Les pieds s’enfonçant dans le sable du sentier qu’empruntaient autrefois les bergers et leurs bêtes pour gagner les prés-salés, la tête sous les branches de pins et de feuillus, les deux hommes se transforment en quelques instants. Là, au cœur de la baie de Somme, Jean Boucault et Johnny Rasse recouvrent leurs simples habits – une chemise blanche pour le premier, un polo noir pour le second – d’une parure de plumes invisibles. Disposant savamment leurs mains dans la bouche, ces deux quadragénaires, enfants du pays, délaissent le langage des humains pour celui des oiseaux.
Au son de leurs imitations, ils font surgir un pigeon ramier, une mésange charbonnière, ou encore un pinson. « On n’est pas tout seuls », se réjouit Jean, les yeux rivés vers le ciel, trop rarement bleu en ce mois de juin. Très difficiles à repérer pour les néophytes, tous ces volatiles composent pourtant une symphonie aux oreilles connaisseuses du duo.
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