En ce mois de juillet, un chaud soleil darde ses rayons sur le château de La Barben (Bouches-du-Rhône), perché au sommet d’un massif rocailleux entre Arles et Aix-en-Provence. Les nuages judiciaires ont pourtant assombri l’avenir de cette forteresse transformée en 2021 en parc d’attractions dédié au folklore provençal sous le nom de Rocher Mistral.
En février, le tribunal d’Aix-en-Provence a condamné son propriétaire, Vianney d’Alançon, pour diverses atteintes à l’urbanisme, au patrimoine et à l’environnement, ainsi qu’à deux amendes avec sursis de 70 000 et 20 000 euros assorties de l’obligation de remettre en état l’ancien potager aménagé pour des spectacles, le jardin « à la française » ainsi que les parkings. Renvoyant systématiquement toute critique à la condescendance des « élites parisiennes », l’entrepreneur fustige l’acharnement des « gardiens de l’orthodoxie », à savoir La Tribune de l’art, qui lui a consacré pas moins de quatorze articles féroces, ainsi que l’association Sites & Monuments – « des conservateurs idéologues ». Et de surjouer la victime : « Que veulent les défenseurs du patrimoine, que ce lieu tombe en ruine ? Les gens crèvent des normes. » Lui prétend s’en passer allègrement, au motif que le business n’attend pas.
En rachetant, en 2019, le château de La Barben pour 10 millions d’euros, avec l’apport d’investisseurs tels que Vincent Montagne, PDG de Média-Participations, la société Habert Dassault Finance et la famille Deniau via la société Ricardo Ranch, Vianney d’Alançon pensait rejouer en grand la formule expérimentée cinq ans plus tôt dans la forteresse de Saint-Vidal (Haute-Loire) : un parc d’attractions façon Puy du Fou, à la différence notable que les employés n’y sont pas bénévoles mais salariés ou intermittents.
« Un projet démesuré et inadapté au lieu »
Avant même son inauguration, Rocher Mistral s’est attiré les foudres des riverains, historiens et protecteurs de l’environnement. « Un projet démesuré et totalement inadapté au lieu, qui cherche à forcer sciemment toutes les lois d’urbanisme, du patrimoine, d’environnement », tonne Xavier Daumalin, qui habite le village de La Barben. Aux yeux de cet historien, Rocher Mistral offre aussi une vision étriquée de la Provence, « une histoire fermée sur elle-même alors que cette région est ouverte à toutes les influences ». Et de rappeler que, en 2021, une motion de soutien à Rocher Mistral, portée par le groupe Les Républicains au conseil de la Métropole Aix-Marseille-Provence avant d’être retirée in extremis, saluait, dans des accents identitaires, « une politique culturelle de l’enracinement et d’amour de la France ».
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