Eva Herzigová : «Aujourd’hui, les femmes se détruisent et je trouve ça inregardable !»

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Pour Madame Figaro, la mannequin et actrice franco-tchéco-italienne est shootée par Jean-Baptiste Mondino : un duo complice qui transcende les plus belles pièces de la haute couture.

«Chanel est là, rassurez-vous ! », s’amuse Jean-Baptiste Mondino, photographe de mode renommé. Ce n’est pas la grande Gabrielle qui arrive au studio, mais bien l’un des looks phares du défilé Chanel haute couture, présenté fin juin à l’Opéra Garnier. Vite déhoussée, une sublime cape noire théâtrale et aérienne passe de main en main, puis file derrière un paravent. La pièce, unique et donc très convoitée, ne peut rester qu’une heure sur le shooting – elle est attendue à l’autre bout de Paris. À peine quelques instants plus tard, la supermodèle Eva Herzigová débarque sur le plateau – une apparition.

Hyperdétendue, elle rit aux blagues de Mondino, tout en jouant avec les amples ailes de la cape, prenant des allures tantôt d’oiseau magique, tantôt de flamme noire. On pense aux chorégraphies serpentines de Loïe Fuller, la pionnière américaine de la danse moderne. Soudain concentré, le maestro Mondino lui souffle quelques mots. Les yeux d’Eva s’assombrissent, elle déploie alors la cape dans une ellipse chorégraphiée. Clic, clac. Sur les écrans de retour se succèdent les clichés, tous d’une beauté absolue. Ici, l’image est magie.

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Un rare franc-parler

Pause. Eva Herzigová a enfilé un peignoir et des chaussons. Elle grignote sa salade de riz, les cheveux relevés avec simplicité. «Travailler avec Jean-Baptiste, c’est toujours très beau ; on se connaît depuis longtemps, on a fait des histoires magnifiques ensemble. Mondino ne fait pas juste une photo, il fait LA photo. Il comprend le point fort du vêtement, voit tout de suite si c’est dans la matière ou dans la coupe, et il sait comment je vais m’approprier la création», assure-t-elle dans un français mâtiné d’anglicismes. Devant nos yeux, nous n’avons plus cette créature surgie d’un autre monde, mais bien une femme d’un naturel désarmant.

Pommettes hautes mais rides qui plissent en soleil au coin des yeux, Eva Herzigová a 51 ans. Avec un franc-parler assez rare dans le métier, elle annonce cash qu’elle ne «fait rien à son visage.» «Aujourd’hui, les femmes se détruisent, je trouve ça inregardable ! Mais pas seulement dans la mode, le phénomène est partout dans la rue. Je trouve ça triste», assène-t-elle. Elle ajoute : «Je sais ce que tu vas me dire, “c’est facile pour elle, elle est belle”, tout ça…. Mais non justement ! Il faut changer de discours sur l’âge des femmes, j’en ai marre !» Tout juste avoue-t-elle avoir mis le holà sur l’alcool mondain et la cigarette : «Sinon je suis trop fatiguée, je mets une semaine pour m’en remettre !» Éclat de rire, yeux au ciel. Il faut dire que ces jours-ci, Eva Herzigová a à peine le temps de se reposer. On l’a vue dans les dernières campagnes Saint Laurent (par Juergen Teller) ou Balenciaga (par David Sims), sur le tapis rouge de Cannes et même sur le podium du show Mugler automne-hiver 2024-2025.

Un lien fort avec les photographes

Eva Herzigová, c’est une carrière de plus de trente ans : une longévité hors norme. Dans les années 1990, alors que le mur de Berlin vient à peine de tomber, l’Est est le nouvel eldorado des chasseurs de top-modèles. À 16 ans, Eva gagne un concours de beauté (auquel elle n’était pas vraiment inscrite) à Prague, la capitale de sa Tchécoslovaquie natale. Elle file à Paris. Boum, en 1994, elle explose littéralement avec la campagne Wonderbra, shootée par Ellen von Unwerth, avec un célébrissime slogan signé Frédéric Beigbeder («Regardez-moi dans les yeux… J’ai dit les yeux.»). Décolleté pigeonnant, regard de braise, la blonde Eva incarne alors un vrai fantasme masculin, une «pin-up», selon ses termes.

«Un tel succès commercial aurait pu me desservir, parce que tu es vite cataloguée. Heureusement, j’ai réussi à construire un lien fort avec des photographes et des artistes de renom, comme Helmut Newton ou Peter Lindbergh, avec lesquels j’ai fait des photos iconiques.» De tous, Lindbergh est son mentor : «Peter a réussi à capter la femme à l’intérieur, ma vérité. Je le connaissais depuis mes 16 ans.» (Le photographe allemand est décédé en 2019, NDLR). Dans les années 2000, elle intègre le cercle restreint des supermodèles, et devient la muse de Gianni Versace, Karl Lagerfeld, Jean Paul Gaultier ou Marc Jacobs. Mais quel est donc son secret ? «J’ai un côté transformiste, j’aime incarner une vision, être la femme selon Peter, selon Helmut… J’aime qu’on raconte une histoire, les regards forts. Il y a des filles qui sont tout le temps elles-mêmes, d’autres qui sont rock ou glamour… Moi, je suis un caméléon. Je m’adapte !»

Dolce & Gabbana Alta Moda. Eva Herzigová porte une robe en crêpe de soie brodé de cuir vernis et de perles baroques en cristal, Dolce & Gabbana Alta Moda. Lunettes et Foulard, Dolce & Gabbana. Mise en beauté Dior
Jean-Baptiste Mondino

Elle file, le look Dior l’attend. Dans quelques heures, elle doit prendre un avion, direction Turin, pour rejoindre son mari et ses trois fils, George, Philip et Edward. Avant de partir, Eva Herzigová nous embrasse et nous glisse, en guise de vade-mecum, «en vieillissant, on devient plus puissante.»

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