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Femmes, quelle socit avez-vous le droit de reprsenter .

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C’est un sujet que je m’étais retenue de commenter. Naïvement, j’avais oublié que les non-événements étaient, parfois, plus évocateurs des dérives d’une société que ne l’étaient les événements d’apparence plus sérieux.

Depuis quelques jours, la toile a été prise d’un véritable tsunami. Le sujet a été débattu, en long, en large et sous toutes ses coutures, par des citoyens, des influenceurs, des faiseurs d’opinion, des intellectuels et pseudo-intellectuels et par des personnalités politiques et médiatiques. Il ne s’agit pas d’un nouveau projet de loi qui chamboulera le quotidien des Tunisiens. Pas non plus des changements climatiques qui risquent de plonger la Tunisie dans un stress hydrique terrifiant. Non des récents féminicides, perpétués de la plus sauvage des manières, parfois même en pleine rue. Non que le sujet soit sérieux ou qu’il impacte le quotidien des citoyens d’une quelconque manière, il porte juste en lui des travers bien enfouis.

 

Il s’agit d’une jeune femme qui est montée sur la scène d’un concert, invitée par le chanteur pour danser à ses côtés. Personne n’a été blessé lors de cette scène, aucune loi n’a été violée. Et pourtant, vous avez, vous aussi, sans doute entendu parler de cette histoire. Vous l’avez peut-être même commentée et exprimé votre avis, comme si l’avenir du pays entier en dépendait. Dans le capharnaüm des commentaires liés à sa manière de se vêtir, à sa façon de se comporter, d’exprimer une certaine sensualité, d’obtenir l’aval d’un mari présent sur place, de heurter les mœurs, de plonger une société entière dans la décadence, une question est revenue. Souvent. Cette femme est-elle représentative de la femme tunisienne ? Est-ce la femme tunisienne que nous voulons voir ? Et duquel de ces « nous » s’agit-il ?

En réalité, à chaque fois où une femme tunisienne accapare la scène publique, grâce à un événement sérieux ou à cause d’une anecdote toute à fait insignifiante, la question revient toujours. Question existentielle de savoir quelle image la femme tunisienne type doit représenter aux yeux du public. Et quelles sont toutes celles qui en doivent être exclues, car n’en étant pas dignes. Véritable sujet de philo. Vous avez quatre heures pour formuler une réponse.

 

Cette question émane bien souvent d’une volonté de proposer UNE femme tunisienne qui colle à l’image dont se fait la majorité. Encore faut-il savoir de quelle majorité on parle.

Lorsque la Première dame s’affiche dans les événements publics aux côtés de son mari, vêtue de tenues haute couture et dans une classe irréprochable, on ne diverge pas beaucoup sur sa représentation de « la femme tunisienne ». Le sujet ne porte pas beaucoup à débat. Elle est présentable, sans être trop présente, et elle est importante, sans l’être plus que son homme. Elle coche donc toutes les cases.

La question ne se pose pas non plus lorsqu’une femme est lauréate d’un concours académique, d’une distinction scientifique ou d’un poste de pouvoir. On lui consent bien cet « aval », à condition qu’elle n’outrepasse pas certaines limites. La question ne se pose pas non plus lorsqu’il s’agit de travailleuses agricoles qui se sacrifient tous les jours pour leur pain quotidien. Il importe peu si les premières, malgré leurs distinctions, continuent de se heurter au plafond de verre. Il importe peu aussi si les deuxièmes mènent une vie d’injustice et de misère et se font renverser presque quotidiennement.

Là où la question suscite un certain intérêt, c’est justement lorsque ces limites sont franchies. Lorsqu’une femme, tunisienne de nationalité, ose s’afficher en public, loin de l’image lisse que l’imaginaire collectif lui consent. Les femmes politiques qui haussent un peu trop la voix, les femmes qui ne partagent pas la vision d’une société qui les catalogue obligatoirement comme « mère », « épouse de », « fille de », les femmes qui ont choisi d’assumer leur sexualité, les femmes qui ont décidé d’être qui elles voulaient et non ce qu’on attendait d’elles…

 

Suffit-il d’avoir la nationalité tunisienne pour représenter justement la femme tunisienne ? N’est-il pas consenti à la femme d’être plurielle, différente et de représenter, chacune à sa manière, une frange ou une sensibilité de la société ? Ou, tout simplement, elle-même ?

Plus encore, pourquoi faut-il que la femme représente les autres femmes ? Ne peut-elle pas tout simplement être une citoyenne qui respecte les lois de son pays et paie ses impôts ? Une citoyenne respectée et ayant autant sa place que n’importe quel citoyen, peu importe la manière avec laquelle elle a décidé de mener sa vie. Même en public…

La question mérite que l’on s’y penche. Au final, il ne s’agit tout compte fait pas d’un non-événement…

 

#Femmes #quelle #avezvous #droit

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