Défilés de Milan : Max Mara, Jil Sander, Boss, Marni ou la science du vêtement

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La féminité forte de Max Mara, la poésie postmoderne de Jil Sander, l’éloge de la beauté de Marni et le tailoring au cordeau de Boss, les podiums italiens de l’été 2025 prouvent leur sens du chic et leur savoir-faire.

Chez Max Mara, Ian Griffiths, le directeur artistique (dans la maison depuis 37 ans), maîtrise la science du vêtement. C’est d’ailleurs le thème de cette collection : « Je me suis passionné pour l’approche expérimentale, mathématique de la construction d’un vêtement, raconte-t-il en coulisses. J’ai des souvenirs, enfant, de ma mère découpant les patrons sur la table du salon, assemblant les morceaux, ajustant les pinces, calculant les écarts de couture pour que tout tombe parfaitement. Elle faisait de la géométrie dans l’espace… Mais à la fin, il ne s’agit pas que ça se remarque… Je ne suis pas sûr que nos clientes poussent la porte des boutiques pour s’acheter une “expérience scientifique” (rires). » Effectivement, ces femmes pressées sont plutôt à la recherche de la parfaite chemise blanche, du tailleur au cordeau, de la robe en maille seconde peau, du manteau en cachemire beige (leur best-seller) qui donne de la confiance. À l’image de cette femme Max Mara aux airs de Carolyn Bessette, en sandales plates et cheveux élégamment plaqués. Un chic néoclassique/bourgeois dans l’air du temps. Et ça fait du bien.

Défilé printemps-été 2025 Max Mara.
SDP

Depuis huit ans que Francesco Risso est aux commandes de Marni, ses shows aux mises en scène parfois chaotiques et ses collections hors norme nous ont laissés plus d’une fois perplexes. Mardi, assise sur une chaise d’écolier, à un mètre de notre voisin, dans le showroom de la marque tendu de blanc, on se demande ce que nous réserve l’« enfant rebelle de la mode milanaise » comme est surnommé dans la presse le designer de 42 ans tout de même ! Difficile de juger au premier abord, les mannequins passant au ras des invités, le plus souvent dans notre dos, juste éclairés par une poursuite. Il aura fallu le finale, et que la salle soit en pleine lumière pour que la beauté de ce vestiaire nous saute aux yeux. Soit des robes bustier fifties imprimées de grosses fleurs, des chemises à manches gigot et des costumes à revers noir trois fois trop grands portés par des créatures à la mise en plis façon Hairspray et au maquillage à la Divine. Mais en fait, rien à voir avec les films de John Waters… « C’est une évocation de Léon de Luc Besson (1994), nous éclaire Risso, ému, en coulisses. Ce personnage de tueur à gages est un oxymore de notre temps, cruel et empathique, vulnérable et fort. Dans ce contexte troublé, je me demande souvent s’il existe quelque chose de plus primordial que la beauté. Alors, les mannequins ont simplement déambulé à travers ces chaises, pour que seul l’œil du public puisse décider ce qu’il veut voir, suivant un fil rouge, un fil de coton, la seule matière de cette collection en signe de résistance. »

Défilé printemps-été 2025 Marni.
SDP

L’ambiance est certes plus conventionnelle chez Jil Sander mais pas dénuée de poésie. Cette saison, Lucie et Luke Meier, le couple à la tête de la griffe, ont tiré leur inspiration « des clichés de Vancouver, Tokyo, Hongkong du photographe canadien Greg Girard, avec ces magnifiques lumières entre chien et loup. Il en émane souvent cette solitude que l’on peut ressentir dans des mégalopoles surpeuplées. Nous avions envie d’explorer des émotions un peu plus sombres, des couleurs éteintes, des matières iridescentes reflétant la lumière. » Sur la moquette à fleurs défilent de magnifiques robes chinoises déstructurées, des costumes masculin/féminin irréprochables, de petites robes froissées à cols volantés et des boots de rocker à tomber. Depuis huit ans, le couple creuse avec talent son sillon, celui d’une mode intello mais seyante, radicale mais sensuelle. Encore une fois réussie.

Défilé printemps-été 2025 Jil Sander.
Alessandro Lucioni / Gorunway.com

Chez Boss, on nous avait annoncé la présence de l’ambassadeur maison, David Beckham. Jamais désagréable. On a eu en prime celle de Taylor Fritz, le charmant finaliste de l’US Open, que la marque sponsorise. Le tennisman n’a d’ailleurs pas hésité à revêtir le costume de l’été prochain (bleu marine, tomber nonchalant, porté sans cravate) et à défiler dans la cour du Palazzo del Senato, transformé en oasis de verdure. Dans ses pas, son confrère Matteo Berrettini et le médaillé d’or du 100 m brasse aux JO de Paris, Nicolo Martinenghi. Une belle équipe pour promouvoir ce tailoring bien taillé qui prend la clé des champs.

Taylor Fritz, finaliste de l’US Open, défilant pour Boss.
AFP



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