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Euro 2024 : La première attaque turque, c’est la défense – Kapitalis

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Euro 2024 en Allemagne. Mardi 2 juillet 2024. L’Autriche s’est fait surprendre par la Turquie (1-2). Défaite plus élimination pour l’équipe de football venue du monde germanique. Au vu du match, ce n’était pas vraiment une surprise.

Jean-Guillaume Lozato *

 

L’Anschluss du football n’aura pas lieu. Après la fusion des équipes nationales de RFA et de RDA regroupées au sein de la Mannschafft née ou plutôt ressuscitée après la chute du mur de Berlin, l’aire linguistique germanophone s’est réduite à trois équipes nationales. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse en partie. Mais les Turcophones présents à l’Euro comptent parmi leurs ressortissants nombre de locuteurs maîtrisant la langue de Goethe. Un bilinguisme qui s’est transposé dans l’anticipation du jeu adverse. D’où un décodage qui a permis de défaire la bande à Arnautovic.

Intensités en série

Buuuuuuuut!!! C’est le cri scandé à partir de la toute première minute d’un match qui n’a pas laissé aux spectateurs le temps de s’endormir. Exploitant très bien un corner concédé très rapidement par leurs adversaires germaniques, les Turcs ont ouvert le score par leur numéro 3 Demiral. Une action construite, précise avec une conclusion pleine de fougue. Le ton de la partie était donné.

La suite du match a vu l’équipe nationale autrichienne ne pas baisser les bras. Elle s’est activée en pratiquant parfois ce qui a pu s’apparenter à du box to box. Ceci rappelant à leurs rivaux d’un soir que rien n’était acquis, et les forçant à la plus grande vigilance. La moindre défaillance pouvant être exploitée, comme avec Lienhardt, le défenseur de Fribourg, qui a mis en évidence de par une de ses actions le rodage auquel était encore soumis le marquage de la défense des hommes aux maillots blancs sur les coups de pieds arrêtés. Au bout de dix minutes, Kokcu a récolté un carton jaune bêtement, et c’est trois minutes plus tard qu’un centre de Guler a remis les choses en ordre en faveur de la «Milli Takim» de par sa dangerosité. Le même joueur étant l’auteur d’une inspiration aussi esthétique que géniale en lançant une parabole mi-transversale mi-ouverture à destination de Kadioglu maître de son couloir gauche.

Kadioglu l’indispensable

Kadioglu, nous le retrouverons tout au long de ce huitième de finale endiablé. Derrière, devant, au milieu, avec une trajectoire à 90 % verticale, droite, excentrée. Nous faisant remémorer des latéraux de légende comme Cabrini ou Maldini (dans l’élégance, la technique), Gerets (dans les dégagements et l’engagement physique), Amoros (la résistance physique), Trabelsi (au niveau de la contribution offensive) ou encore Lizarazu ou Sagnol (dans l’instinct collectif). Nul doute qu’il ne sera pas de trop pour contrer les ambitions du prochain adversaire, les Pays-Bas.

Lorsque l’on s’aperçoit qu’il est capable de s’improviser milieu axial suite à l’improvisation d’un décrochage en phase de relance au sol/construction (comportement adopté à la 68e de jeu), on ne peut qu’objectiver en matière de potentiel à la fois individuel, mais aussi collectif pour ce qui est des armes «secrètes» détenues par le sélectionneur Vincenzo Montella.

Le pensionnaire du Fenerbahçe évolue dans un registre très intéressant, pouvant jouer aussi bien sur le flanc droit en club, que sur la gauche en sélection. Une polyvalence qui ne s’arrête pas là puisqu’il peut alterner entre la fonction d’arrière latéral ou de milieu dans son couloir, un rôle de briseur de ligne rappelant un peu les anciens internationaux marocain Rachid Daoudi et italien Gianluca Zambrotta.

La riposte autrichienne et l’étape hollandaise

La dernière demi-heure de jeu nous a l’apport de joueurs comme Danso (sait participer sobrement à la construction du jeu tout en remplissant ses tâches relatives à la couverture défensive), Webne, Sabitzer (forcé toutefois de permuter d’une aile à l’autre pour pouvoir s’exprimer pleinement), Arnautovic et surtout Baumgardner (très dangereux à deux reprises en fin de match). Ceci malgré un autre but, dont l’auteur fut de nouveau Demiral (de la tête consécutivement à un autre corner). Avec un très intéressant sursaut des footballeurs venus d’Europe Centrale, en la personne de Gregoritsch ayant réduit le score sur un corner excellemment tiré par Sabitzer.

Signalons pour terminer ce compte-rendu que dans le match, plus tôt dans la journée, opposant la Roumanie et les Pays-Bas, ce sont les Bataves qui se sont qualifiés en gagnant par trois buts à zéro. Les Rouges et Blancs sont prévenus. La couleur orange, confrontée au coloris présent sur l’«ayyildiz» frappé du croissant et de l’étoile, se présente comme une habile synthèse prétendant à la dilution des couleurs nationales ottomanes.

Les Hollandais ont su exploiter les brèches offertes par le 4-1-4-1 psychorigide des Roumains. Tout comme les Turcs ont su profiter des errements dans l’entrejeu des «Rot-Weiss-Roten». Ces derniers ayant été contraints aux erreurs face à la maîtrise technique des Turcs (la faute de Posch à la 22e minute, un peu au ralenti devant la conservation de balle du camp d’en face, l’a démontré). Ce qui, soulignons-le, ne les a pas empêchés de réaliser une série de plusieurs passes consécutives faisant douter le camp adverse (71’).

Les Autrichiens ont été loin de se montrer ridicules. Les Turcs, bien que perfectibles sur le travail de relance axiale et sur le jeu de tête défensif, ont été très bons et percutants à l’image d’Ayhan et Guler et Akturkoglu.

Place au prochain match. Cette opposition néerlando-turque nous révélera-t-elle l’identité d’un des deux finalistes de ce championnat d’Europe des nations ?

Pour les quarts de finale, Pays-Bas et Turquie ont rendez-vous avec l’histoire. Les deux nations sont avides de revanche.

Les Pays-Bas devront faire face à une formation aux offensives plus tranchantes et un impact physique plus dur que celui proposé par les Roumains. La Turquie, elle, aura à se mesurer à une équipe qui a peut-être le milieu de terrain le plus cohérent et le mieux adapté à se présenter comme protéiforme parmi tous les pays présents dans la compétition. Les deux équipes ont un point commun: leur première façon de se défendre, c’est d’attaquer.

Osons pronostiquer le score pour ce Pays-Bas-Turquie prometteur en apparence? Les premiers nommés sont indéniablement favoris. Les seconds ont du répondant. Alors pourquoi pas un 4-2 ? Oui, un nombre élevé de buts constitue une hypothèse plausible. Un 4-2 ou un 2-4. Énormément de paramètres joueront pour ce plus indécis des quarts de finale.

La Turquie du football a été très forte malgré l’absence de sa star Hakan Calhanoglu. Une transition toute trouvée pour passer à un autre Hakan célèbre, l’avant-centre Hakan Sukur qui avait marqué le but le plus rapide de l’histoire du Mondial au bout de onze secondes de jeu (en 2022 en finale de la troisième place). Avec une médaille de bronze en conclusion du tournoi international.

Hier soir, c’est Demiral qui s’est distingué en marquant le but le plus rapide depuis la création de l’Euro (au bout de 57 secondes de jeu). Signe d’un renouveau? Face à une formation au profil différent, marquer les premiers sera peut-être un piège. Et se concentrer uniquement sur les buteurs Gakpo et Malen serait bâcler le travail. Bloquer Schouten et surveiller Dumfries permettrait d’isoler les plus créatifs tout en attaquant. A moins que Montella nous réserve la surprise de réagir beaucoup plus défensivement, avec un 0-0 conduisant aux penalties. Epreuve où brillerait certainement le gardien Gunok, excellent mardi soir, en proposant une réincarnation de Diogo Costa.

Enfin, le suffixe patronymique «oglu» pourrait être mis à l’honneur. D’abord par le retour vraisemblable de l’intériste Calhanoglu, le maître à jouer principal du coach Montella. Puis par Kadioglu dont nous avons développé les qualités. Le stambouliote est né aux Pays-Bas et sera donc doublement motivé. Il a pour prénom Ferdi. Comme le chanteur populaire Ferdi Tayfur, auteur de la chanson «Almanya treni», titre qui signifie «Train d’Allemagne». Ferdi Kadioglu sera-t-il celui qui guidera le convoi de la victoire jusqu’en finale face à l’Allemagne pays hôte ?

* Universitaire et analyste de football.

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