« Eux, c'est l'eau. Moi, je suis le sauvage » : ce jour où Alain Delon parlait du parfum Dior

«Eux, c’est l’eau. Moi, je suis le sauvage. » La formule, virile, est celle d’Alain Delon face à un parterre de journalistes russes invités en 2009 par Dior pour le lancement de sa nouvelle campagne publicitaire consacrée à Eau Sauvage, ce grand classique composé par la légende de la parfumerie Edmond Roudnitska et embouteillé dans une flasque à whisky. Depuis 1966, l’année de sa sortie, il a connu, à ses débuts, les mollets poilus de l’affiche de René Gruau, puis au tournant des années 2000, le visage de Corto Maltese, les yeux rieurs de Zinédine Zidane et même le regard de chat de Johnny Halliday, affublés de l’excellent slogan : « Méfiez-vous de l’eau qui dort ».

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L’éternel masculin 

Qui au pôle image de Dior eut l’idée saugrenue d’utiliser une photo vieille de quarante-trois ans? L’histoire ne le dit pas, mais on connaît le résultat. Ce 30 avril 2009, la diffusion de la campagne publicitaire fait sensation dans les dîners en ville. Comme si l’on redécouvrait la beauté fulgurante de Delon, 31 ans, photographié, par Jean-Marie Perrier (pour Salut les Copains) en 1966 – concordance des temps, tout de même. « Nous étions dans la villa que j’avais louée à Saint-Tropez. C’était un shooting de vacances. La photo n’a pas été retouchée, seule la cigarette a disparu. On dit de moi que je corresponds à l’éternel masculin, comme si j’étais immortel ! », confiait l’acteur au Figaro il y a une dizaine d’années. 

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La stratégie de rétro-marketing marche à plein tube. Si bien que l’année d’après, c’est carrément une scène de Delon torse nu dans La Piscine (1966, donc) qui fait office de spot à la télé ! « Ces images n’ont pas vieilli et vont nous permettre de toucher à la fois les hommes qui se souviennent de Delon à cette époque et une clientèle plus jeune qui sera séduite par son côté insoumis et irrévérencieux », dit-on alors chez Dior. La « rencontre entre deux éternels masculins » fait les beaux jours de la maison de l’avenue Montaigne. Depuis, « l’eau » s’est fait plus ou moins damer le pion par le nouveau Sauvage telle une star déchue. « Le sauvage » a disparu, il n’était finalement pas immortel.