DIRECT. Fourgon attaqué dans l’Eure : Éric Dupond-Moretti recevra les syndicats demain à 14 heures

La prison de Bayonne sera, comme de nombreux établissements, bloquée par des agents pénitentiaires mercredi, rapportent nos confrères de France Bleu. Des blocages ont été également annoncés dans plusieurs prisons des Bouches-du-Rhône, ainsi qu’à la maison d’arrêt de Pau.
L’intersyndicale a appelé mardi soir à une journée « prisons mortes », reconductible si besoin.

Des dizaines d’extractions, pour emmener un détenu au tribunal, à l’hôpital ou dans un autre lieu de détention, ont lieu tous les jours. Depuis 2011, elles sont assurées quasiment intégralement par les agents de l’administration pénitentiaire, systématiquement équipés d’armes de poing. Comment se déroulent-elles ? On vous explique.

Anaïs se trouvait dans un bus, au péage d’Incarville, au moment de l’attaque. Elle a pu filmer une partie de l’évasion depuis le véhicule et raconte au Parisien la terreur des passagers.

« Je suis complétement abasourdi depuis que j’ai su qu’on le disait impliqué dans ce drame », a déclaré sur BFMTV Hugues Vigier, avocat de Mohamed Amra. Il s’est dit « surpris » et « dévasté » par ce drame, « c’est terrible ». « C’est d’une violence inouïe, inacceptable et on n’a pas envie que ce soit quelqu’un que l’on connait », ajoute-t-il. « Si de manière générale j’avais une chose à dire c’est : on vient devant les juges, on s’explique, on ne fuit pas, la fuite non. Si on a des responsabilités on les assume ».

« La Nation est en deuil », a écrit sur X l’ex-Première ministre Elisabeth Borne ce mardi, quelques heures après l’attaque du fourgon pénitentiaire dans l’Eure. « Mes pensées vont aux familles des agents de l’administration pénitentiaire qui ont perdu la vie alors qu’ils accomplissaient leur mission dans le département de l’Eure. Hommes et femmes de la PREJ ((pôle de rattachement des extractions judiciaires) de Caen, nous sommes à vos côtés. »

« J’ai craqué, j’ai pleuré, je n’étais pas bien » a déclaré ce mardi sur RTL la mère du détenu évadé, « comment on peut ôter des vies comme ça? C’est cela qui me rend malade, c’est grave quand même. Ils le trimballent de droite à gauche, ils le mettent en isolement au lieu de le juger une bonne fois pour toute ». Elle ajoute que son fils « ne lui parle pas, c’est mon fils mais il ne me parle de rien ». Elle explique être allée le voir en prison plusieurs fois, « on parlait normal, moi il ne m’a rien montré, je ne comprends pas ».

Si les détonations ont cessé à Incarville, l’émotion reste grande dans cette commune normande d’environ 1 400 habitants, habituellement tranquille. « C’est quand même désolant, on espère que les auteurs vont être retrouvés rapidement et qu’ils vont être mis hors d’état de nuire », lâche le maire Patrick Maugars auprès de l’AFP, avec « une grosse grosse pensée » pour les familles des victimes. « Les administrés que j’ai pu voir, je les rassure en leur disant qu’il n’y a plus de danger à avoir sur Incarville, ils sont partis ailleurs », précise-t-il.

Plusieurs têtes de listes aux élections européennes ont réagi ce mardi à l’attaque du fourgon pénitentiaire dans l’Eure. « Pensées émues pour les trois agents pénitentiaires tués et à ceux blessés lors de l’attaque d’un convoi dans l’Eure », écrit la candidate LFI Manon Aubry qui exprime toutes ses « condoléances » aux proches des victimes. « C’est avec effroi et une immense tristesse que nous apprenons l’attaque d’un véhicule de l’administration pénitentiaire à Incarville, et la mort d’agents », a de son côté déclaré le candidat RN Jordan Bardella, dénonçant au passage « une véritable sauvagerie qui s’abat chaque jour sur la France. »

« L’État perd le contrôle, écrit également François-Xavier Bellamy (LR), les détenus communiquent sans difficulté, les armes circulent partout, la justice n’arrête pas les mafias, la pénitentiaire est lâchée dans des prisons où la violence règne. Sans ce délitement, des enfants ne seraient pas orphelins ce matin. »

L’attaque a eu lieu à 11 heures ce mardi matin, alors que le fourgon ramenait le détenu à la maison d’arrêt d’Evreux.

« Des vidéos choquantes de l’attaque circulent sur les réseaux sociaux », prévient le ministère de l’Intérieur sur X, « ne les repartagez pas. Ne les likez pas ». Il appelle également à les signaler sur la plateforme Pharos.

Jérôme habite à proximité du péage. Gendarme de la réserve opérationnelle, il connaît les détonations des armes lourdes. « J’étais dans mon jardin au moment où cela s’est passé, rembobine-t-il auprès du Parisien. J’ai entendu une première série d’une trentaine de coups d’armes automatiques. C’était une série très intense de coups de feu. Ensuite plus rien. Le calme a duré une minute, peut-être deux. Ensuite, j’ai entendu une très grosse détonation qui ressemblait à celle d’une grenade, suivie de deux derniers coups de feu et puis c’est tout… ». Il comprend tout de suite la gravité de la situation et aperçoit ensuite depuis sa fenêtre le ballet des premiers secours.

Muriel vit à une centaine de mètres à vol d’oiseau du péage d’Incarville où est survenue l’attaque du convoi de l’administration pénitentiaire. Il était aux alentours de 11h quand elle a entendu l’attaque. Son fils « dormait encore et a été réveillé brusquement par le bruit d’une explosion qui a fait vibrer les vitres de la maison », raconte-t-elle au Parisien. Elle se souvient ensuite de bruits en rafale qu’elle ne parvient pas à identifier tout de suite comme ceux d’une arme à feu. Sur le coup, elle imagine qu’il s’agit peut-être d’un accident de la circulation très particulier.

L’attaque de ce mardi matin est survenue au péage d’Incarville, sur l’A154, alors que le convoi pénitentiaire ramenait le détenu à la maison d’arrêt d’Evreux.

Bison Futé rappelle ce mardi après-midi que « suite à un incident impliquant un fourgon et une voiture à hauteur de la commune de Val-de-Reuil dans le département de l’Eure (27), l’autoroute A154 est désormais fermée dans le sens Incarville vers Evreux ». « Les équipes d’intervention et de sécurité sont sur le site de l’incident pour assurer la protection du site », ajoute Bison Futé.

Un itinéraire de déviation est prévu via l’A13 à l’échangeur n°20 de Criquebeuf en direction d’Evreux. « La durée de la fermeture est indéterminée », précise le site.

« C’est avec une grande tristesse et colère que nous venons d’apprendre le décès, en service, de nos collègues PREJ (pôles de rattachement des extractions judiciaires) de Caen », écrit dans un message sur X le syndicat de l’administration pénitentiaire SNEPAP-FSU. Il présente « ses plus profondes condoléances aux familles des collègues décédés en mission, à leurs collègues proches et aux PREJ. Nous formulons nos vœux de prompt rétablissement aux collègues blessés ».

Gérald Darmanin a lancé ce mardi le « plan épervier » après l’évasion d’un détenu dans l’Eure. Ce plan est activé après une évasion, un enlèvement ou afin d’interpeller une personne recherchée. Celui-ci « mobilise l’ensemble des moyens du département pour contrôler des points stratégiques identifiés en amont » afin de « localiser au plus vite » les personnes en fuite, explique au Parisien la gendarmerie.

Le détenu qui s’est évadé ce mardi dans l’Eure est né à Rouen (Seine-Maritime). Âgé de 30 ans, surnommé « La Mouche », il est décrit comme un bandit de haut vol. Il était incarcéré en raison de multiples condamnations pour vol avec effraction, violences avec usage ou menace d’une arme, association de malfaiteurs ou encore extorsion. Il était par ailleurs mis en examen au tribunal judiciaire de Marseille pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort.

Contrairement à ce qu’avait annoncé la procureure de la République dans un premier communiqué, le détenu évadé n’était pas DPS (détenu particulièrement surveillé). Il était toutefois Escorte 3, un niveau de surveillance élevé dans l’administration pénitentiaire, mais qui n’inclut pas obligatoirement la présence de policiers ou de gendarmes lors d’un déplacement.

Après l’attaque d’un fourgon pénitentiaire, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a annoncé se rendre à Caen ce mardi (Calvados), « à la rencontre des personnels de l’administration pénitentiaire et de rendre hommage aux agents attaqués dans l’Eure ». Son arrivée est prévue à 16h45 au centre pénitentiaire de Caen.

« J’ai appris avec effroi l’attaque du convoi pénitentiaire ce matin, en marge de mon déplacement dans l’Eure », écrit le ministre chargé du commerce extérieur Franck Riester. « Je m’associe au Président de la République et exprime tout mon soutien aux victimes, à leurs proches et à l’ensemble de l’administration pénitentiaire. »

« Une cellule de crise est en place à la préfecture de l’Eure, autour du préfet », écrit la préfecture ce mardi après-midi. « Une cellule de soutien psychologique est joignable pour les témoins de l’attaque en composant le 15 », est-il également précisé. « Les forces de sécurité sont mobilisées pour interpeller les auteurs de cette attaque meurtrière ».

« Je suis sous le choc, jamais je n’aurais cru cela possible », déclare au Parisien Dominique Gombert, secrétaire général adjoint FO pénitentiaire. Il reproche les extractions de prisonniers trop pesantes pour les agents pénitentiaires. « On réclame d’avoir une vraie réflexion sur l’organisation, est-ce que la visio ne serait pas nécessaire ? Comme toutes les administrations on est sur le fil du rasoir », dit-il, « les gars turbinent et font ce qu’il peuvent (…) des collègues sont très sollicités, certains font 500 km pour 10 minutes d’audience ».

Une femme présente dans un bus à proximité de l’attaque a témoigné auprès du Parisien. « J’avais encore mes écouteurs dans les oreilles, et d’un coup je vois que tout le monde se baisse dans le bus et tout le monde va au fond », raconte-t-elle. « J’ai enlevé mes écouteurs et j’ai entendu plein de coups de feu, des gros boums aussi ». Elle dit avoir vu une voiture prendre feu juste à côté du bus et qu’un passager a pris le volant pour faire reculer le véhicule.  D’après elle, il n’y a eu aucun blessé mais « tout le monde a eu très peur ». La police est arrivée très rapidement sur les lieux.

Le parquet de la JUNALCO (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) a saisi l’OCLCO (Office central de lutte contre la criminalité organisée) et la Police Judiciaire de Rouen pour l’enquête dans l’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure.

L’enquête porte notamment sur les infractions de : « meurtre en tentative de meurtre en bande organisée (faisant encourir la réclusion à perpétuité), évasion en bande organisée, acquisition et détention d’arme de guerre » et « association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime », détaille la procureure de la République.

Le prisonnier évadé était « un détenu particulièrement surveillé (DPS) », déclare le procureur de la République ce mardi dans un communiqué. « Le 10 mai 2024, il a été condamné par le tribunal d’Evreux pour un vol avec effraction. Cet homme est par ailleurs mis en examen par la JIRS de Marseille pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort. »

Plusieurs parlementaires ont réagi ce mardi après l’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure. « Quand un véhicule pénitentiaire est assailli et que ses agents sont assassinés, c’est toute la Justice, et tout le peuple français, qui sont pris pour cibles », écrit le président du parti Reconquête Eric Zemmour sur X. « Stupeur après cette attaque d’une violence effroyable », écrit la cheffe de file des députés insoumis Mathilde Panot. « Immense soutien aux familles et proches endeuillés. Aucun agent du service public ne devrait mourir dans l’exercice de ses fonctions. »

« Nous sommes tous en état de choc, en deuil », déclare auprès du Parisien Emmanuel Baudin, secrétaire général FO Justice, « notre première pensée va aux familles de nos collègues ». Dès demain, il promet une action intersyndicale pour protester contre les extractions de détenus. Le détenu évadé était déplacé de la prison d’Evreux ce mardi pour un déplacement au tribunal de Rouen.

FO appelle à privilégier les rendez-vous par visio et à faire appel le plus possible à la police et la gendarmerie pour les escortes.

Les deux agents pénitentiaires tués ce mardi sont un officier et un gardien nés en 1972 et un en 1989, selon nos informations. L’un avait une femme et deux enfants, a précisé le ministre de la Justice Eric Dupond Moretti ce mardi, « l’autre laisse une femme enceinte de 5 mois ».

Il y a deux jours, le détenu qui s’est échappé avait tenté de scier les barreaux de sa cellule, selon une source pénitentiaire au Parisien. Il avait été mis en isolement et son niveau de surveillance avait été élevé à « Escorte 3 ».

« L’attaque de ce matin, qui a coûté la vie à des agents de l’administration pénitentiaire, est un choc pour nous tous. La Nation se tient aux côtés des familles, des blessés et de leurs collègues. Nous serons intraitables », a déclaré le chef de l’Etat sur X.

Le maire d’Incarville, Patrick Maugars s’est exprimé sur BFMTV. Il présente ses condoléances aux familles des victimes. « Je suis attristé par ce qu’il s’est passé sur ma commune ».

Plus de 200 gendarmes sont mobilisés, provenant majoritairement de l’Eure, mais aussi des départements limitrophes.

La plupart sont issus d’unités de gendarmerie départementale et de sécurité routière. Un hélicoptère et des unités spécialisés, dont le GIGN, sont en renfort.

Le tribunal de Lille s’est dessaisi de l’affaire.

C’est la Junalco, juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée, qui est maintenant en charge du dossier.

Selon une source policière à l’AFP, l’attaque a été menée par un commando de plusieurs malfaiteurs, dont on ignore le nombre. Ils ont utilisé deux véhicules.

L’un d’entre eux a été retrouvé peu après les faits, « carbonisé », dans un lieu qui n’a pas été précisé par cette source.

Le porte-parole du syndicat CFTC Police, Axel Ronde, s’est exprimé sur X (ex-Twitter). Il dénonce un « véritable commando ».

Plusieurs élus ont commencé à réagir à l’attaque d’un convoi pénitentiaire ce mardi matin. « La sidération et la tristesse saisissent chacun d’entre nous devant l’atrocité du crime », écrit le député LaRem Sacha Houlié sur X. « Je veux adresser mes sincères condoléances aux familles, à leurs proches ainsi que mon total soutien et mon immense considération à tous les agents de l’administration pénitentiaire. » « Toutes nos pensées vont aux victimes de l’attaque du convoi pénitentiaire dans l’Eure, à leurs familles, à leurs collègues », écrit également le sénateur socialiste Jérôme Durain.

Les investigations dans cette affaire ont été confiées à l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLO), à la police judiciaire (PJ) de Rouen et à la section de recherche (SR) de Rouen, selon nos informations.

Sur demande des forces de l’ordre, la route nationale 154 a été fermée dans le sens Évreux-Louviers au niveau de l’échangeur 4 « Louviers centre » pour une « durée indéterminée », a fait savoir Bison Futé. La durée de la coupure est « indéterminée », écrit le site.

« Trois agents de la pénitentiaire sont décédés victimes de tirs de fusil à pompe » lors de l’attaque « à la voiture bélier », a déclaré une source policière à l’AFP ce mardi. Le Parisien n’a pas pu, pour le moment, confirmer cette information.