Gigafactories : dans les Hauts-de-France, la longue marche du recrutement

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Depuis une baie vitrée, au sommet de ce bunker blanc et gris, on aperçoit le petit chevalement de l’ancienne fosse n° 5 des mines de charbon de Meurchin (Pas-de-Calais). A chaque visite d’élus et de journalistes à l’usine de batteries d’Automotive Cells Company (ACC), à Billy-Berclau et Douvrin, dans le Pas-de-Calais, Matthieu Hubert, le secrétaire général d’ACC, présente volontiers l’industrie de la batterie comme « le nouveau sauveur de l’ancien bassin minier du [département] ».

Le précédent a été l’automobile lorsque, en 1971, Peugeot et Citroën ont construit ici la Française de mécanique. Cette usine de moteurs thermiques avait pour consigne d’embaucher en priorité les mineurs de charbon et leurs enfants touchés par la fermeture des puits. Aujourd’hui filiale de Stellantis, l’usine, qui emploie moins d’un millier de personnes, vit ses derniers jours, le groupe ayant choisi la Hongrie pour fabriquer son nouveau moteur hybride.

Cette mutation locale s’observe aussi à plus grande échelle. La première région automobile de France se prépare à accueillir cinq gigafactories de batteries électriques, devenant ainsi la « vallée de la batterie », qui alimentera de nombreux constructeurs en vue du passage au tout-électrique, en 2035. A l’exception de celle du taïwanais ProLogium, attendue au plus tôt pour la fin de 2026, toutes ces usines sont déjà en phase de recrutement, pressées par des promesses de mise en production entre la fin de 2024 et 2025.

Au total, ACC, coentreprise de Stellantis, de Mercedes et de TotalEnergies, près de Lens (Pas-de-Calais), le sino-japonais AESC à proximité de Douai (Nord), Verkor à Grenoble, ProLogium à Dunkerque (Nord) et Tiamat à Amiens devraient générer jusqu’à 20 000 emplois, en comptant ceux créés par les fabricants de substances chimiques ou de composants et les indispensables recycleurs de batteries usagées. Deux usines de recyclage sont, par exemple, annoncées à Dunkerque pour 2025, à l’ombre des gigafactories, afin de récupérer le nickel, le cobalt et le lithium.

Dans une région où l’industrie fait travailler 271 000 personnes, soit un emploi sur cinq, mais où beaucoup d’entreprises peinent à embaucher, la chasse aux futurs salariés de la batterie s’annonce féroce. Pour l’instant, ceux d’ACC sont en grande partie asiatiques. Trois cents experts chinois, amenés par des prestataires, s’affairent à établir des processus de fabrication au bénéfice des ingénieurs français.

La programmation des convoyeurs de cellules ou le processus délicat du séchage de celles-ci ont donné lieu, par exemple, à des réunions animées. En aparté, certains spécialistes chinois expriment leur découragement en voyant plusieurs de leurs rapports ignorés. L’heure est à présent à la fabrication de batteries prototypes pour Peugeot. Une production régulière est annoncée dans moins de six mois. L’usine emploie déjà 530 salariés français. Ils seront plus d’un millier à la fin de 2024 et 2 000 à l’horizon 2030.

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