Guerre en Ukraine : ce que l’on sait de l’accord secret qui aurait pu mettre fin au conflit en avril 2022

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« C’était le meilleur accord que nous aurions pu avoir ». Deux ans après, un négociateur ukrainien est encore amer : dévoilé par le quotidien allemand Die Welt, dans un article repéré lundi par Le Figaro, cet accord aurait pu mettre un terme à la guerre quelques semaines à peine après l’invasion russe.

Daté du 15 avril 2022, il prévoyait des garanties de sécurité pour Kiev en échange de la « neutralité » de l’Ukraine, mais avait finalement été enterré par les deux parties. Un lointain souvenir, alors que la situation sur le front n’a cessé de se dégrader ces dernières semaines.

Que prévoyait cet accord ?

Déjà révélé en mars par le Wall Street Journal, et évoqué en juin par Vladimir Poutine, ce projet d’accord, daté du 15 avril 2022, est issu d’un premier cycle de négociations entre la Russie et l’Ukraine. Initié quelques jours à peine après le déclenchement de la guerre, le 24 février, il avait conduit les représentants des deux parties à se rencontrer, d’abord en Biélorussie, puis en Turquie. Ces pourparlers avaient abouti à un projet d’accord le 15 avril, à un moment où l’armée russe était confrontée à une résistance imprévue de l’Ukraine.

D’une longueur de 17 pages, le document comptait 18 articles et prévoyait des garanties de sécurité pour Kiev en échange de contreparties. L’Ukraine devait ainsi renoncer de façon « permanente » à intégrer toute alliance militaire, à commencer par l’Otan, selon Die Welt. Elle ne devait jamais « recevoir, produire ou acquérir » des armes nucléaires, pas plus qu’elle ne devait autoriser la présence d’armes ou de troupes étrangères sur son territoire. L’accord ne s’opposait pas, en revanche, à l’adhésion de Kiev à l’Union européenne.

 

En contrepartie, l’Ukraine bénéficiait d’un mécanisme de sécurité, similaire à l’article 5 du traité de l’Otan, prévoyant l’intervention d’États garants à ses côtés en cas d’ « attaque armée ». Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies (la Chine, les États-Unis, la Russie, la France et le Royaume-Uni) étaient cités comme garants.

Annexée par la Russie en 2014, la Crimée était exclue de l’accord et devait ainsi rester dans le giron de Moscou. Les territoires séparatistes de Donetsk et Louhansk n’étaient pas non plus concernés, mais leur sort devait encore être tranché par Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine lors d’une rencontre au sommet. Les deux chefs d’État devaient également discuter des modalités du retrait des troupes russes d’Ukraine, et dessiner les contours de la future armée ukrainienne. Leur rencontre n’a finalement jamais eu lieu.

Pourquoi a-t-il échoué ?

Selon Die Welt, Moscou aurait posé de nouvelles exigences après les pourparlers qui se sont déroulés le 29 mars 2022 à Istanbul, en Turquie, que Kiev n’aurait pas acceptées. La Russie aurait notamment demandé que le russe soit reconnu comme la deuxième langue officielle de l’Ukraine, que les sanctions adoptées contre elle soient levées et que les procédures engagées auprès de la Cour pénale internationale soient abandonnées.

Vladimir Poutine a quant à lui attribué la responsabilité de l’échec des négociations à Kiev et à ses alliés occidentaux. « Après que nous avons retiré les troupes de Kiev, comme nous l’avions promis, les autorités de Kiev, comme le font habituellement leurs maîtres, ont jeté tout cela dans les poubelles de l’histoire », avait-il affirmé en brandissant le document lors d’une rencontre en juin avec des dirigeants africains à Saint-Pétersbourg. « Ils l’ont abandonné », avait ajouté le maître du Kremlin, dans des propos relayés par le média d’État Sputnik.

 

Le chef de la délégation ukrainienne lors des pourparlers d’Istanbul, David Arakhamia, avait pour sa part désigné Boris Johnson comme coupable. Dans un entretien avec la journaliste ukrainienne Natalia Mosseïtchouk, il avait affirmé en novembre que le Premier ministre britannique de l’époque s’était rendu à Kiev le 9 avril 2022, pour convaincre Volodymyr Zelensky de ne « rien signer du tout » avec la Russie. Une « absurdité totale », avait répondu Boris Johnson en janvier dans le Times, affirmant qu’il avait seulement « exprimé ses inquiétudes » quant à la nature de l’accord.

Où en sont les négociations aujourd’hui ?

Les négociations entre la Russie et l’Ukraine se sont poursuivies pendant plusieurs semaines après l’élaboration du projet d’accord, avant de s’interrompre en juin 2022, selon le Wall Street Journal.

Un nouveau cycle de négociations, autour d’un plan de paix présenté en novembre 2022 par Volodymyr Zelensky, a toutefois été lancé à l’initiative de l’Ukraine. Quatre rencontres – au Danemark, en Arabie saoudite, à Malte, et en Suisse – ont déjà eu lieu pour discuter de sa mise en œuvre. Une nouvelle conférence doit se dérouler en Suisse en juin. Plus de 160 délégations y ont été invitées, mais la Russie n’en fait pas partie « à ce stade », selon le gouvernement suisse, cité par Euractiv.

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