A la veille de sa première visite en Ukraine, vendredi 23 août, le premier ministre indien, Narendra Modi, s’est dit « convaincu qu’aucun problème ne peut être résolu sur un champ de bataille ». Son déplacement à Kiev, le premier depuis le début de l’invasion russe, intervient alors que les troupes ukrainiennes poursuivent leur offensive en Russie, où elles affirment contrôler 1 263 kilomètres carrés et 93 localités.
Début juillet, M. Modi avait déclenché la colère de Volodymyr Zelensky, après avoir été photographié en train d’étreindre Vladimir Poutine, lors d’un déplacement à Moscou, au moment même où un hôpital pour enfants venait d’être bombardé à Kiev. En Ukraine, il entend discuter avec le président ukrainien des « perspectives de règlement pacifique du conflit ukrainien en cours ».
Un « règlement pacifique » semble encore loin. Des pourparlers indirects, tenus dans le plus grand secret, ont toutefois eu lieu ces derniers temps entre l’Ukraine et la Russie, a révélé le Washington Post, le 17 août. L’objectif était de négocier un « accord historique mettant fin aux frappes sur les infrastructures énergétiques et électriques des deux côtés », l’équivalent d’un « cessez-le-feu partiel et un sursis aux deux pays ». Des délégations russe et ukrainienne devaient se rencontrer à Doha, fin août, mais l’incursion ukrainienne dans la région de Koursk, lancée le 6 août, en a interrompu le processus. « La Russie n’a pas annulé les pourparlers, elle a dit qu’il fallait attendre un peu », précise le quotidien américain.
Une source proche du dossier confirme au Monde l’existence de ces pourparlers. L’idée a émergé après la conférence sur la paix en Ukraine, qui s’est tenue mi-juin, en Suisse. « Le Qatar a proposé d’accueillir des négociations sur l’énergie et souhaitait que la Russie et l’Ukraine y participent pour obtenir des résultats concrets et tangibles. Mais la récente escalade [l’incursion ukrainienne à Koursk] a reporté cette décision jusqu’à nouvel ordre. Les pourparlers devaient avoir lieu en présentiel fin août », précise la même source. Le Qatar a déjà servi de médiateur entre les belligérants, afin de libérer des dizaines d’enfants ukrainiens transférés illégalement en Russie ou dans les territoires occupés.
Etonnement en Ukraine
Un diplomate ukrainien précise au Monde que son pays « compte beaucoup sur le canal qatari, qui travaille avec toute l’équipe du président Zelensky depuis longtemps ». Ce n’est sans doute pas un hasard si la conférence en Suisse, à laquelle la Russie n’avait pas été invitée, s’est tenue dans le complexe hôtelier alpin du Bürgenstock, propriété d’une chaîne hôtelière qatarie.
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