Jean d'Arthuys acquiert le château de Vinzelles dans le Mâconnais

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EXCLUSIF – Déjà propriétaire du domaine de Terrebrune, à Bandol, l’ex-homme de télévision vient d’acquérir le Château de Vinzelles, en appellation Pouilly-Vinzelles, à Vinzelles, en Saône-et-Loire.

Jean d’Arthuys débarque à peine de son bateau avec lequel il vient de réaliser l’Ocean Globe Race – une course autour du monde en équipage à laquelle il a terminé en troisième position –, et il acquiert un château dans le Mâconnais. Un très bon choix. Pour un investisseur qui lorgne sur la Bourgogne, à quoi bon essayer d’acquérir une propriété en Côtes-de-Nuits – où le prix de l’hectare peut atteindre plusieurs dizaines de millions d’euros – quand le Mâconnais produit des vins excellents sur des terroirs de grande qualité ? Car l’avenir de la Bourgogne est au sud de la Bourgogne dans ces appellations dont les amateurs raffolent : MercureyGivrySaint-VéranMâcon-VillagesPouilly-FuisséPouilly-Loché et Pouilly-Vinzelles. D’ailleurs, les grandes maisons de négoce de Beaune, qui n’ont pas la réputation de s’engager à l’aveuglette, y sont déjà installées.

En outre, à la qualité du terroir, le château de Vinzelles ajoute le prestige de son patrimoine culturel. La maison forte qui trouve son origine au Xe siècle, construite à flanc de colline, est inscrite au titre des monuments historiques, comme le château de Layé – maison noble du XIIIème siècle, rebâtie au XVIIème par Claude de Bullion, surintendant des finances de Louis XIII –, qui appartient au même domaine. Les deux édifices ne manquent pas d’allure.

Le château de Vinzelles
SDP

Le vignoble du domaine, propriété de la même famille depuis le XVIe siècle, s’étend sur 17 hectares de vignes de chardonnay d’un seul tenant en appellation Pouilly-Vinzelles, dont une partie en 1er cru, situé autour du château de Vinzelles et des bâtiments d’exploitation. Il recouvre plus de 30% de cette appellation du Mâconnais qui regroupe 53 hectares de vignes, une douzaine de vignerons, et autorise la production de vins blancs à partir de chardonnay.

Le château de Vinzelles
SDP

Le Figaro Vin – Après plusieurs mois en mer, le retour sur le plancher des vaches n’est pas trop dur ?

Jean d’Arthuys – Une course autour du monde, c’est très dur. On est coupé du monde. Je n’ai pas eu de portable pendant 8 mois. La nature est hostile, mais cela correspond à une certaine pureté. Quand on revient, quand on se trouve confronté au monde actuel, on perçoit un contraste terrible entre l’hostilité de la nature, qui est acceptable et belle, et l’hostilité de ce monde qui est autrement plus pénible, je trouve…

Vous avez fait l’acquisition d’un domaine en Bourgogne. Vous vous intéressez depuis longtemps à la région ?

Oui. C’est une vie parallèle à ma vie professionnelle, c’est une passion qui m’anime depuis longtemps. En 20 ans, j’ai visité énormément de propriétés. Le château de Vinzelles, comme d’autres, je le connaissais depuis longtemps. Et puis il y a eu une succession familiale. Ici, le domaine était dans la même famille depuis des siècles et il y avait une vingtaine d’associés propriétaires du domaine. Ils ont décidé de me le vendre. Même si certains voisins bourguignons souhaitaient eux aussi acheter ce domaine. Cette propriété, c’est vraiment une petite pépite. Le château compte une cinquantaine d’hectares, dans une micro-appellation. Il s’agit d’un gros défi parce que la propriété n’a pas forcément toujours été suivie de très près, comme toutes les indivisions de cousins et cousines qui gèrent comme ils peuvent. Mais c’est vraiment une pépite. Le bâti est extraordinaire. Il y a deux châteaux, dont celui de Vinzelles, une maison forte construite en 1007. Une cuverie fut ajoutée au 17e. Et il y a un deuxième château typiquement bourguignon, rectangulaire. Les deux sont reliés par la cuverie où est fait le vin. Il y a là toutes les cuves de fermentation et de vieillissement et il y a deux pressoirs qui sont classés et qui comptent parmi les deux plus vieux pressoirs de France. Ce sont des pièces de musée. Et puis, tout autour, il y a cette vigne de 17 hectares d’un seul tenant.

L’appellation n’accepte que le chardonnay…

Absolument. C’est donc 100% chardonnay, avec une partie qui vient d’être classée en premier cru. Le château est situé sur une colline à 300 mètres d’altitude. Cela permet de garder une certaine fraîcheur. C’est exactement à côté de la Roche de Solutré, des massifs calcaires de la Bourgogne du Sud. Le château est posé sur une sorte de pic avec une vue sur toute la plaine du Mâconnais. On voit le Mont Blanc à 200 km quand il fait beau.


Il est vrai que j’ai eu la main qui tremblait un peu lors de l’acquisition.

Jean d’Arthuys

Quand on dit que l’avenir de la viticulture est lié à la production de vin blanc, cette acquisition ne tombe-t-elle pas à point nommé?

Depuis que j’ai racheté le château, je ne vois que des articles épouvantables sur l’avenir du vin. Il est vrai que j’ai eu la main qui tremblait un peu lors de l’acquisition. J’avais perdu le fil de l’actualité du vin pendant cette année de course et depuis que je suis rentré, j’ai l’impression que le monde du vin rentre dans une crise forte. Pour beaucoup de raisons et à commencer par la déflagration à Bordeaux, qui va sans doute s’étendre vers la Bourgogne. Plus que jamais, je pense que le vin est un marché très difficile et j’inclus à mon propos les vins premiums. C’est un marché très difficile et si on veut gagner de l’argent. Ce n’est pas dans ce secteur qu’il faut placer son argent. Et je le savais déjà en y allant.

Une propriété doit-elle être une danseuse?

Non, absolument pas. Et je n’en ai pas les moyens. Je pense que dans ce marché qui est plutôt déclinant, l’avenir est plus favorable au moins et au meilleur. Ce qui est vrai pour le vin est vrai pour beaucoup de choses, mais je pense que la place des vins de qualité et notamment des vins de terroir, est renforcée. Si on se projette à 10 ou 20 ans, je crois qu’il y a plus d’avenir pour les vins qui ont une vraie identité. Il y aura toujours des gens qui seront prêts à payer 30 ou 40 euros pour ces bouteilles-là.

Vous avez acquis le domaine de Terrebrune. Maintenant vous êtes aussi propriétaire du château de Vinzelles. Quelle est votre stratégie à long terme ?

J’ai constitué un circuit de distribution assez performant pour Terrebrune, avec un système d’agents en France et d’importateurs à l’export. Ce réseau est aujourd’hui capable de commercialiser plusieurs domaines. Ensuite, l’avenir sera lié à mes goûts personnels. Je n’achète que des propriétés que j’aime beaucoup. Ce n’est pas une stratégie mécanique et financière, c’est une affaire de goût, de sites, parce que je suis très sensible à la beauté des lieux. Il y a beaucoup de domaines à vendre qui ne sont pas forcément dans de très beaux lieux et ils m’intéressent moins. Il faut faire rêver les gens. Que ce soit à Terrebrune aujourd’hui ou demain à Vinzelles, l’idée est d’accueillir beaucoup de gens, de leur proposer une expérience viticole et de dégustation, mais aussi de passer un moment dans un endroit superbe. Mes domaines sont des univers pour des gens qui ont du goût, qui ont envie de passer un bon moment, de manger, de boire un bon vin avec un bon déjeuner. Dans notre stratégie, il y a cette idée de complémentarité des régions, de réseaux de distribution communs et de collection de très beaux lieux associés à des pépites viticoles.

Est-ce que Bordeaux vous intéresse ? Est-ce que vous oseriez miser sur un domaine bordelais ?

Aujourd’hui, je serais très prudent parce que je ne vois pas très bien ce que je pourrais apporter de plus à ce que font déjà très bien les grands. Beaucoup de gens font déjà très bien de très bons Bordeaux et ils n’y arrivent pas en termes économiques. Moi je ne vois pas ce que je pourrais faire de mieux. J’ai failli acheter un domaine à Saint-Estèphe il y a 10 ans, un cru bourgeois exceptionnel. Et heureusement, à la dernière minute, le jour de la signature, cela ne s’est pas fait. Aujourd’hui, ladite propriété ne vend plus une bouteille. Avec 10 000 étiquettes à Bordeaux, comment peut-on exister ? C’est pour cela que j’ai toujours préféré essayer d’exister, en étant sur le podium d’une petite appellation moins connue, comme Bandol ou comme Pouilly-Vinzelles. Je trouve que c’est un challenge beaucoup plus amusant, avec plus de chance d’y arriver parce que ce sont des vins qui ne laissent pas indifférent, qui ont une identité.

Si vous deviez choisir entre le vin et la voile, quel domaine l’emporterait ?

Il y a énormément de similitudes entre les deux domaines. Il y a un rapport au temps qui oblige parfois à freiner, à descendre du manège. C’est un exercice mental très intéressant. Quand tu fais pendant 8 mois le tour du monde à 8 nœuds de moyenne, il faut avoir une ressource intérieure importante. Le vin, c’est pareil. Tu ne peux pas aller plus vite que la musique. Et la deuxième chose, c’est le rapport à la nature. Nul ne peut forcer l’océan et personne ne peut forcer la vigne. Quand on essaie de naviguer et qu’il n’y a pas de vent, on est complètement impuissant. On devient fou au sens propre car on sent qu’on va perdre la course. De la même façon, la récolte de cette année en Bourgogne va être terrible. Grêle, mildiou… Il n’y a pas un truc qui n’est pas tombé sur la Bourgogne, comme en Champagne ou à Bordeaux. Mais tu ne peux rien faire, tu es impuissant. Donc il faut accepter, il faut gérer, il faut essayer de faire mieux l’année d’après. Ce rapport à la nature est passionnant parce qu’il t’oblige à essayer de s’améliorer. Et puis le troisième élément commun entre la voile et le vin, c’est la passion et l’expertise. Pour une équipe navigante ou une équipe qui fait du vin, c’est déterminant. Ce sont des gens qui sont en général passionnés, donc très attachants et très exigeants, parfois difficiles. Mais ce sont des gens que je respecte beaucoup et avec lesquels j’aime vivre.



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