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Jean-Baptiste de Vathaire : « Deux millions d’étudiants peuvent accéder gratuitement à Cairn»

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Jean-Baptiste de Vathaire est le directeur général de Cairn.info. Ce portail de publication scientifique, majoritairement centrée sur les sciences humaines et sociales et depuis peu sur les sciences la technique et la médecine, regroupe des articles préalablement publiés dans des revues scientifiques, et qui sont diffusées en ligne. Ce site essentiellement francophone compte un million d’utilisateurs dans le monde.

LE FIGARO ETUDIANT- Quel est l’intérêt de Cairn pour les étudiants ?

Jean-Baptiste de VATHAIRE- Les étudiants l’utilisent surtout pour la rédaction de leurs mémoires ou de leurs thèses. Avant, ils étaient obligés de se rendre dans la bibliothèque de leur université, et de remplir une fiche pour qu’on leur sorte un livre qu’ils ne pouvaient consulter que quelques jours avant de devoir le rendre. Là, sur le portail, l’accès est instantané, et la recherche d’articles sur des thématiques précises est facilitée par l’ergonomie, l’interface, et le moteur de recherche interne du portail. Les utilisateurs sont composés à 15 à 20 % de chercheurs et d’universitaires, à 60 à 70 % d’étudiants de 1er et 2e cycle, et à 10 à 25 % de professionnels exerçant dans le domaine de la psychologie, de l’économie, de la gestion ou du droit.

Est-ce que l’accès au portail est payant pour les étudiants ?

Alors disons tout d’abord que tout le monde peut s’inscrire gratuitement sur le site, et nous avons actuellement environ un million d’utilisateurs qui se sont enregistrés. Ensuite, pour l’accès aux articles, les étudiants bénéficient généralement de l’abonnement souscrit par leur université. Deux millions d’étudiants peuvent accéder gratuitement à Cairn, car 2000 facultés françaises sont déjà abonnées.

S’il s’agit d’un abonnement individuel, comme ceux que peuvent souscrire les professionnels, le coût est de 180 euros par an. Pour les universités, tout dépend du “bouquet” d’abonnements qu’elles ont choisi, c’est-à-dire du nombre de revues auxquelles elles veulent souscrire, et du nombre de leurs étudiants. Le prix peut alors varier de 4 000 à 40 000 € par an environ. Et les universités s’y retrouvent, car nous leur livrons les statistiques de consultation, et elle s’aperçoit alors qu’à chaque fois qu’un étudiant a consulté un article, ça ne leur a coûté que quelques centimes d’euros.

 

Au tout début, quatre éditeurs on rejoint le projet, et le portail a été lancé en 2005

 

Comment avez-vous créé Cairn ? D’où vient ce mot ?

Tout est parti d’une idée de Marc Minon, un professeur de l’université de Liège, à qui l’éditeur scientifique De Boeck avait demandé, à la fin des années 1990, une expertise sur la diffusion de revues scientifiques sur Internet. Sa conclusion était qu’il fallait favoriser une approche regroupant un grand nombre d’éditeurs, et qu’il fallait que ces éditeurs soient francophones, pour favoriser la diversité de la production scientifique Je l’ai donc rencontré, et nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il fallait proposer du contenu riche, de qualité et bien structuré. Au tout début, quatre éditeurs ont rejoint le projet, et le portail a été lancé en 2005. Ensuite, d’autres éditeurs ont fait de même, et de nombreuses universités ont souscrit un abonnement. En 2012 nous avons ouvert le portail à d’autres types ouvrages, comme la collection Que sais-je, ou des magazines (Pour la science, Cerveau & psycho, Le monde de la Bible, etc.)

Un “cairn”, c’est une sorte de pyramide de pierres créée par des alpinistes ou des randonneurs, comme point de repère dans un sentier de montagne. Donc nous aimions bien cette idée de pierres qui s’imbriquent les unes dans les autres, pour servir de points repères dans la transmission de la connaissance.

Quel a été votre parcours avant de fonder Cairn ?

J’ai d’abord fait des études de lettres en hypokhâgne puis en khâgne, et après avoir tenté le concours de l’École normale supérieure, j’ai fait un Master 2 Lettres et sciences de l’information. J’ai ensuite travaillé dans des imprimeries, les arts graphiques et l’édition: j’ai par exemple été directeur technique des imprimeries des Presses universitaire de France, tout en m’intéressant assez tôt à l’informatique, puisque j’ai monté moi-même mon premier IBM PC. J’ai ensuite développé des solutions de conversion de formats de fichiers et, en 1999 j’ai lancé un des premiers ebooks, avec la société américaine Gemstar, pour laquelle je m’occupais de l’opérationnel pour l’Europe. C’est en 2003 que j’ai commencé à réfléchir au projet Cairn, qui a donc été lancé en 2005.

 

L’intelligence artificielle tend à nier l’aspect humain et critiquable de la production humaine de connaissance, au point que certains utilisateurs ont plus confiance quand un texte produit par une machine, que lorsqu’il est produit par un être humain

Jean-Baptiste de Vathaire

Comment voyez-vous l’avenir de la diffusion de la connaissance ?

Je crois que l’enjeu principal, c’est la perpétuation de la rencontre entre l’auteur et le lecteur. Il est vrai que l’intelligence artificielle tend à s’interposer entre eux et, surtout, prétend remplacer la connaissance. Or, la connaissance c’est forcément quelque chose de “sale”. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas une notion “pure” immaculée et absolue. La connaissance c’est une activité avant tout humaine, qui n’est donc jamais exempte d’impuretés, d’a priori, de parti pris, de scories, voire d’erreurs. La connaissance progresse précisément parce que les connaissances sont sans cesse remises en cause. Or l’intelligence artificielle tend à nier l’aspect humain et critiquable de la production humaine de connaissance, au point que certains utilisateurs ont plus confiance quand un texte produit par une machine, que lorsqu’il est produit par un être humain. Et ce parce qu’en apparence, elle est lisse, cohérente, bien écrite, “propre”. L’enjeu est donc le suivant : l’IA ne doit pas détourner les lecteurs de textes humains en produisant des résumés ou des agrégats, mais elle aura un impact positif si elle est mise au service de la «découvrabilité» de textes humains. L’IA risque d’homogénéiser la connaissance, alors que celle-ci, pour vivre, a besoin de diversité.

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