« Il faut d’urgence insuffler un esprit start-up dans la santé »

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Ces Jeux olympiques ont été merveilleux. Une réussite totale, en grande partie liée aux investissements de l’Etat dans des programmes ambitieux. Le sport est un investissement individuel et collectif et il est la base d’une bonne santé. Qu’importe plus que la santé ? Quel autre capital réel relie chacun d’entre nous ? Or, la santé en vient à être un pur objet de consommation, dont le patient lambda ne comprend pas la valeur. Le corps médical n’aide pas beaucoup : pourquoi ne pas dire à un patient à sa sortie : « Vous payez à peu près zéro, mais vous avez coûté 120 000 euros à la société ? »

Cette santé sans valeur perçue se répercute aussi sur les donations : où sont les investissements des milliardaires français et leurs projets pro bono ? Pas dans la santé, à part la Fondation Bettencourt-Schueller, qui aide la science. La philanthropie de la santé, partagée par à peu près tous les milliardaires américains, n’existe pas de ce côté-ci de l’Atlantique. Le paiement à l’acte a fini par achever ce système de santé, créant des disparités de rémunération sans aucun sens, où un acte esthétique banal peut valoir plus qu’une biopsie compliquée. Dans ce contexte, pourquoi chercher à devenir cancérologue à l’hôpital public sans possibilité d’avoir un cabinet privé quand on peut être dermatologue en ville et gagner cinq fois plus ?

Des check-lists pour les patients aux urgences

Les hôpitaux sont gérés par des administratifs, qui n’y comprennent pas grand-chose : quand les médecins s’en mêlent, comme dans les centres de lutte contre le cancer, Gustave-Roussy, à Villejuif, ou Léon-Bérard, à Lyon, alors l’innovation, souvent, réapparaît. Les locaux des hôpitaux et des centres de recherche sont vétustes et souvent moches, les chambres de garde dignes des pires hôtels de Detroit (Michigan), la nourriture des patients et des médecins catastrophique (la salade carottes râpées aux moules de l’AP-HP est même devenue culte), les ascenseurs cassés, la sécurité fantomatique (pourquoi ne pas demander à chaque visiteur de donner sa carte d’identité à l’entrée ?), le corps paramédical insuffisamment rémunéré, etc.

Les processus n’existent que trop peu − les urgences de l’hôpital Beaujon, à Clichy, qui ont travaillé il a quelques années avec le cabinet McKinsey, fonctionnant mieux que les autres. On a reproché au gouvernement de trop travailler avec les sociétés de conseil, mais il serait aisé d’affirmer le contraire en ce qui concerne la santé ! Pourquoi ne pas avoir de check-list pour un patient entrant aux urgences ? On en a bien pour les avions ! Devant une douleur thoracique traitée en urgence, peut-on continuer, à l’ère des SpaceX, Google, OpenAI, de dépendre tant du savoir/temps/organisation d’un médecin ? Ne veut-on pas réduire le différentiel de compétence entre chaque médecin, à l’image du travail de l’excellent professeur Jean-Daniel Chiche et de sa fondation, qui ambitionne de faire progresser la réanimation dans le monde ? Et, d’ailleurs, quand enfin va-t-on être capable de retenir de tels talents chez nous (le professeur Chiche dirige maintenant la réanimation du CHU de Lausanne) ?

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