On ne vient pas à la piscine naturelle de Rugles, au sud de l’Eure, par hasard. Ici les bassins, grand et petit, ont banni l’usage du chlore et de tout autre produit chimique des eaux de baignades. Et ce depuis plus de dix ans. Des plantes aquatiques effectuent le travail de filtration et de traitement.
Ici, on vient chercher une eau « douce pour la peau, qui ne pique pas et dans laquelle on peut ouvrir les yeux sans avoir ensuite des démangeaisons », expliquent deux baigneuses croisées fin juillet 2024. Mère et fille sont des habituées, comme la majorité des usagers de cette baignade biologique. Elles résident à Rugles. « C’est vraiment sympa en plus de pouvoir se baigner dans un tel environnement naturel avec toutes ses plantes autour de nous », concluent-elles de concert, avant de piquer une tête dans l’eau verte de cette piscine unique en Normandie.
Des conditions de travail que les deux maîtres nageurs sauveteurs, présents chaque jour d’ouverture, saluent et apprécient. « Toute l’année, nous travaillons dans les bassins couverts de l’intercommunalité Sud Eure », expliquent David Malherbe et Sébastien Carrier. « Au moins, ici, nous respirons le grand air et nous n’inhalons pas les vapeurs de chlore. Et puis comme en ce moment voir fleurir les nénuphars comme c’est le cas au bout du petit bain, c’est super agréable. »
Moins de fréquentation pour des raisons sanitaires
Le tableau de cette baignade publique atypique semble jusqu’alors idyllique. L’envers du décor l’est un peu moins. Une multitude de contraintes caractérisent le mode de fonctionnement d’une telle piscine. Tout d’abord en matière de jauges de baigneurs. « Nous ne devons pas dépasser 80 personnes sur les bords des bassins à l’instant T », explique Brice Cadot, le directeur des sports de l’intercommunalité Sud Eure, qui gère les trois piscines du territoire, Rugles comprise.
« Cela peut arriver que nous refusions du monde certains week-ends ou par grosses chaleurs. Cette année nous avons aussi réduit les jours d’ouverture sur conseil de l’Agence régionale de la santé qui assure les contrôles de l’eau chaque semaine. Ce faisant nous facilitons et optimisons le recyclage et le traitement de l’eau », souligne-t-il.
La baignade naturelle est ouverte les mercredis, jeudis, samedis et dimanches de 13h30 à 19h30. Et ce jusqu’au dimanche 1er septembre 2024. Sauf quand une autre contrainte notable s’en mêle : la température de l’eau. Celle-ci ne peut excéder 25°. Faute de quoi les bactéries risquent de proliférer. Et rendre ainsi impropres les eaux de baignade, d’un point de vue sanitaire.
Enfin, la plus grande vigilance doit être exercée en ce qui concerne l’entretien des bassins. « Chaque jour un agent d’entretien doit frotter les bassins », précise Brice Cadot. « L’objectif est de se débarrasser des algues et de tous les germes présents. » Une contrainte supplémentaire pour permettre aux baigneurs et baigneuses de nager ou barboter dans une eau naturelle.
Autant d’éléments qui peuvent expliquer le nombre restreint de piscines biologiques en France, encore à ce jour. Lors de son ouverture en juillet 2013, la baignade biologique de Rugles était la sixième en France. Depuis, pas de raz de marée !
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