Florent Menegaux : «Augmenter les prélèvements mettrait les industriels en difficulté»

« La seule manière de résister à la concurrence est de continuer à innover en permanence. » Pour garder sa place de numéro un mondial du pneu à travers le monde, le président-directeur général de Michelin, Florent Menegaux, redouble de projets. Invité dimanche d’« Esprit d’entreprise », l’émission économique du Figaro TV, le dirigeant du groupe a déploré « des règles de la concurrence européenne  qui pénalisent le développement de champions mondiaux » face aux États-Unis et à la Chine. Le PDG de ce pionnier de l’industrie, créé il y a cent trente ans, rejoint le diagnostic alarmiste de l’état de l’Union européenne établi il y a quelques jours par Mario Draghi.

« Pendant vingt ans, l’Europe a cru que c’était simplement un marché de consommation, en oubliant de penser qu’il fallait avoir une politique industrielle et une vision », estime-t-il. Aujourd’hui, la prise de conscience est là, « mais il y a beaucoup de travail à faire en matière d’innovation, de robotique et de travaux sur les types d’industries stratégiques ».

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Florent Menegaux juge que l’Europe n’a pas fait appliquer des règles du jeu « suffisamment justes et efficaces pour que la concurrence puisse s’exercer de manière normale ». En guise d’exemple, le dirigeant explique qu’il a fallu attendre « plus de dix ans » avant d’obtenir « une réglementation pour mesurer la performance des pneumatiques à l’état usé ».  

Le pneu du futur Rover lunaire

En France, les entreprises craignent désormais d’être mises à contribution pour combler le déficit public abyssal. Que ce soit à travers une augmentation des impôts, une baisse des aides à l’apprentissage ou une réduction du crédit d’impôt recherche (CIR). « L’état des finances publiques me préoccupe, mais la France a déjà un des taux de prélèvement les plus élevés d’Europe ! On peut continuer à augmenter les impôts mais on affaiblit la compétitivité du pays, juge Florent Menegaux. Pourquoi nous n’arrivons pas, avec ces niveaux de prélèvement, à équilibrer nos finances publiques ? Là est la vraie question. Augmenter les prélèvements provoquerait des difficultés pour les industriels, alors que nous sommes déjà, par exemple, deux à quatre fois plus imposés sur la production que nos voisins. » 

Pour l’avenir, Michelin sera présent sur toutes sortes de formes d’assemblages de matériaux, sous forme de composites, qui transforment la vie des gens

Florent Menegaux

À la tête de Michelin depuis cinq ans, Florent Menegaux espère ouvrir une nouvelle page de l’histoire du groupe avec « le pneu du futur ». « Le pneu du futur sera connecté, il pourra se recharger, il pourra se mettre en fonctionnalité hiver ou été, il sera uniquement composé de produits recyclés ou de matériaux biosourcés, il n’aura plus d’air et donc ne crèvera plus », précise-t-il.

Michelin poursuit également ses projets de diversification, en fabriquant des tissus techniques, des joints ou des films. « Pour l’avenir, Michelin sera présent sur toutes sortes de formes d’assemblages de matériaux, sous forme de composites, qui transforment la vie des gens », explique-t-il. En guise d’exemple, ce féru de lecture, qui passe un tiers de son temps à l’étranger, évoque « des structures gonflables qui permettront de décarboner demain le transport maritime ». Pour l’heure, Michelin s’est lancé un défi technologique de taille à horizon 2028 : construire le pneu qui équipera le futur Rover lunaire de la Nasa, pour explorer la lune.