Hervé Le Tellier : « Mon père adoptif mettait du sucre dans les bordeaux. Autant dire que, pour le vin, je suis parti de zéro »

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Nous avons rendu visite à Hervé Le Tellier, 67 ans, dans sa demeure drômoise, à Montjoux, non loin de Dieulefit, qu’il évoque en ouverture de son dernier récit, Le Nom sur le mur (Gallimard, 176 pages, 19,80 euros), publié au printemps. La vie du romancier a changé avec L’Anomalie (Gallimard, 2020), traduit en 46 langues et écoulé à 1,5 million d’exemplaires, ce qui en fait le prix Goncourt le plus vendu de l’histoire, derrière L’Amant, de Marguerite Duras (Editions de Minuit, 1984). Le Tellier est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages et de nombreuses nouvelles, au ton souvent humoristique, dans lesquels les vins et alcools sont fréquemment cités.

Un de vos premiers livres, « Sonates de bar » (Seghers, 1991), que vous publiez à 34 ans, est un recueil de 86 nouvelles proposant chacune une recette de cocktail. Dans la pièce où nous nous trouvons, dans votre maison drômoise, trône un magnifique bar entouré d’une quantité impressionnante de bouteilles d’alcool. Vous aimez donc vraiment les cocktails. Lequel préférez-vous ?

J’ai été barman à San Francisco à la fin des années 1970, un boulot de nuit dans un bar gay. J’étais le « barman français et hétéro ». J’y ai appris à concocter tous les cocktails, et cela a donné ce livre. Et puis je me suis offert ce bar massif en bois.

Pour répondre à votre question, je suis plutôt manhattan [whisky ou bourbon, vermouth et bitter]. Mais, en fait, tout dépend du niveau d’alcool que l’on attend au moment où on déguste un cocktail. Si c’est pour boire très fort tout de suite, j’opte pour un black russian [vodka et liqueur de café – à noter la variante, mentionnée dans Sonates de bar, du black italian, grappa et liqueur de café]. Si c’est pour boire doucement, ça sera un manhattan. Si tu veux y aller mollo, tu prends un mojito [rhum, eau gazeuse, citron vert, sucre et feuilles de menthe].

Je fais encore des cocktails, mais je ne bois jamais au-delà de l’état auquel je veux arriver, soit une consommation soft que j’ai adoptée quand j’étais barman. D’ailleurs, un ami médecin, en voyant mon bar, m’a dit : « On voit que tu n’es pas alcoolique parce que les alcooliques n’ont jamais autant de bouteilles pleines. »

Du coup, êtes-vous plutôt alcool ou vin ?

Plutôt vin. Parce que le cocktail correspond surtout à la soirée – en fin ou en début. Tout un repas au mojito, c’est compliqué. Le vin est plus subtil. Le vin par excellence, pour moi, est le saint-julien. Et s’il fallait en choisir un pas trop cher, donc pas un saint-julien, ce serait un haut-médoc que l’on peut trouver à moins de 10 euros. J’en profite pour dire que je ne comprends pas la désaffection actuelle pour le bordeaux.

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