Dans les années folles, les robes d’Augusta Bernard, l’élégance à l’état pur

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La couturière en 1934, l’année où elle ferme boutique.

Paris, 1934. Les conséquences du krach financier de 1929 se font encore sentir et la situation sociale ne cesse de se dégrader. Le 6 février, la République vacille, la manifestation des ligues nationalistes tourne à l’émeute. Dans la capitale, la peur est palpable. Fin décembre, la maison Augusta­bernard, au bord de la ­faillite, est contrainte de mettre la clé sous la porte. L’ascension de la couturière fut aussi rapide que sa chute.

Augusta Bernard a connu un succès fulgurant dans les années 1920, rivalisant avec les figures les plus en vogue de l’époque telles que Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli ou Jeanne Lanvin. Elle a habillé les personnalités en vue du Tout-Paris, conquis New York et imposé son style à l’épure avant-gardiste. Ses longues robes du soir vaporeuses et fluides, d’une élégance extrême, semblaient flotter autour des corps, ne tenant qu’à un fil.

Celle qui fut admirée par Azzedine Alaïa et Christian Dior, qui a inspiré les ­designers minimalistes des années 1990 n’est plus jamais ­réapparue après avoir fermé boutique. Les historiens et les collectionneurs, qui se sont passionnés pour son travail, ont tout bonnement perdu sa trace. Augusta Bernard s’est volatilisée et l’histoire a oublié son nom.

Copiste, une pratique en vogue

Augusta Victoria Bernard naît le 12 septembre 1886 à Biarritz, dans le Pays basque, de parents tailleurs. C’est auprès d’eux que la jeune fille s’initie à la couture et forge son œil, qui fera plus tard des miracles. Très vite, elle se fait un nom en tant que copiste – une pratique en vogue à l’époque.

« Elle a d’abord été acheteuse à Biarritz, qui était une importante ville de mode et de villégiature. Au début du XXe siècle, on pouvait acheter le droit de copier les vêtements de grands couturiers et de vendre les reproductions à une clientèle locale par le biais d’un contrat de licence. Il s’agissait là d’une pratique tout à fait légale et une très bonne école pour perfectionner son apprentissage », explique l’historien de la mode Olivier Saillard.

C’est ainsi, par exemple, qu’a débuté Cristóbal Balenciaga, à Saint-Sébastien (au Pays basque espagnol), en copiant des robes de Madeleine Vionnet, jusqu’à ce que celle-ci lui conseille plutôt de créer ses propres modèles tant ses reproductions frôlaient la perfection. « N’oublions pas qu’à l’époque la technique était primordiale et un gage de haute couture », ajoute Olivier Saillard.

Elle fonde sa propre enseigne

Au début des années 1920, forte de cette expérience, Augusta Bernard gagne Paris et ouvre son salon au 3, rue du Faubourg-Saint-Honoré, en 1923. C’est un pari sur l’avenir, mais la créatrice, alors âgée de 37 ans, n’est pas du genre à se décourager. Tout comme Maggy Rouff, Louise Boulanger ou Elsa Schiaparelli, elle fait partie de ces femmes qui entreprennent, avec une certaine audace, de fonder leur propre enseigne après-guerre.

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