broomberg, artiste juif ­sud-africain de 53 ans, et Rafael Gonzalez, photographe allemand et espagnol de 27 ans, qui vivent tous deux à Berlin, ont immortalisé dans une série de portraits ces oliviers de Cisjordanie, pour certains millénaires. L’arbre est au centre de l’image, happant l’œil dans les détails de son tronc noueux. A l’arrière-plan, la vie palestinienne ­apparaît : le mur érigé par Israël, les habitations denses, le cimetière.

« Je n’avais jamais vu d’arbres aussi vieux ! Se tenir à côté de l’olivier Al Badawi, qui a 4 500 ans, le toucher, a été l’une des expériences les plus remarquables de ma vie, se souvient Adam Broomberg. Pensez à tout ce dont cet arbre a été le témoin, combien d’empires il a vus venir et disparaître… » Ces oliviers, si puissants sur les portraits immobiles de leur livre Anchor in the Landscape (« ancrage dans le paysage », non traduit), sont menacés.

Depuis 1967, au moins huit cent mille arbres ont été déracinés, brûlés ou détruits par les autorités ou les colons israéliens. Deux des oliviers du livre ont été abattus depuis que les photos ont été prises. « Il est très important qu’une sorte d’archive existe pour prouver l’existence de ces arbres, qui sont là depuis si longtemps mais qui sont devenus si vulnérables » depuis plus de cinquante ans, juge Adam Broomberg.

Jets de pierres et checkpoint

Chaque portrait a pour titre les coordonnées GPS de ­l’olivier. L’ensemble dessine une cartographie qui se concentre dans le sud de la Cisjordanie, dans la région de Hébron, où les colons israéliens sont installés au cœur de la vieille ville palestinienne. Adam Broomberg y a créé l’ONG Artists + Allies × Hebron (AAH) avec Issa Amro, célèbre activiste palestinien de 44 ans, qui se bat pour rester sur ses terres. Sa terrasse surplombe une oliveraie. Le duo de photographes a travaillé sur le terrain en utilisant une chambre grand format qui requiert à la fois du temps et de la précision. Etre deux leur évitait de trop s’exposer au danger.

N31°42.5696’ E035°13.1748’.

« Un jour, nous étions à l’intérieur de la maison d’Issa Amro, à Hébron, et nous avons été encerclés par des enfants de colons. Ils étaient entre trente et quarante et ils ont commencé à nous jeter des pierres », rapporte Rafael Gonzalez, dont c’est le premier corpus publié. Sur le terrain, « Adam a été poussé et frappé par des colons à plusieurs reprises, poursuit-il. Il a fallu beaucoup plus de temps que nous l’avions prévu pour prendre les photos ». L’autre défi était de s’assurer que les pellicules ne soient pas exposées à la lumière lors des contrôles aux checkpoints ou à l’aéroport.

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