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Fume blanche au-dessus de Carthage

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Le président de la République, Kaïs Saïed, a tenu sa promesse. La présidence a annoncé que la chef de l’État avait convoqué les électeurs aux urnes pour l’élection présidentielle le 6 octobre 2024. Ainsi, le président Kaïs Saïed a donné le feu vert pour que l’élection soit organisée dans les délais légaux et constitutionnels.

Par cet acte, il met fin aux rumeurs et aux interprétations qui évoquaient même la possibilité que cette élection n’ait pas lieu. Certains ont même supposé qu’un danger imminent pourrait être évoqué pour retarder la tenue du scrutin. D’autres, parmi les soutiens du président de la République, n’excluaient pas non plus l’idée de retarder l’élection le temps que le pays se stabilise. Toutes ces spéculations sont maintenant nulles et non avenues puisque le président de la République a tranché en choisissant la date du 6 octobre pour la tenue du premier tour du scrutin présidentiel parmi les trois dates proposées par l’Instance supérieure indépendante des élections. Cette dernière va maintenant s’atteler à préparer le calendrier électoral maintenant qu’on lui a donné une date.

Il est vrai que la fixation d’une date –enfin- participe grandement à dissiper les doutes qui entouraient le rendez-vous électoral de la présidentielle. La consécration du principe de périodicité des élections est en soi un acquis, avec tout ce que la Tunisie a traversé au niveau politique et constitutionnel.

Toutefois, une date ne suffit pas pour que l’on puisse parler d’un climat politique sain dans lequel un scrutin transparent et intègre peut avoir lieu. Le problème lié à la composition de l’Instance supposée jouer le rôle d’arbitre dans cette course reste entier. Les membres de l’Isie ont été nommés par le président de la République Kaïs Saïed, qui sera lui-même vraisemblablement candidat à sa propre succession. Par ailleurs, cette même Isie a porté plainte contre un nombre d’opposants et de candidats potentiels à cette même élection. Le président de l’instance, Farouk Bouasker, a expliqué, plusieurs fois, que les plaintes ont été portées par l’Isie dataient de 2022 et n’avaient aucun rapport avec la course à la présidentielle, ce qui est vrai. Mais le fait est là : de potentiels candidats à la présidence sont en bisbille avec la justice à cause de plaintes de l’Instance des élections.

Puisque le sujet est sur la table, on ne peut occulter le rôle de la justice dans cette élection qui se prépare. Il y a comme une fâcheuse tendance à découvrir des soucis judiciaires chez ceux qui annoncent publiquement leur volonté de se présenter à la présidentielle. Abir Moussi, Nizar Chaâri, Lotfi Mraihi, Safi Saïd, Abdellatif Mekki sont autant de noms qui se sont retrouvés dans des dossiers d’instruction à l’annonce de leurs candidatures. Il faut dire qu’il s’agit de vieilles affaires dans la plupart des cas comme celle qui concerne Safi Saïd et qui date de l’élection précédente ou de celle d’Abdellatif Mekki autour du décès de feu Jilani Dabboussi.

Mais comme précédemment évoqué pour l’Isie, le fait est là. Comme si l’annonce de la candidature à la présidence de la République déclenchait une « révision » de la situation juridique de l’intéressé. Certains n’hésitent pas à prêter au président de la République l’intention de se préparer une autoroute vers un deuxième mandat en éliminant judiciairement ses concurrents. Si tel était le cas, il est clair que les conditions d’un scrutin équitable seraient entamées. Pour rappel, le candidat Kaïs Saïed avait décidé, dans un geste non dénué de noblesse, de suspendre sa campagne électorale quand son concurrent de l’époque, Nabil Karoui, avait été incarcéré.

Cette pression judiciaire, supposée ou réelle, fait partie des facteurs susceptibles d’entacher le scrutin présidentiel si l’on considère que plusieurs personnes ne peuvent pas s’y présenter librement. Sans parler du nombre d’opposants qui se trouvent toujours en prison. Tout cela participe à la création d’un climat où la confiance a du mal à trouver sa place et où l’ensemble des acteurs n’envisagent pas sereinement le fait de se lancer dans cette course déterminante visant le palais de Carthage.

Ainsi, certains évoquent déjà les délais qui nous séparent de la date du premier tour, trois mois à peu près. Ils estiment qu’il s’agit de délais trop courts pour organiser une campagne électorale efficace durant laquelle le candidat aura le temps de visiter les recoins du pays pour présenter son programme et ses idées. Trois mois ne suffisent pas pour créer un réel engouement politique au niveau de la population et entamer un mouvement et une dynamique qui amèneraient à une éventuelle victoire. Un délai de trois mois est trop court pour collecter les dix mille parrainages de citoyens, condition sine qua none pour présenter une candidature, surtout si l’on considère qu’il sera très difficile de les collecter au niveau des deux chambres du parlement.

Par ailleurs, les conditions de candidature ainsi que les conditions dans lesquelles se tiendra l’élection posent problème. Les candidats à la présidentielle devront fournir un bulletin N°3 prouvant la virginité de leur casier judiciaire. Il est clair que le casier reste vierge tant qu’une condamnation définitive n’a pas été prononcée. Mais le problème réside dans le fait que ce même bulletin N°3 est fourni exclusivement par les autorités tunisiennes via les services de police. Dans un climat de confiance délétère, cela pose problème et certains n’excluent pas que des dossiers de candidature pourraient être refusés par l’Isie car ce document pourrait être manquant. Malgré le fait que le tribunal administratif ait depuis longtemps statué sur la chose en mettant fin à l’exécution de cette décision, elle se trouve reconduite malgré tout par l’actuel conseil de l’instance.

D’un autre côté, il est évident, dans toute démocratie, que la période de la campagne électorale est un espace de dialogue et de confrontation d’idées et de programmes entre candidats d’obédiences différentes. Pour cette élection, il faudra, peut-être, rogner sur cette ambition de voir un dialogue national clair sur les grandes questions qui préoccupent les Tunisiens pour la simple raison que les espaces censés abriter ce dialogue seront probablement fermés, je parle ici des médias.

La rentrée prochaine, au niveau médiatique, s’annonce comme étant la plus chaotique que le secteur n’ait jamais connu. Il est fort probable qu’il n’y ait tout simplement pas de plateaux politiques de qualité pour suivre et commenter les élections à cause des difficultés financières que traversent tous les médias. Il restera toujours les médias publics, mais ce n’est pas là-bas qu’il faudra chercher de l’équilibre et du dialogue. Il se pourrait, pour la première fois, que nous vivions une élection présidentielle dénuée de concertation nationale. Mais n’oublions pas le côté positif : on a une date !

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