Esthétiques et révolutionnaires : à Bordeaux, tour d’horizon des chais nouvelle génération

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Ils ont en commun des lignes modernes et minimalistes, une architecture fondue dans le paysage, et le souci de réduire leur impact sur l’environnement. Des bâtiments qui sont respectueux des vins et des hommes qui les élaborent.

À Margaux, l’architecte Philippe Madec signe un chai en terre crue et en bois massif, qui pousse la note de l’écoresponsabilité. Le Château Cantenac Brown, grand cru classé 1855,a dévoilé les spécificités de son outil de travail, qui vise l’objectif zéro carbone. Sa construction, intégrée à l’enceinte de bâtiments préexistants, pour ne pas dénaturer le paysage, a convoqué l’usage de matériaux naturels, biosourcés et non traités, en provenance de la région Aquitaine. Les murs du chai, d’une épaisseur d’un mètre, réalisés selon la technique ancestrale du pisé, se composent de terre crue compressée. La terre, formidable matériau d’inertie thermique, crée une atmosphère propice à l’élevage des vins, en maintenant une température constante et un taux d’hygrométrie idéal, sans avoir recours à la consommation d’énergie. Installé sous une voûte en bois massif, ce bâtiment en terre crue a des airs de temple, tandis que le cuvier, ouvert sur le parc de la propriété, laisse la lumière naturelle filtrer et le paysage dialoguer avec les ouvriers. Dans le Sauternais, le château d’Arche, grand cru classé 1855, livre une autre interprétation de l’écoresponsabilité. Le bardage extérieur de son chai de 2 500 m² se compose de troncs d’acacia qui rappellent les piquets de vignes, traçant un trait d’union avec le vignoble de 90 hectares. Sa toiture a été entièrement végétalisée, de façon à conserver la fraîcheur et à limiter les variations de température dans le bâtiment. Des ruchers y assurent la pollinisation au service de la biodiversité de la propriété.

Récupérer des eaux de pluie

Toujours dans l’optique de limiter son empreinte, le bâti du château d’Arche intègre un système astucieux de récupération des eaux de pluie et des eaux usées. Quant aux équipements de la cave, les 33 cuves thermorégulées disposées au rez-de-chaussée sont en acier micro-poli, un matériau facile à nettoyer et qui évite l’utilisation de détergents. À l’étage inférieur, le chai d’élevage enterré a été conçu selon le principe de la gravité : les barriques de chêne français sont remplies sans pompe, et l’oxygénation est limitée. Un outil au bénéfice d’une viticulture précise, qui travaille sur l’axe de la pureté, de la naturalité et de l’écologie.

Chais vertueux, l’épure au service de la nature

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Autre exemple design et vertueux : le chai du château Péby Faugères, grand cru classé de Saint-Émilion, qui a été construit sur la base d’une maison vigneronne en pierre. Autour, l’architecte suisse Mario Botta a imaginé une construction posée au creux du vignoble de 7,45 hectares, comme une couronne. Le mur d’enceinte, travaillé avec des pierres de la région, est sculpté par de hautes fentes. Les espaces de l’étage sont quant à eux surmontés d’un toit, formant comme une voile suspendue qui déploie ses ailes. À l’intérieur du cuvier, rien n’a été laissé au hasard, avec l’emploi de cuves en béton et en inox sélectionnées pour apporter davantage de fraîcheur au vin, tout en limitant la consommation en eau.

Non loin de là, à Saint-Étienne-de-Lisse, le chai bioclimatique du château Valandraud – premier grand cru classé de Saint-Émilion – est un modèle d’insertion paysagère. La construction de 1 000 m² épouse la courbe naturelle du talus du vignoble. Sa partie semi-enterrée, par sa disposition dans le sol, dispose d’une galerie technique qui joue le rôle de puits canadien. Selon les saisons, et grâce à la géothermie, l’air qui circule ici est tantôt réchauffé, tantôt rafraîchi. L’inertie thermique est renforcée par l’empierrement du talus et par son toit végétalisé, tandis que l’exposition nord de la structure contribue à stabiliser naturellement les températures. Une conception qui aide à maintenir le vin autour de 10 °C en hiver et de 16 °C l’été. Les ouvertures du bâtiment, connectées à des capteurs, s’activent pour réguler la température et l’humidité. La toiture du cuvier qui surmonte le talus est, quant à elle, entièrement équipée de 246 panneaux photovoltaïques, permettant de subvenir à 50 % des besoins en énergie de ce bâtiment écoconçu.

Cet article est issu du F, l’art de vivre du Figaro.

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