Grégory Gadebois, éblouissant dans Le fil de Daniel Auteuil

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Dans le nouveau film de Daniel Auteuil, un excellent polar à suspense, l’acteur met sa tendresse et sa bonhomie naturelles au service d’un personnage sombre et énigmatique.

Dans le cinéma, il y a les professionnels du faire-savoir qui usent, avec des stratégies de communicants, de tous les outils modernes pour annoncer leur actualité, et il y a les gars comme Grégory Gadebois dont le savoir-faire suffit à attirer l’attention. Sa carrière, qui le promène depuis vingt-trois ans sur les planches de la Comédie-Française ou d’ailleurs, et sur de nombreux plateaux de cinéma, est plus éloquente que les confessions que peut livrer ce Normand, bien trop modeste et instinctif pour vanter ou analyser son propre travail. Mais l’artiste est si intéressant et l’homme, si sympathique, qu’on ne résiste pas toujours à l’envie de s’entretenir avec lui. Surtout quand il livre, comme dans Le Fil, une performance éblouissante.

«Qu’est-ce qui a suscité votre envie de faire ce film?

– Daniel Auteuil!», répond-il du tac au tac.

Celui-ci se plaçant des deux côtés de la caméra, Gadebois pouvait s’offrir un duo de haut vol avec lui tout en inscrivant son nom à l’affiche d’un polar captivant. Pour ne pas casser le suspense quant à l’éventuelle culpabilité de celui qu’il incarne, Gadebois se contente de le décrire comme «un gars broyé par la machine judiciaire qui, pour la première fois, se sentira écouté par un homme de la classe au-dessus et qui a les codes d’un système dont il ignore tout» et d’expliquer la façon dont il l’a joué, «scène après scène, sans trop se poser de questions». Mais d’une manière générale, le comédien n’est pas de ceux qui intellectualisent trop le jeu. Il fait confiance aux scénaristes, aux metteurs en scène et à son instinct pour donner vie à ses personnages.

Le premier à lui avoir mis le pied à l’étrier est Jérôme Bonnell: «Je lui avais demandé si je pouvais passer le voir sur le tournage du Chignon d’Olga, mais comme il n’aimait pas trop avoir des intrus dans les pattes, il m’a demandé de jouer le frère et d’ouvrir une porte». Éric Besnard, lui, est devenu un fidèle: après Délicieux, Les Choses simples et Louise Violet (en salles le 6 novembre), il a déjà prévu de le recroiser en 2025: «J’aime son écriture, son univers, les gens dont il choisit de parler.» Quant à Michel Hazanavicius, il lui a offert dans Coupez! un rôle comique qu’il adorait, puis lui a fait faire la route, du Perche où il vit, jusqu’à Cannes, où le film ouvrait la 75e édition du Festival. Récemment, il l’a rappelé pour lui confier la voix du bûcheron de son film d’animation, La Plus Précieuse des Marchandises (sortie le 20 novembre).

Un sergent Garcia pour Dujardin

Acteur solide et bon camarade, Gadebois déclenche ainsi un petit goût de revenez-y. Anne Fontaine, qui le rêve derrière les lunettes d’Henri Matisse, l’a déjà glissé dans la peau d’un père (Marvinou la belle éducation), d’un flic (Police) et même de François Hollande (Présidents). Jean Dujardin, qui a incarné face à lui Sarkozy et le colonel Picquart du J’accuse de Polanski, a voulu faire de lui son sergent Garcia quand il est devenu Zorro.

Si ses partenaires lui sont fidèles, Gadebois partage cette qualité en retrouvant régulièrement l’équipe Des fleurs pour Algernon, merveilleux seul en scène créé il y a douze ans qu’il reprendra au théâtre du Petit Saint-Martin en mars 2025. Il cultive aussi sa curiosité. Elle l’a récemment conduit en Hongrie où il a rejoint László Nemes Le Fils de Saul pour incarner un homme solitaire, moche et méchant qui entrera dans la vie d’un jeune garçon à Budapest en 1957». Un rôle à jouer tout en hongrois. On lui souhaite bonne chance.

Le Fil, de Daniel Auteuil (en salles le 11 septembre).



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