DIRECT. Mort d'Alain Delon : Emmanuel Macron salue la mémoire d'un «monument français»

Après la mort de Jean-Paul Belmondo et de Jean-Louis Trintignant, Alain Delon était « le dernier des géants » et désormais « c’est une page qui se tourne pour l’histoire du cinéma français », estime sur France Inter le producteur de cinéma Alain Terzian. « Chaque fois qu’il arrivait quelque part, qu’on tournait sur le plateau, il y avait une sorte de respect quasi mystique, religieux. Il fascinait », raconte celui qui « a eu la chance de vivre pendant dix ans tout près de lui ». « Dans l’intimité, il était tellement chaleureux, généreux, tendre, sensible », énumère-t-il. 

La tête de liste Reconquête aux élections européennes, Marion Maréchal, rend hommage au « regard d’acier » de l’acteur, dont la « mémoire restera à jamais gravée dans le cœur de ce pays qu’il aimait tant ».

L’ex-ministre de la Culture Franck Riester, actuel ministre démissionnaire du Commerce extérieur, écrit sur X que « la disparition d’Alain Delon laisse le monde du cinéma et tous les Français orphelins ». « Acteur légendaire, réalisateur et producteur, il aura marqué à jamais l’histoire du cinéma », poursuit-il, en légende d’une photo aux côtés de l’acteur lors de la remise de la Palme d’honneur en 2019 au festival de Cannes.

Le fils de Jean-Paul Belmondo, autre monstre sacré du cinéma qui s’est quant à lui éteint en 2021, rend hommage sur son compte Instagram à Alain Delon, ami de son père. « Alain , un jour vous m’avez dit que mon père vous manquait, aujourd’hui c’est vous qui allez nous manquer énormément. RIP Alain », écrit-il, partageant un cliché des deux acteurs en costume, cigarette à la main, l’air complice. 

Les deux hommes avaient démarré ensemble en 1957 dans « Sois belle et tais-toi ». « Lui et moi, on est deux icones du cinéma français. On ne peut pas parler de l’un sans parler de l’autre », avait commenté Alain Delon lors de la mort de son ami, qui s’était lui aussi éteint à 88 ans. Une nouvelle qui le laissait « fracassé », « ça me fait un mal fou », avait-il déclaré. « Lui et moi, c’est le jour et la nuit », écrivait quant à lui « Bebel » dans un livre de souvenirs en 2016.

La ministre démissionnaire en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé salue quant à elle sur X « sa beauté, son regard, sa voix, son élégance, son style, sa liberté, ceux qu’il a su faire vivre à l’écran », décrivant une « émotion nationale immense ».  

La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale Marine Le Pen rend hommage à un acteur qui « nous laisse orphelins de l’âge d’or du cinéma français qu’il incarnait si bien » et qui représentait « la France que l’on aime », ajoute la députée d’extrême droite. 

Élevé dans le gaullisme et vieil ami de Jean-Marie Le Pen, Alain Delon n’a jamais caché ses convictions conservatrices et sa proximité avec la droite, qu’il a soutenue au gré des présidentielles.

Les hommages dépassent les frontières après la disparition de la star internationale : sur son compte X, l’opéra de Venise salue la mémoire d’une « beauté bouleversante, devenue banale pour tout le monde, presque une figure de style, associée à une présence imposante sur scène ». « Alain Delon est décédé et c’est ainsi que nous nous souvenons de lui », poursuit-il en légende d’une photo de l’acteur lors d’une pause sur le tournage de « Le Guépard », aux côtés de l’actrice italienne Claudia Cardinale, lors d’une sortie en mer. 

L’acteur s’est notamment fait connaître en Italie en jouant dans le classique du néo-réalisme italien « Rocco et ses frères » de Luchino Visconti, un réalisateur qui était fasciné par lui.

Anouchka Delon, qui entretenait une relation proche avec son père, avait partagé il y a quelques semaines un cliché de l’acteur sur son compte Instagram, l’un des derniers du monstre sacré. Deux photos, montrant la star en simple T-shirt, son regard bleu planté vers l’objectif, puis le coiffeur Franck Provost en train de tailler sa barbe grise.

« Parce ce que quoi qu’il arrive, comme ils disent the show must go on ! », écrivait sa fille en légende de cette publication mi-juillet. « Delon restera toujours Delon. Toujours beau. Toujours impeccable. Toujours élégant. Comme le bon vin. Éternellement grand », avait-elle ajouté. « (Comme je l’ai trouvé beau. Lui aussi s’est trouvé beau. Avec son accord comme toujours.) », concluait sa fille.

L’AFP vient d’ailleurs de dévoiler la dernière lettre d’adieux à ses fans de l’acteur, aux accents testamentaires, écrite à l’occasion de cette Palme d’honneur reçue à Cannes en mai 2019. 

« Au lendemain de cette Palme d’Or d’honneur, l’envie me prend de remercier toutes celles et tous ceux qui m’ont témoigné d’une manière ou d’une autre leur affection et leur sympathie, et plus encore.

Alors que mon voyage touche à sa fin, je veux le dire : j’ai connu tant de passions, tant d’amours, tant de succès et d’échecs, tant de controverses, tant d’esclandres, de ténébreuses affaires, tant de souvenirs, tant de rendez-vous manqués et rencontres impromptues, tant de hauts et de bas ; que lorsque les honneurs ne seront plus que de vains et lointains souvenirs, il est une seule chose qui brillera par sa constance et sa longévité : vous, vous seuls.

À vous qui avez fait ce que je suis, et qui ferez ce que je serai, il me fallait vous le dire.

Je vous dis merci, merci, merci. »

En 2019, plus de dix ans après avoir cessé les tournages, Alain Delon avait reçu la Palme d’or d’honneur, un moment particulièrement émouvant, au cours duquel l’acteur était apparu les larmes aux yeux. « C’est un peu un hommage posthume, mais de mon vivant », avait-il déclaré. « Je vais partir, mais je ne partirai pas sans vous remercier ».

« Il y a une chose au monde dont je suis sûr et dont je suis fier, la seule, c’est ma carrière », avait-il aussi lancé, tout en se montrant très lucide sur le crépuscule de sa vie. « Je vais vous demander pardon parce que ce soir, pour moi, plus qu’une fin de carrière, c’est une fin de vie », avait-il déclaré. 

Les hommages politiques continuent : le ministre démissionnaire de l’Économie Bruno Le Maire salue une « immense vie de cinéma », sur son compte X. 

L’actrice Véronique Jannot, qui avait partagé l’affiche avec Alain Delon dans le film « Le Toubib » de Pierre Granier-Deferre, confie sur BFMTV sa « tristesse » après la mort de l’acteur mythique. « C’était mon Dieu. C’est un grand chagrin qu’il soit parti, mais en même temps une libération pour lui, parce que cette époque, il ne l’aimait pas », déclare-t-elle, évoquant notamment la « famille qui se déchirait » autour de la légende du cinéma. Elle rend hommage à un « acteur formidable », bien qu’il n’était « pas confortable » de tourner à ses côtés, en raison de son « côté félin ». 

Le 7e Art français perd ce dimanche l’un de ses monstres sacrés. Retour sur les grandes dates de cet acteur mythique, qui vient de s’éteindre « très tôt au milieu de la nuit », selon ses trois enfants. 

• 8 novembre 1935 : il naît à Sceaux, en banlieue parisienne
• 1960 : première révélation avec « Plein soleil » de René Clément et « Rocco et ses frères » de Luchino Visconti, avec qui il tourne encore « Le Guépard » trois ans plus tard
• 1964 : son premier fils Anthony naît de son mariage avec Francine Canovas, dite Nathalie Delon. Il a ensuite deux autres enfants avec la mannequin Rosalie Van Breemen, Anouchka, ouvertement sa préférée, et Alain-Fabien
• 1967 : il tourne dans « Le Samouraï » de Jean-Pierre Melville
• 1969 : sortie de « La Piscine » de Jacques Deray, avec Romy Schneider, le premier grand amour de sa vie. La réalisateur le dirige à nouveau un an plus tard dans « Borsalino »
• 1976 : il tourne dans « Monsieur Klein » de Joseph Losey, un de ses meilleurs rôles
• 1985 : il reçoit le César du meilleur acteur pour « Notre histoire » de Bertrand Blier, l’unique César de sa carrière
• 2019 : il reçoit la Palme d’honneur au Festival de Cannes, juste avant d’être victime d’un grave AVC qui le diminue fortement
• 2023 : ses trois enfants portent plainte contre sa dame de compagnie Hiromi Rollin pour des faits de harcèlement moral, des plaintes classées sans suite
• 2024: ses enfants se livrent une guerre fratricide, par médias et justice interposés. Les deux fils accusent leur sœur de manipuler leur père et de leur avoir caché son état de santé
• 18 août 2024 : ses enfants annoncent son décès, dans sa maison de Douchy

La Cinémathèque française rend hommage à l’acteur mythique, qui affirmait toujours vivre ses rôles et non pas les jouer. « Un acteur est un accident. Je suis un accident. Ma vie est un accident. Ma carrière est un accident », avait lancé la légende du cinéma. 

Alain Delon refusait d’ailleurs d’être désigné comme un « comédien » : « Un comédien joue, un acteur vit ses rôles. C’est ce qui fait la différence entre Jean-Paul (Belmondo) et moi », avait-il tancé auprès du Parisien, lui qui appelait constamment les journalistes pour les remercier pour la publication d’un article à son sujet… à moins qu’il n’ait été contrarié ou blessé par un texte, comme on vous le raconte dans cet article. 

Sur les réseaux sociaux, les hommages des internautes à la star de cinéma se succèdent. Une vidéo en particulier circule largement : un questionnaire de Bernard Pivot, auquel Alain Delon répondait sans détour en 1996. Son mot préféré, « honneur », sa drogue favorite, « l’amour », le bruit qu’il aime, « le hurlement du loup la nuit dans la forêt », son juron favori, « putain de merde », égrène l’acteur… qui confie au passage vouloir se réincarner en « malinois, un berger belge ». 

« Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire à vous, Alain Delon ? », demande aussi le journaliste. « Puisque tel est ton plus grand et plus profond regret, je le sais, viens, je te mène à ton père et ta mère, afin que pour la première fois, enfin, tu les vois ensemble », répond l’acteur, le ton grave. 

L’ancien ministre de la Culture Jack Lang rend hommage sur France info à « la gentillesse » de l’acteur, et à leur « lien d’amitié » pendant « une vingtaine d’années ». Aux côtés de sa femme, l’ancien membre du gouvernement de François Mitterrand avait « pour lui une tendresse, nous savions les douleurs qui étaient les siennes », déclare-t-il, « au-delà de l’immense acteur, prodigieux, (…) ce prince du cinéma ». 

Il décrit une star « extrêmement pudique, réservé, retenu, timide en même temps même s’il s’exprimait de temps en temps brutalement, avec éclat ». « Alain a connu tout au long du temps des moments heureux, de rejet », y compris dans le monde du cinéma, « qui parfois fut dur avec lui », poursuit-il, dépeignant un homme aux « convictions » politiques éloignées des siennes mais pour autant proche de lui.

Les derniers mois ont été marqués par un bras de fer fratricide entre les enfants de la légende du cinéma, à coups de déclarations publiques et de procédures judiciaires. L’acteur a entretenu des relations tumultueuses avec ses deux fils Anthony et Alain-Fabien, tandis qu’Anouchka faisait figure au contraire de fille adorée, comme on vous l’explique dans ce portrait de famille. C’est malgré tout la fratrie réunie qui a annoncé d’une seule voix la mort de leur père ce dimanche. 

Les personnalités politiques commencent à rendre hommage à l’acteur de 88 ans : « Adieu cher Alain ! », écrit la présidente de la région Île-de-France et membre de LR Valérie Pécresse sur X. Le patron du parti Eric Ciotti décrit quant à lui à une star qui « était de la race des seigneurs », « l’Homme français avec un grand H ». « La France pleure un monstre sacré qui habita le quotidien des Français par delà les générations et continuera à nous faire vibrer encore longtemps », ajoute-t-il, poursuivant : « patriote sincère et homme de droite, Alain Delon a toujours défendu une certaine idée de la France ».

« Il était habité par la grâce. La star ultime. Le Samourai » : l’écrivain et réalisateur Philippe Labro rend hommage sur son compte X à l’acteur. « Adieu l’ami », écrit-il, rendant hommage à une « personnalité incroyable et fascinante ». 

« Plein soleil », « Le Guépard », « La Piscine », « Une chance sur deux », ou encore « Astérix aux Jeux olympiques »… Alain Delon a multiplié les grands écarts au fil de sa carrière, entre chefs-d’œuvre, films commerciaux et quelques navets. Rétrospective d’une carrière foisonnante, qui avait pris fin en 2008, autour de 12 films incontournables. 

Si les trois enfants de l’acteur n’ont pour l’heure rien partagé sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de la mort de leur père, sa fille Anouchka Delon avait partagé ces dernières heures sur son compte Instagram une photo du chien Loubo, le fidèle compagnon d’Alain Delon, qu’elle photographie depuis la fenêtre d’une voiture. 

C’est à Douchy, sa propriété du Loiret, que la légende du cinéma avait voulu finir ses jours et être enterré. Après avoir congédié sa dame de compagnie Hiromi Rollin, au cœur d’une polémique avec ses enfants, l’acteur y vivait depuis 2023. Sa santé s’était dégradée ces dernières années, mais il avait refusé tout traitement, que ce soit pour son cancer ou pour les suites de son AVC en 2019. La fin de sa vie a aussi été marquée par des tensions fratricides entre ses enfants. Un épilogue en crépuscule, que l’on vous raconte dans cet article. 

Invité sur France info, le photographe Jean-Marie Périer se dit « complètement effaré », de la nouvelle de la mort de l’acteur. « Je suis très triste », lâche-t-il, très ému, rendant hommage à une star qui « n’a pas été à la facilité ». 

« J’ai entendu plein de choses désagréables sur lui pendant des années. Mais c’est quelqu’un qui était parti de rien. (…) Bien sûr que quand on a un tel succès au cinéma, on est influencé (…) par le regard des autres », mais Alain Delon n’était « pas un voyou, plutôt un prince qui aimait bien les voyous », le décrit-il. « Il a aidé des gens, (…) il a pris des risques, ce qui n’est pas le cas de tous les acteurs. Je le trouvais courageux. C’était quelqu’un qui était beaucoup plus agréable dans les rapports, que ce qu’on a dit de lui par la suite », ajoute-t-il.

Diminué depuis plusieurs mois par des soucis de santé consécutifs à un AVC en 2019, le comédien de 88 ans vivait diminué dans sa propriété familiale de Douchy, dans le Loiret.

Depuis son premier long-métrage en 1957, à l’âge de 23 ans, Delon a tourné dans 88 films et sept téléfilms. Il a été le héros d’une douzaine de chefs-d’œuvre ou de films cultes, parmi lesquels « Plein Soleil », « Rocco et ses frères », « le Guépard », « Mélodie en sous-sol », « le Samouraï », « Borsalino », « la Piscine » ou « Monsieur Klein ».

Ce sont les trois enfants de l’acteur qui ont annoncé son décès dans un communiqué à l’AFP, ce dimanche matin. 
« Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l’immense chagrin d’annoncer le départ de leur père. Il s’est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens. (…) Sa famille vous prie de bien vouloir respecter son intimité, dans ce moment de deuil extrêmement douloureux », indique le communiqué.

« L’acteur de Plein soleil et du Samourai s’en est allé rejoindre (la Vierge) Marie parmi ses étoiles si chères à son cœur », poursuivent ses enfants, selon lesquels l’acteur est décédé « très tôt au milieu de la nuit ».

Bonjour et bienvenue dans ce direct, lié à l’annonce de la mort de l’acteur d’Alain Delon.