En Inde, les médecins en grève nationale après le viol et le meurtre d’une soignante de 31 ans

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Le mouvement de colère qui secoue l’Inde depuis le viol et l’assassinat d’une médecin hospitalière de Calcutta se poursuit. Samedi 17 août, les médecins du pays ont lancé une grève nationale, pour dénoncer les violences à l’encontre des femmes et des soignants, ainsi que les conditions de travail de ces derniers.

Massés devant leurs hôpitaux, une nuée de médecins indiens en blouses blanches se sont rassemblés pour réclamer justice. « Nous voulons simplement être en sécurité pendant que nous accomplissons notre mission », explique Sapna Rani, une femme de 27 ans exerçant à New Dehli, qui a participé à la grève. « L’hôpital est le dernier endroit où nous devrions nous soucier de notre sécurité. »

Dans un premier temps, médecins et professionnels de santé avaient appelé à manifester pour obtenir la mise en place de mesures. Des dizaines de milliers d’Indiens ont rapidement rejoint le mouvement. A Calcutta, des milliers de personnes ont veillé à la lueur des bougies jusqu’aux premières heures du jour samedi. « Les mains qui guérissent ne devraient pas saigner », pouvait-on lire sur une pancarte tenue par un manifestant à Calcutta. « Trop c’est trop » proclamait une autre, lors d’un rassemblement de médecins dans la capitale New Delhi, tandis qu’une pancarte appelait à « pendre le violeur ».

Le corps de cette médecin de 31 ans assassinée avait été retrouvé le 9 août dans un amphithéâtre de l’hôpital universitaire de Calcutta, ce qui laisse penser qu’elle s’y était rendue pour se reposer lors d’une garde de 36 heures. Une autopsie a confirmé le viol et l’homicide. Dans une requête déposée auprès du tribunal, les parents de la victime ont dit soupçonner un viol collectif.

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Un homme qui travaillait dans le même hôpital que la victime, aidant les patients dans les files d’attente, a été arrêté, mais la police de Calcutta a été accusée d’avoir mal géré l’affaire. La haute cour de Calcutta a transféré l’affaire mardi au Bureau central d’enquête (CBI), une agence fédérale, afin d’« inspirer confiance à la population ».

Révision des conditions de travail des médecins

Les médecins des hôpitaux publics de différents Etats avaient interrompu le 12 août les soins non urgents pour une durée « indéterminée », réclamant justice et davantage de sécurité sur leur lieu de travail.

Samedi matin, l’Association médicale indienne (IMA) a intensifié le mouvement en décrétant une grève de 24 heures, en excluant les urgences. « Nous demandons la compréhension et le soutien de la nation dans cette lutte pour la justice en faveur de ses médecins et de ses filles », a déclaré le chef de l’IMA, R.V. Asokan, dans un communiqué.

« Les 36 heures de garde de la victime et l’absence de lieux sûrs pour se reposer justifient une révision complète des conditions de travail et de vie des médecins internes », a déclaré l’IMA, en qualifiant ce meurtre de « barbare ». Les médecins réclament la mise en œuvre du projet de loi sur la protection centrale (Central Protection Act) visant à prémunir les soignants contre la violence.

« Il y a un manque d’infrastructures appropriées », estime Akanksha Tyagi, 29 ans, interne au Lady Hardinge Medical College de New Delhi, qui a participé à l’une des nombreuses manifestations organisées à travers le pays. « Après avoir travaillé de 24 à 36 heures d’affilée, il n’y a pas d’endroit approprié pour se reposer », affirme-t-elle.

Quatre-vingt-dix viols par jour signalés en 2022

Le premier ministre, Narendra Modi, a demandé jeudi à ce que « les comportements monstrueux à l’encontre des femmes » soient « sévèrement et rapidement punis ».

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Les violences sexuelles à l’encontre des femmes sont très répandues en Inde, avec en moyenne près de 90 viols par jour signalés en 2022 dans ce pays de 1,4 milliard d’habitants. Cette nouvelle agression a réveillé le souvenir du viol et du meurtre dont avait été victime une jeune femme dans un autobus en 2022 à New Delhi. Cette affaire, qui avait déclenché de gigantesques manifestations, était devenue révélatrice de l’incapacité de la société conservatrice indienne à gérer la violence sexuelle à l’encontre des femmes. Sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement avait promulgué des peines plus dures pour les violeurs, et même la peine de mort pour les récidivistes.

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Le Monde avec AFP

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