Indochine présente son nouvel album Babel Babel, toujours engagé

Après une tournée XXL dans les stades, Indochine livre samedi Babel Babel, double opus combatif dont l’essentiel des titres a été dévoilé par le groupe mené par Nicola Sirkis lors d’un concert intimiste, diffusé vendredi sur TMC. «C’est super risqué ce qu’on fait, car vous ne connaissez aucun titre… J’espère que ça plaira !», balance Sirkis, total look noir et tignasse argentée, au comité de fans à quelques mètres de la scène, leurs oreilles grandes ouvertes pour découvrir l’essence de ce 14e album studio.

Car, une fois n’est pas coutume, le groupe pop rock à la solide popularité et aux engagements affirmés a décidé de passer par la magie du live pour délivrer dix des 17 titres de ce double album, en faisant gagner des places à quelque trois cents personnes, venues de France et de Belgique. Ce Babel show a été enregistré mercredi soir à Roissy-en-France (Val-d’Oise), dans une salle aux allures extérieures de hangar logistique survolé par les avions, avant une diffusion prévue vendredi à 21h25 sur TMC, veille de la sortie officielle de l’album. Le cadre était beaucoup plus intimiste que leurs derniers shows dans des stades – jusqu’à 97.000 personnes au Stade de France – avec scène immense, tour centrale et écran à 360 degrés.

Les guerres, leur combat 

De tour, il en est pourtant à nouveau question dans ce nouvel opus car Indochine, jamais avare de références, s’attaque cette fois au mythe de la tour de Babel, réflexion biblique sur la vanité humaine, transposée dans un monde actuel marqué par le vacarme et les conflits.

Pour preuve, Ma vie est à toi évoque la guerre en Ukraine, déclenchée par l’invasion de la Russie en février 2022, tandis que Le chant des cygnes , titre déjà disponible, encourage les femmes à résister pour leurs libertés en Iran. «Les salauds, les héroïnes / Des guerrières, des orphelines / A l’assaut des tombeaux / C’est le coeur, le chant des cygnes / Sois forte, plus forte encore», entonne avec force Nicola Sirkis.

Des morceaux sonnent aussi comme des hommages, à l’image du titre sans équivoque Sanna sur la croix, dédiée à l’ancienne Première ministre finlandaise Sanna Marin. Cette sociale-démocrate très populaire, qui a dirigé le gouvernement pendant trois ans et demi jusqu’en 2023, a notamment eu des prises de position fermes face à la Russie, rompant avec la neutralité historique de son pays. Ces thèmes ne sauraient se défaire d’autres valeurs piliers du groupe que sont l’amour, l’espoir, la solidarité, le tout enveloppé dans la poésie des riffs de guitares.

Initiation au style électro-reggae

Indochine glisse aussi parfois vers d’autres sonorités, s’essayant au style électro-reggae (La belle et la bête) et signant surtout deux morceaux symphoniques enregistrés aux AIR Studios à Londres (Le garçon qui rêve et Seul au paradis).

Le tout a été mixé par Mark Spike Stent, ingénieur du son britannique reconnu pour ses collaborations avec Beyoncé, Madonna, Coldplay… et déjà Indochine, une quarantaine d’années plus tôt, sur l’album Le Péril jaune (1983) où il avait officié comme assistant-réalisateur.

Au Babel Show, les fans apprécient le moment et pointent «l’univers» musical d’un groupe qui a su se renouveler pour durer. «Ils fédèrent. Dans les concerts, il y a plein de générations, les anciens et les plus jeunes», constate Olivier Michel, 52 ans, venu de Rennes avec sa fille de 21 ans.

«Ils prônent le respect des autres, le fait d’être égaux. Moi qui ai grandi avec ça, ça m’a rendu plus tolérante», confie aussi Charline Videau, artiste photographe âgée de 33 ans. Nourris de cette énergie, Nicola Sirkis, Oli de Sat, Marc Eliard, Boris Jardel et Ludwig Dahlberg – moyenne d’âge 56 ans – ont déjà annoncé une tournée en France, à partir de début 2025.