Ils s’inquitent de l’extrme-droite en France et l’applaudissent en Tunisie

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Vous connaissiez le Kaïs Saïed justicier, mû d’une mission messianique pour sauver la Tunisie, voire l’humanité entière, voici le Kaïs Saïed écolo, soucieux du bien-être environnemental des Tunisiens. Ou des Tunisois plutôt. Jeudi dernier, sur terrain, il s’est occupé des décharges et des plantes de la capitale, suite à quoi il a limogé un certain nombre de directeurs de la municipalité de Tunis, après avoir constaté un nombre de défaillances.

Samedi, il est allé faire un tour du côté d’El Manar (quartier chic de Tunis) et a constaté qu’un tuyau de la Sonede fuitait, causant de grosses pertes d’eau potable. Dimanche, il diligente une enquête, suite à laquelle il décide le limogeage du chef du district de la société publique des eaux.

Première question, l’État a-t-il donné tous les moyens matériels et humains à ces directeurs limogés pour mener à bien leur travail ?

Deuxième question, qui a limogé la maire de Tunis, ainsi que tous les autres maires élus du pays, laissant du coup ces institutions sous hiérarchie (insupportable) des gouverneurs ?

Troisième question, Tunis n’a pas de maire, comme les autres, mais elle n’a pas de gouverneur non plus. Sur les 24 gouvernorats du pays, il y a neuf qui fonctionnent sans gouverneur. Qui est derrière toutes ces vacances de postes ?

Quatrième question, à quel moment le président de la République a délaissé les problématiques nationales dont il parlait avec véhémence après le 25-Juillet (comme la lutte contre la corruption et la spéculation, la cité sanitaire de Kairouan, le TGV, les 13,5 milliards d’argent dérobé) pour s’occuper lui-même, y compris le week-end, de sujets dépendant de sous-fonctionnaires ?

Laissons de côté ces questions stupides et savourons le moment de découvrir notre nouveau Kaïs Saïed écolo. S’il continue sur ce chemin, et grâce à sa clairvoyance et son imagination débridée, la Tunisie retrouvera son nom de « Tunisie verte », avec de l’énergie verte et gratuite partout (bien fait pour la gueule de la Steg), des véhicules électriques, des panneaux solaires sur tous les toits et au-dessus des montagnes (comme en Chine où il est allé récemment), des jardins publics fleuris…

En faisant de l’activisme environnemental, le probable futur candidat à la présidentielle gagnera haut la main les voix des écolos à l’élection d’octobre prochain.

Maintenant, il faut savoir, et c’est la dernière question, combien la Tunisie compte-t-elle d’écolos ?

Au vu des réactions sur les réseaux sociaux, hier dimanche 30 juin 2024, aux législatives en France, les Tunisiens seraient majoritairement de gauche, des écolos et des antifascistes jusqu’à la moelle.

Ils décriaient la montée de la méchante extrême-droite française qui a raflé la mise avec plus de 33% des voix. Ils étaient scandalisés que le Rassemblement national (RN) propose l’exclusion des binationaux français de hauts postes stratégiques dans certaines fonctions de l’appareil de l’État. Ils s’interrogeaient sur les visas et la nouvelle politique de l’immigration que pourrait mettre en place le RN. En bref, ils s’inquiétaient de ce qui se passait en France, comme s’ils y vivaient.

Dans cette effervescence observée sur les réseaux sociaux dimanche soir, il y a cependant beaucoup d’hypocrisie. Nos compatriotes s’inquiètent de ce qui se passe en France, mais sont en revanche aux abonnés absents quand les mêmes faits qu’ils reprochent à l’extrême-droite française se passent en Tunisie.

Bien avant que le RN propose l’exclusion des binationaux de certains postes stratégiques, la Tunisie a interdit aux binationaux (ainsi qu’aux non-musulmans) la présidence de la République. Cela a été inscrit dans le marbre de la constitution de 2014, présentée comme la meilleure constitution au monde.

Bien avant que le RN propose l’exclusion des binationaux de certains postes stratégiques, la Tunisie a interdit aux binationaux de se présenter aux élections législatives. Cela a été inscrit dans le marbre de la nouvelle constitution de 2022 qu’a rédigée tout seul notre nouvel écolo Kaïs Saïed.

Le RN considère que certains Français sont des sous-citoyens, indignes de certains postes, mais la Tunisie de la troïka et de Kaïs Saïed a bien devancé le parti français d’extrême-droite, il y a dix ans de cela déjà.

Quelles ont été les réactions des Tunisiens face à ces textes fascistes qui divisent nos compatriotes en sous-catégories, juste parce qu’ils ne croient pas à la même religion que la majorité ou parce qu’ils ont un parent d’une autre nationalité ?

Concernant l’immigration, cheval de bataille de tous les temps de l’extrême-droite française, les Tunisiens n’ont pas beaucoup à envier aux fascistes français.
Les subsahariens transitant ou résidant illégalement en Tunisie sont considérés comme des sous-hommes. Ils ont été pourchassés, harcelés, jetés en plein désert. Il y a eu des phrases assassines odieuses et honteuses jusqu’au plus haut sommet de l’État.

Les ONG aidant les migrants sont poursuivies en justice, accusées d’infâmies et certains de leurs dirigeants croupissent actuellement en prison.

Sonia Dahmani, une des rares voix qui a dénoncé ce fascisme ambiant dans le pays s’est retrouvée en prison.

Des centaines, voire des milliers, de textes racistes et haineux ont été publiés sur les réseaux sociaux, sans que jamais la justice n’ait bougé le petit doigt pour faire taire ces fachos sans complexe.

Le constat est amer et indéniable, il n’y a pas de différence entre la politique prônée par le RN français et celle pratiquée en Tunisie depuis des années.

Les Tunisiens décrient cette nouvelle France qui tourne le dos à ses valeurs et vote RN, mais oublient de balayer devant leurs portes !

Ils s’inquiètent de la future politique répressive en France contre les migrants, mais applaudissent celle déjà pratiquée en Tunisie.

Ils crient au scandale quand le RN prononce une phrase assassine, mais likent les publications fascistes de leurs compatriotes.

La détention affligeante de Sherifa Riahi, Saadia Mosbah, Sonia Dahmani et d’autres dirigeants d’associations d’aides aux migrants ne leur dit rien.

La discrimination ciblant nos binationaux ne leur signifie rien.

Le fascisme ambiant en France n’est pas pire qu’en Tunisie, loin s’en faut. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Le fascisme n’est pas plus noir non plus.

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