« En roulant 1 km, on gagne 5 km d’autonomie » : un mode de recharge électrique des poids lourds sur la route testé à Troyes

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Ils sont une poignée dans le monde à s’être engagés dans le défi climatique d’un transport routier décarboné, en promettant une recharge en roulant. Il y a la solution qui passe par champ électromagnétique, comme dans l’expérimentation menée actuellement par Vinci Autoroutes sur l’A10 au sud de Paris. Ou celle qui passe par une caténaire testée par Siemens en Allemagne, avec des voies dédiées aux camions électriques.

Et puis il y a l’option de la conduction, avec des routes équipées de rails de connexion installés couplées à l’utilisation de batteries adaptées par les poids lourds. C’est le projet soutenu par Evias, une entreprise créée il y a 12 ans en Suède, mais devenue française depuis son rachat il y a un an par Olivier Besson. « C’était une start-up qui avait vocation à faire de la recherche sur une recharge rapide et dynamique pour véhicule électrique, explique-t-il. Je l’ai rapatrié en France et ses 120 brevets sont donc devenus français. »

Le premier cas d’usage sur un bus et un camion en France a été développé par Evias sur le site de l’Université de Technologie de Troyes (UTT). Fin août, investisseurs, partenaire et clients potentiels ont pu découvrir les nombreux avantages de la technologie, à travers l’installation très discrète d’un rail sur les voiries situées autour de l’université. « Un rail intelligent, qui vient s’activer quand il y a présence d’un véhicule », détaille l’entrepreneur.

« Nous sommes les seuls Français (sur cette technologie)», rappelle le patron d’Evias Olivier Besson.

Lorsqu’il détecte la présence du rail, « le poids lourd demande l’autorisation de se connecter au cloud Evias (le serveur informatique dédié dans l’entreprise). Puis, un connecteur installé sous le véhicule se déploie, se connecte aux rails et autorise la recharge. Lorsque le véhicule arrive à la fin du tronçon de rail ou bien doit changer d’itinéraire, le connecteur se rétracte automatiquement ».

De quoi éviter les trop nombreux arrêts qui peuvent effrayer les entreprises à l’heure de renouveler leur parc de cars et de camions, tout en bénéficiant d’une recharge électrique extrêmement rapide, « au minimum à 5 fois la distance que l’on parcourt », précise Olivier Besson. « En se rechargeant sur un kilomètre, vous avez 5 km d’autonomie. C’est un avantage considérable d’un point de vue économique, car uniquement 1/5e des infrastructures nécessitent d’être équipées sur l’itinéraire. »

Pas de système de recharge embarqué dans les véhicules, tout est axé sur les armoires électriques installées tous les 2 000 km. Autre avantage, une batterie à taille réduite, jusqu’à 60 % inférieure aux standards actuels. « On réduit de façon considérable le coût d’accession aux véhicules électriques pour l’utilisateur », souligne le PDG d’Evias. Par ailleurs, un véhicule à l’arrêt peut également utiliser le rail.

Pas de système de recharge embarqué dans les véhicules, tout est axé sur les armoires électriques installées tous les 2 000 km. DR
Pas de système de recharge embarqué dans les véhicules, tout est axé sur les armoires électriques installées tous les 2 000 km. DR

« Il suffira d’équiper un arrêt de bus, un quai de chargement pour poids lourd ou une place de parking, pour que le véhicule adapté se connecte automatiquement et se recharge », assure l’entrepreneur. Grâce aux capacités du collecteur situé sous le poids lourd, le dispositif anticipe déjà les besoins futurs de puissance électrique.

Compatible avec des véhicules de frêt très gourmands

« Une voiture sait actuellement se recharger à une puissance de 100 kilowatts, un camion à 350 kW », rappelle Olivier Besson. « Ici, on a testé ce système à 1 mégawatt. Notre technologie est prête pour une demande de puissance supérieure à l’avenir. On peut imaginer la combinaison d’un véhicule autonome sur du camion et notre solution permettrait à des véhicules de fret de fonctionner 24 heures sur 24, avec une énergie verte. »

Pour faire la démonstration de ses capacités, Evias a investi 3 millions d’euros dans la construction d’un site pilote à l’Université de Technologie de Troyes. « L’UTT et le département ont mis à notre disposition une voie parfaitement adaptée pour construire notre démonstrateur », ajoute Olivier Besson. Des liens qui se sont noués grâce à l’intervention de la sénatrice auboise Vanina Paoli-Gagin, mais aussi d’un ingénieur, Maxime de Simone, diplômé de l’UTT en 2019, qui a pleinement joué les intermédiaires avec son ancienne école.

« J’ai contribué au développement de toute une partie des sous-systèmes des ensembles techniques de la solution Evias, au niveau des connecteurs de courants, des armoires électriques… ça fait un an que je travaille avec l’équipe sur le projet sur les tests et les développements, c’est une vraie fierté », sourit Maxime de Simone. L’entreprise a pu également compléter ses effectifs avec les talents locaux. « Sur un peu plus de 10 ingénieurs, près de la moitié sont issus de l’UTT », précise le jeune homme.

Troyes intéressé pour ses transports en commun

Evias a pu faire la démonstration de tout ce travail et de ses champs d’application potentiels vendredi 30 août devant un panel d’élus locaux et de représentants de l’État, en mettant en avant ses atouts. « On est les seuls Français », indique Olivier Besson. « Par rapport à nos concurrents, c’est une solution pragmatique prête à être déployée immédiatement à un coût beaucoup plus raisonnable, que ce soit au niveau de l’infrastructure ou du véhicule. »

Sur place, le maire de Troyes François Baroin ne cache pas son intérêt pour ce projet « durable » à ses yeux, « qui enjambe la problématique de l’hydrogène et des effets de mode. Les transports en commun de l’agglomération troyenne pourraient parfaitement utiliser des capteurs d’énergie au sol sur le linéaire de la ville, et ainsi, sans nuisance, assurer la transmigration de notre flotte de bus. Ce qui éviterait, selon lui, d’installer des caténaires à un coût exorbitant pour avoir un tramway, qui abîmerait tout ce qu’on a fait pour la réhabilitation de notre bâti. » De quoi ensuite envisager une solution pour les automobilistes roulant à l’électrique ? « Ça serait l’étape suivante une fois que l’infrastructure sera suffisante », répond le PDG d’Evias Olivier Besson.



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