France-Belgique : les Bleus et le dogme de la « nouvelle compétition qui commence »

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« C’est une nouvelle compétition qui commence. » Cette phrase, l’équipe de France en a fait son mantra, avant de rencontrer la Belgique, lundi 1er juillet à 18 heures, dans ce qui constitue l’affiche la plus relevée des huitièmes de finale de l’Euro 2024. Didier Deschamps, William Saliba, Ibrahima Konaté, Eduardo Camavinga, Kylian Mbappé : tour à tour, ceux qui ont pris la parole ces derniers jours l’ont répétée, s’y accrochant comme à une ligne de vie, au sortir d’un premier tour décevant (une seule victoire et deux buts marqués – un contre son camp et un pénalty – en trois matchs), qui a soulevé des doutes sur la capacité des Français à aller loin dans cette compétition.

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Cette rengaine vient d’une conviction solidement ancrée au sein des Bleus : la vérité des débuts de compétition n’est pas celle des phases à élimination directe. « Les impressions du premier tour ne sont pas celles du deuxième tour », veut croire le sélectionneur, qui se souvient évidemment de la Coupe du monde 2018. La France s’était laborieusement extraite du premier tour avant de se métamorphoser lors du huitième de finale contre l’Argentine (4-3), puis d’afficher une maîtrise collective impressionnante. Souvenir moins agréable pour Deschamps, le Portugal de 2016, champion d’Europe (1-0 contre la France en finale), avait aligné trois matchs nuls en phase de poule.

L’histoire des grands tournois internationaux est peuplée d’équipes arrivées à leur pic trop tôt, et d’autres qui se révèlent quand arrive le temps des matchs couperets, au moment où l’expression collective a eu le temps de mûrir et les états de forme individuels de s’homogénéiser. Au moment, aussi, où d’autres qualités interviennent, comme l’expérience des phases finales ou la capacité à tenir un résultat.

« Une autre dimension »

Deschamps, qui, comme sélectionneur, a remporté onze matchs à élimination directe sur quinze en grand tournoi, est de ceux qui considèrent qu’une compétition d’un mois est assez longue pour qu’une équipe évolue. « Jeudi, le coach nous a tous réunis, raconte Ibrahima Konaté. Il nous a parlé, j’ai eu la sensation qu’on entrait dans une autre dimension. Il ne faut plus penser ou faire des calculs. Là, il n’y a qu’une option, c’est gagner pour passer au prochain tour. » « Il nous a dit qu’il fallait se concentrer sur le futur, que le passé était passé », complète Eduardo Camavinga.

La question est désormais de savoir si ce changement d’approche, l’expérience française (20 joueurs sur 25 ont déjà disputé la phase finale d’un grand tournoi) et les cinq jours sans jouer depuis le dernier match contre la Pologne peuvent suffire à corriger les limites apparues dans le jeu. Avec un socle défensif solide mais une grande panne d’inspiration offensive, et des joueurs censément décisifs (Ousmane Dembélé, Antoine Griezmann, Kylian Mbappé) très en deçà du rendement attendu, et en manque de connivence.

La chance française peut être de croiser la Belgique. Une équipe qui, elle non plus, n’a pas tenu son statut de tête de série et a fini à la deuxième place de son groupe (derrière la Roumanie), avec un bilan mitigé (une victoire, un nul et une défaite), pas plus riche que celui des Français offensivement (deux buts marqués).

Les Belges se sont même offert une brouille avec leurs fans, qui les ont sifflés après un troisième match jugé timoré (0-0 contre l’Ukraine), provoquant la colère du capitaine Kevin De Bruyne, qui a demandé à ses partenaires de ne pas aller saluer le public une fois la rencontre terminée, et l’incompréhension de l’entraîneur Domenico Tedesco, qui s’est dit « surpris » par la réaction des supporteurs alors que son équipe était qualifiée. Mais ce genre de climat peut cimenter un groupe, et c’est plutôt ce que perçoit la presse belge, sans être totalement rassurée sur le potentiel de sa sélection.

Les Belges rêvent d’effacer 2018

Celle-ci est en transition, mais l’effectif reste très solide. Le talentueux passeur Kevin De Bruyne et le serial buteur Romelu Lukaku – qui s’est vu refuser trois réalisations depuis le début de l’Euro – sont les deux leaders d’un quarteron de trentenaires rescapés des Euros 2016 et 2021 (élimination en quart de finale dans les deux cas) et de la Coupe du monde 2018 (défaite en demi-finales contre la France).

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Avec Thomas Meunier, Jan Vertonghen ou Axel Witsel, cette vieille garde de la génération dorée belge espère encore conquérir un trophée, dans une équipe en bonne partie rajeunie par des joueurs évoluant dans la Premier League anglaise – Timothy Castagne (Fulham), Jérémy Doku (Manchester City), Wout Faes (Leicester), Amadou Onana (Everton) ou Youri Tielemans (Aston Villa) – et dont le gardien, Koen Casteels (Wolfsburg, en partance pour l’Arabie saoudite), a fait un beau début de tournoi (un seul but encaissé). Avec les trajectoires de passe que sait trouver De Bruyne, l’art du dribble de Doku et la vitesse de Lukaku, l’équipe est profilée pour la contre-attaque, ce qui pourrait amener la France à se montrer prudente.

La Belgique, évidemment, rêve d’effacer la défaite traumatique du Mondial 2018, vécue comme une injustice. Depuis cette soirée russe – à laquelle cinq Belges et cinq Français des effectifs actuels ont participé –, l’ancien « match des copains » est devenu une affiche qui suinte la rivalité, à l’image de cette vidéo publiée par le Belge Amadou Onana, puis retirée, dans laquelle il était question de « tacler Mbappé au tibia ». « Ça va être un match compliqué parce qu’ils vont vouloir prendre leur revanche », prévient Ibrahima Konaté. Et puis la Belgique, elle aussi, se raconte sans doute qu’une nouvelle compétition a commencé.

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