Ce qui frappe, lorsque Emmanuel Macron descend de l’A330 présidentiel, jeudi 23 mai au matin, à l’aéroport de La Tontouta, c’est le silence. Il est de plomb. Ce silence, c’est celui du deuil, de la peur ; des magasins fermés, des pénuries et des routes barrées ; de l’état d’urgence et du couvre-feu, après dix jours d’émeutes déclenchées par le projet de loi visant le dégel du corps électoral. C’est celui d’un territoire déchiré en deux camps qui semblent irréconciliables.
Ce silence, il vient surligner que cette visite surprise, improvisée, est un coup de poker. Se plaçant seul en première ligne, en pensant que lui peut « changer les choses », le président joue très gros. Et jusqu’au bout, puisque après 17 heures sur place, quand il redécolle pour Paris, il n’a pas de garantie que son appel à lever les barrages « dans les heures qui viennent » sera suivi d’effet.
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