Un village rayé de la carte en quelques heures par un torrent devenu fou. Le hameau de La Bérarde, situé à 1 720 mètres d’altitude, dans le massif de l’Oisans (Isère), a été enseveli dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 juin par des torrents de roches et de boues. Grâce à l’intervention des secours, aucune victime n’est à déplorer.
Deux phénomènes de haute intensité sont à l’origine de cet épisode hydrologique extrême : un épisode pluvieux très actif durant plus de trente-six heures, à partir de mercredi soir, conjugué à la fonte rapide de l’épaisse couche de neige des montagnes environnantes, provoquée par un réchauffement atmosphérique récent.
« Les confrontations de masses d’air chaudes et froides expliquent ces phénomènes de pluies très intenses. Le changement climatique n’y est pas pour rien. Mais cet épisode s’est combiné avec un autre phénomène ponctuel, celui d’une très importante fonte des neiges de printemps » explique Gaétan Heymes, ingénieur en météorologie, basé à Briançon (Hautes-Alpes).
Un torrent au « pouvoir de destruction considérable »
Selon les relevés de Météo-France, le seuil de gel de 0 °C est monté à une altitude de 4 000 mètres dans les jours précédant la catastrophe. Cette fonte rapide a été observée de très près par la gardienne du refuge du Promontoire, à 3 100 mètres d’altitude, en amont du site dévasté. « Avec la pluie, j’ai vu l’épaisseur de neige diminuer de 50 centimètres à 1 mètre. Tout a convergé vers La Bérarde », témoigne Sandrine Delorme, dans une vidéo recueillie par Le Dauphiné libéré.
La pluie, ajoutée à la fonte des neiges, a grossi le cours du torrent du Vénéon, lequel a emporté sur son passage des matériaux de roches et de végétation, provoquant un effet de « lave torrentielle ». Des bourrelets se forment et se libèrent dans un jeu de forces décuplées. Connu en zone montagneuse, le phénomène a pris des proportions inédites.
« Très étonnant dans son ampleur », résume Johan Berthet, géomorphologue qui a consacré sa thèse à l’impact du retrait glaciaire sur les torrents alpins. Selon lui, « la pente très élevée et la forte réserve de matériaux ont fourni au torrent un pouvoir de destruction considérable ». Le torrent s’est scindé en deux et a traversé le village emblématique de l’Oisans. Selon Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique, c’est quelque « 200 000 m3 d’eau qui ont dévalé la vallée du Vénéon ».
Le flot a ravagé des maisons et des bâtiments centenaires, emportant objets et voitures sur son passage. Si aucune victime n’est à déplorer, le bilan tient du miracle à la vue du village complètement anéanti par les eaux rocailleuses.
Il vous reste 48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
#Dans #massif #lOisans #Isère #hameau #dévasté #par #phénomène #lave #torrentielle