Italie : la suppression du délit de favoritisme indigne la gauche et les magistrats

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Gauche et magistrature en Italie ont dénoncé ce jeudi la suppression par les députés de la majorité ultraconservatrice du délit de favoritisme, dans un pays où les marchés publics servent de lessiveuse à l’argent sale de la mafia. Cette suppression du délit de favoritisme pourrait encourager davantage la corruption. La réforme a été portée par Forza Italia (parti de droite), le parti de l’ex-chef du gouvernement et milliardaire Silvio Berlusconi, décédé en 2023, dont les affaires ont été entachées du soupçon d’influences mafieuses.

Les promoteurs de la suppression du délit de favoritisme avancent que l’article 323 du Code pénal (qui punit l’abus de fonction) sanctionnant l’attribution frauduleuse de marchés publics pesait comme une épée de Damoclès au-dessus des élus qui n’osaient plus engager d’investissements. Ils font également valoir que 80 % des procédures judiciaires étaient abandonnées, tandis que les personnes mises en cause subissaient durablement l’opprobre, l’humiliation publique et le soupçon, broyées par une justice parmi les plus lentes d’Europe.

 

Outre Forza Italia, Fratelli d’Italia et la Ligue, les deux partis de la coalition de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni ont voté la réforme, de même que trois formations centristes (+ Europa, Azione et Italia Viva).

« Impunité pour les cols blancs, honte à vous »

Le Parti démocrate, le Mouvement Cinq Étoiles et l’Alliance Verts-Gauche ont voté contre. Ils dénoncent, dans le même texte, la réduction du champ du délit de trafic d’influence et la limitation des écoutes téléphoniques (hors terrorisme et mafia). Mercredi à la chambre, des députés de l’opposition ont brandi des affiches sur lesquelles était écrit : « Impunité pour les cols blancs, honte à vous ».

 

L’ancien procureur national antimafia Federico Cafgiero De Raho a déploré, dans le quotidien de référence Il Corriere della Sera, que « le citoyen qui ira porter plainte pour dénoncer une infraction aux règles d’appel d’offres, ou le contournement des listes d’attente à l’hôpital ou l’autorisation illégale accordée à son voisin pour construire là où il n’en a pas le droit, ne sera plus protégé par la loi ».

Il explique aussi que lorsqu’il était procureur en Calabre (au sud de l’Italie), « les maires nous disaient que grâce au délit de favoritisme, ils pouvaient dire non à la ’Ndrangheta », la mafia locale. « Ils leur disaient qu’ils ne pouvaient enfreindre les règles, que sinon ils seraient condamnés », a-t-il souligné.

Face à ces critiques, Mariastella Gelmini (Azione), ex-ministre de Silvio Berlusconi, assure que « les comportements illicites continueront d’être poursuivis, les instruments du Code pénal existent ».

Ce n’est pas la seule révision décriée par l’opposition, vent debout contre d’autres réformes poussées par le gouvernement. Parmi elles, l’élection au suffrage universel du Premier ministre, qui renforce selon les partis d’opposition l’arbitraire de l’exécutif et dévitalise le Parlement. De plus, ils fustigent l’élargissement de l’autonomie des régions, qui risquerait de creuser les inégalités entre le nord, riche, et le sud, plus pauvre, du pays.

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