En Russie, au moins dix généraux et membres de l’entourage de Sergueï Choïgou, l’ex-ministre de la défense, renvoyés ou arrêtés en quelques mois

Dans les tribunaux de Moscou, ces dernières semaines, un nouveau profil de détenu est apparu : celui de généraux. Le dernier en date est Valeri Moumindjanov, commandant adjoint du district militaire de Leningrad. Le comité d’enquête a fait arrêter, lundi 2 septembre, cet ex-haut responsable du ministère de la défense, accusé d’avoir touché un pot-de-vin de plus de 20 millions de roubles (environ 200 000 euros) lors de la conclusion de contrats pour la fourniture d’uniformes.

Quatre jours avant, c’est un ex-vice-ministre de la défense, le général Pavel Popov, qui a été arrêté, poursuivi pour « fraude ». Il se serait enrichi lors des aménagements du parc Patriot, construit dans la grande banlieue de Moscou pour accueillir les forums de l’armée et alimenter le récit patriotique du Kremlin. Le comité d’enquête a fouillé dans ses affaires personnelles : il détiendrait des propriétés d’une valeur de plus de 500 millions de roubles « dans des zones prestigieuses » à Moscou et dans le sud du pays.

Au total, en à peine cinq mois, au moins dix généraux et responsables du ministère de la défense ont ainsi été placés en détention ou poursuivis dans des affaires de fraude et de corruption par le comité d’enquête. Ce puissant organe judiciaire, qui répond directement du Kremlin, n’a pas pu agir sans l’aval au sommet. « La corruption est dans l’ADN de ce ministère. Aujourd’hui, c’est l’heure de faire un peu de ménage, même si, dans les faits, cela ne changera pas grand-chose », insiste un expert européen de l’armée russe à Moscou.

Faire le ménage

Cette vague d’arrestations a commencé juste après la réélection de Vladimir Poutine le 17 mars, avec, le 23 avril, la spectaculaire détention du vice-ministre de la défense Timour Ivanov, qui, chargé notamment de la reconstruction de la ville ukrainienne de Marioupol, était réputé pour son style de vie dispendieux. Tour à tour, ont ensuite été incarcérés Iouri Kouznetsov, chef du département du personnel au ministère, Vladimir Verteletski, chef du département de l’approvisionnement, puis le général Vadim Chamarine, chef adjoint de l’état-major, et enfin Ivan Popov, ex-commandant de la 58^e armée.

Tous poursuivis pour fraude ou corruption, ils encourent jusqu’à quinze ans de prison. Ces arrestations, qualifiées de « purge » par certaines chaînes Telegram militaires russes, se sont accélérées depuis la nomination, le 12 mai par le Kremlin, d’un nouveau ministre de la défense. Andreï Belooussov, économiste et mathématicien de formation, réputé dur et intègre mais sans aucune expérience militaire, a pour mission de faire le ménage.

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