Dans le métavers, un premier musée virtuel dédié à la radiologie

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RÉCIT – Actuellement exposé chez Guerlain sur les Champs-Élysées, le scientifique artiste Rodolphe von Gombergh a mis en ligne des photos du Covid à l’intérieur des artères pulmonaires. Retour sur le parcours de ce pionnier de l’usage des ondes en France.

Cet article est issu du «Figaro Magazine»

En pénétrant dans le hall d’entrée, nous sommes invités à nous orienter vers deux mondes que tout oppose en apparence mais qui vont se révéler profondément imbriqués: l’art et la science. Douze étages, 6 de chaque, regroupant 24 salles, s’ouvrent à nos regards avides pour nous faire découvrir les œuvres de Rodolphe von Gombergh, maître de la transparence et explorateur du métavers. Le musée que nous parcourons est entièrement numérique. Chimère virtuelle d’un monde dominé par l’image, il explore le dessous des éléments, la structure des apparences, pour mettre en lumière les éventuelles pathologies mais aussi la poésie intérieure inattendue des êtres vivants et des objets.

Pionnier de l’usage des ondes en France, le Dr Rodolphe Gombergh (l’ajout de la particule «von» différencie l’artiste du scientifique) a créé et dirige un centre de radiologie rue Malesherbes à Paris. Excentrique (il s’habille en Vivienne Westwood) et volubile, ce dandy rétro-moderne a toujours cherché à croiser les avancées de la science avec celles de la création artistique, chaque genre nourrissant l’autre dans une spirale créative permanente. À la manière d’un peintre avec son pinceau ou d’un photographe avec son reflex, il exploite l’agilité des ondes des scanners et des IRM, ainsi que la puissance des supercalculateurs, pour engendrer des images spectaculaires, fantasques, uniques, de l’intérieur du corps humain, de végétaux ou d’objets du quotidien. Avec son œil d’artiste, il insuffle une poésie poignante à la matière, sans scalpel et sans manipulation physique invasive. Une révolution médicale et artistique! «L’œil humain ne peut différencier que 16 niveaux de gris alors que, en additionnant les modifications de couleur, de transparence ou d’éclairage, les ondes électromagnétiques de l’IRM ou les rayons X du scanner sont capables d’accéder à 12 milliards de nuances pour chaque image analysée, explique Rodolphe Gombergh. En accédant à la transparence et à de multiples niveaux de lecture de la matière, les radiologues ont inventé le “métavers” trente ans avant tout le monde.»

Avant-gardiste

Dès les années 1990, il stylise des échographies de bébés en 3D et les transforme en œuvres d’art. Témoignage des mutations de notre époque, ces représentations seront exposées au Musée Beaubourg. En 2005, Jean-François Jarrige, archéologue et conservateur du Musée Guimet, fait sortir en douce un ensemble de trois bouddhas coréens du XIe siècle pour les confier aux scanners experts du Dr Gombergh. À la stupéfaction générale, il révèle la présence de bijoux et de messages, dissimulés au niveau de la tête, là où les anciens hindous situaient l’âme humaine (et non au niveau du cœur comme le pensaient les Occidentaux de l’époque). Personne ne les avait décelés car l’ouverture des statuettes aurait compromis leur structure et leur valeur. Dans la foulée, il réalise de magnifiques épures numériques de ces objets sacrés.

Avec ses instruments, il réussit à naviguer à l’intérieur des pages de l’ouvrage pour révéler des soutras (préceptes sanskrits) rédigés en grosses lettres d’or

L’aventure ne s’arrête pas là! Quelques années plus tard, à l’occasion d’un dégât des eaux, un livre ancien est retrouvé dans le pied de l’un des bouddhas. Il est évidemment hors de question de le manipuler puisque cela le détruirait irrémédiablement. C’est encore le Dr Gombergh qui se charge de l’ausculter virtuellement. Avec ses instruments, il réussit à naviguer à l’intérieur des pages de l’ouvrage pour révéler des soutras (préceptes sanskrits) rédigés en grosses lettres d’or. La puissance informatique ayant connu une progression exponentielle ces dernières années, il réalise alors un incroyable voyage intérieur en vidéo, autour et à l’intérieur du livre, révélant en relief la beauté pictographique de ce témoignage millénaire. Cette œuvre unique est actuellement visible à la maison Guerlain jusqu’au 12 septembre au sein de l’exposition gratuite «Or Norme», avec des artistes comme Yves Klein ou Isabel Muñoz (64, rue des Champs-Élysées, Paris).

L’art de la transparence

En 2020, au début de la première vague de Covid, il est envahi par une fatigue fulgurante et voit sa température monter à 38,5 °C. Alors qu’il ne ressent aucun autre symptôme ni problème respiratoire, il décide d’utiliser sa technique d’imagerie médicale en sept dimensions pour vérifier l’état de ses artères pulmonaires (elle permet de se déplacer virtuellement dans les tissus, avec la possibilité de changer les perspectives, les zooms, les niveaux de transparence). Il découvre les signes d’une petite thrombose mais surtout les preuves visuelles de la présence du coronavirus. Étonnamment, il est déjà en train de s’évacuer. Il comprend fortuitement que le traitement anticoagulant qu’il a reçu quelques mois plus tôt pour disperser une précédente thrombose, l’a protégé. Par le plus grand des hasards, il vient de mettre à jour un traitement au symptôme le plus fatal de la maladie, celui qui tue dans 90 % des cas: l’embolie pulmonaire (obstruction d’une artère irriguant le poumon par un caillot sanguin). Cette découverte sera partagée et confirmée par d’autres chercheurs avant de devenir le traitement principal pour les patients les plus touchés par cette maladie. Dans la continuité, cette technologie d’imagerie permet aujourd’hui de diagnostiquer le cancer de la prostate dès ses balbutiements et de manière non invasive, contrairement aux méthodes de biopsie encore recommandées par les autorités médicales.

En parallèle, le radiologue poursuit ses activités artistiques. Après les bouddhas coréens et la quête de la variation chromatique façon Andy Warhol, il réalise une cartographie de l’intérieur du corps de François Pinault, de Mel Gibson, ou encore de l’actrice Audrey Dana pour enfanter un personnage hybride, mêlant enveloppe extérieure et intérieure, dans une évocation stylisée que ne renierait pas Léonard de Vinci. L’artiste donne un nom à sa technique: la trans-apparence. Audrey Dana a prêté ses formes à de multiples expérimentations laissant apparaître sa beauté extérieure comme intérieure. Par la suite, François Pinault a acquis un tableau en hologramme d’Audrey découpée en morceaux.

Imagerie en 9 dimensions

En s’appuyant sur la puissance informatique émergente, Rodolphe crée en 2006 le Vlart ou Virtual Life Art. Il s’agit d’un outil numérique lui permettant de faire avancer ses recherches dans les domaines médical et artistique. En analysant les images fournies par les scanners et les IRM, conditionnées en tranches consécutives de 1 mm d’épaisseur, il invente une méthode d’imagerie en 9D pour évoluer virtuellement et en temps réel à l’intérieur des corps. Il peut en tirer des photos comme des vidéos, que les médecins ont tout loisir d’analyser à tête reposée. Les sept dimensions correspondent aux multiples niveaux de lecture des images: 3D pour la profondeur, 4D pour la temporalité, 5D pour le mouvement, 6D pour le relief, 7D pour la couleur, 8D pour la transparence…

Visible sur ordinateur, tablette ou mobile, en 3D ou en relief via un casque VR

Dix-huit ans plus tard, il ouvre la version bêta du premier musée virtuel situé dans le métavers: le MetaLifeArt. Visible sur ordinateur, tablette ou mobile, en 3D ou en relief via un casque VR, il réunit des déclinaisons chromatiques de bouddhas en transparence, des femmes plus nues que nature, des roses vues de l’intérieur, des pommes moléculaires ou des autoportraits fantaisistes et indiscrets de leur inventeur. Et évidemment les fameux soutras! Quant au volet médical, il commence à être mis en ligne. On y retrouve déjà des photos exclusives du Covid à l’intérieur des artères pulmonaires, en attendant celles de cancers de la prostate ou de métastases tapissant les organes. Pas très joyeux mais instructif! Pour en profiter pleinement, on conseillera de privilégier les grands écrans. À condition de disposer d’un ordinateur puissant et d’une bonne connexion internet, sous peine de temps de chargement interminable. Une nouvelle technologie de visite dans le métavers devrait être dévoilée dès le mois de septembre (conçue avec Nvidia, la récente première capitalisation boursière). Dans l’intervalle, il est possible de contourner le problème en visionnant une vidéo de visite du musée disponible sur la page d’accueil.

Infatigable, Rodolphe Gombergh prépare un film retraçant l’histoire de ses créations artistiques en images animées. Sans arrêter de façonner de nouvelles variations comme cette représentation de la femme et de la rose, unies par le même sexe, en transparence, esquissant un vibrant hommage à la beauté et à la fécondité. En somme, plein de bonnes ondes à partager…

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