L'histoire étonnante de Michel-Jack Chasseuil, le plus grand collectionneur privé au monde

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Dans la cave d’une maison de La Chapelle-Bâton, dans les Deux-Sèvres se niche un véritable trésor estimé à… 50 millions d’euros. Un montant qui pourrait paraître anodin pour certains, sauf lorsque l’on sait que ce fils de facteur a commencé sa collection avec quatre caisses de Petrus 1982.

Contrairement à ses amis qui s’ennuient et qui attendent d’aller à l’Ephad, comme il le dit lui-même, Michel-Jack Chasseuil a encore des projets. À 80 ans, engoncé dans un gilet, l’œil rieur et frétillant, il nous emmène dans le prolongement de 400m2 qu’il a fait construire pour sa cave, et désormais rangé sa précieuse collection. Plus de 50 000 bouteilles – dont 5000 spiritueux – y sont aujourd’hui exposées. Pourtant, rien ne prédestinait ce fils de facteur ayant démarré comme chaudronnier chez Dassault en 1963, à travailler 56 heures par semaine pour 390 francs, à devenir le dépositaire de la plus prestigieuse collection de vin privée au monde.

Le virus du collectionneur, Michel-Jack l’a attrapé avant celui du vin. Timbres, pièces de monnaie romaines, buvards de publicité… Né en 1941, il se souvient des jours de l’an où son père sortait une bouteille pour fêter l’arrivée d’une nouvelle année. Mais son premier contact avec les spiritueux remonte au service militaire. Démobilisés, ses parents lui conseillent d’aller à Paris et de ne pas revenir dans les Deux-Sèvres de son enfance. Embauché chez Dassault, il est repéré pour devenir dessinateur industriel. En 1967, on lui offre l’opportunité qui va le lancer dans le grand monde. Comme le général de Gaulle exigeait des expatriés de la fonction publique qu’ils parlent anglais, il repère un poste en Afrique du Sud afin de construire des avions avec Atlas Corporation.

De la Tour d’Argent au Georges V

Dans la foulée, Michel-Jack Chasseuil épouse sa fiancée, et choisit une maison parmi toutes celles proposées par sa compagnie, où il reste de 1968 à 1970. À son retour, Dassault lui propose de devenir directeur des ventes à l’étranger. Bilingue en anglais, il commence à accompagner les clients dans les grands restaurants, parmi lesquels la Tour d’Argent ou le Georges V. Là, il a alors l’occasion de goûter à tous les plus grands vins. MargauxPetrusHaut-Brion… Trop occupé à travailler, il ne voit pas que sa femme lui échappe, et finit par le quitter. Michel-Jack élève alors son fils Jérémy, et le vin prend progressivement une place de plus en plus importante dans sa vie. Mais pourquoi celui qui prétend avoir «tout bu» entasse-t-il des milliers de litres des meilleurs vins et spiritueux du monde sans les boire ? Michel-Jack n’aime pas cette question. Car pour lui, ce vin appartient désormais au patrimoine de l’humanité.

À partir de 1975, il comprend qu’il n’aura pas une grosse retraite, et commence à collectionner les bouteilles. Marcel Dassault lui conseille : «N’achetez que ce qui, un jour, ne se trouvera plus». En 1982, il reçoit une prime de 10 000 francs, et achète quatre caisses de Petrus. Une bouteille qui vaut aujourd’hui la coquette somme de 5 000 euros, le calcul est vite fait. Progressivement, il envoie des caisses de vins prestigieux chez ses parents, dans son village de la Chapelle-Bâton, dans les Deux-Sèvres. En 1989, il saisit une opportunité, quitte Dassault avec un chèque de 500 000 francs, et se consacre à cette passion dévorante. Malin comme un singe, il s’arrange pour trouver les bouteilles manquantes à sa collection, se créant des amis un peu partout. En 1997, apprenant que le conservateur des anciennes caves du Tsar Nicolas II en Crimée doit se rendre à l’Élysée, il demande à lui parler, l’invite chez lui, et se rend ensuite en Ukraine, jusqu’à l’annexion russe. Il réussit à négocier et à acheter des bouteilles, qu’il ramène secrètement en France.

Le meilleur du meilleur

À partir de là, Michel-Jack recherche le meilleur vin, de la meilleure production, et de la meilleure année. Et l’on peut dire qu’il a eu du nez en investissant dans des bouteilles dont les prix ont explosé. Une intelligente spéculation à l’origine de cet incroyable trésor. 
Son plus ancien vin ? Un Yquem 1811. Son plus cher ? Une Romanée-Conti 1945. Il a tous les Petrus depuis 1914, la quasi-totalité du XIXème d’Yquem et tous les bons millésimes des plus grands crus, Margaux, Mouton… Dans sa cave, exposées sous verre, des bouteilles de la cave d’Alain Delon, de Tabarly, de Maurice Chevalier ou même de Hitler. Deux autres trésors se nichent au fond de son futur musée, parmi lesquels Le Constantia, le vin que buvait Napoléon à Sainte-Hélène, sans oublier la pièce maîtresse de sa collection : une bouteille de champagne Marie Brizard, rescapée du naufrage du Titanic, dans lequel flottent encore des paillettes dorées.

Malgré la véritable mine d’or qui se cache sous ses pieds, Michel-Jack Chasseuil vit modestement, dans sa maison de la Chapelle-Bâton. En 2014, un groupe d’hommes le séquestre chez lui, lui tordent les doigts, l’insultent, mais il refuse obstinément de donner le code, un fait d’armes dont il n’est pas peu fier. Et pour cause : un milliardaire chinois qui voulait racheter sa collection l’a évaluée à 50 millions d’euros. Afin d’éviter de nouvelles surprises, des caméras et des alarmes sont disposées un peu partout autour de chez lui. Encore aujourd’hui, le collectionneur veille sur son trésor, et affirme qu’il sera toujours là en 2041… avec encore de nouveaux projets. Et devinez ce qu’il nous aura été donné de goûter ? Du thé.



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