Daniela Festa, juriste et géographe : « En Italie, la lutte pour l’“eau bien commun” a mis en lumière l’importance du rôle des citoyens dans la gestion des biens essentiels »

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Daniela Festa est juriste et géographe à l’université Sapienza de Rome. Dans ses travaux, elle s’intéresse notamment à la participation citoyenne, aux communs et à la démocratie urbaine. Elle a collaboré à la rédaction de l’ouvrage collectif Le Dictionnaire des biens communs (PUF, 2017).

Dans quel contexte le mouvement de l’« eau bien commun » est-il né en Italie ?

Dans les années 1990, les gouvernements italiens successifs, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont mené une politique très active de privatisation du patrimoine public. Au nom des impératifs budgétaires et de l’efficacité économique, ou tout simplement pour faire face à des dépenses urgentes, l’Etat s’est désengagé de la gestion d’un certain nombre de biens publics, tels que des théâtres et des cinémas de quartier, et aussi de ce qu’on appelle les « biens domaniaux », par exemple des zones naturelles protégées. Le montant des cessions a été évalué par des chercheurs de l’Accademia dei Lincei à 150 milliards d’euros.

Face à l’inquiétude de la société civile, le gouvernement de centre gauche de Romano Prodi a nommé en 2007 une commission ministérielle de juristes chargée de proposer une réforme du code civil italien pour mieux organiser les différentes catégories de biens et de services publics, et surtout protéger les plus essentiels de la vague des privatisations. C’est dans le cadre de cette commission, présidée par l’éminent juriste Stefano Rodota, qu’a émergé la notion de « biens communs » (beni comuni).

Quelles sont les caractéristiques d’un « bien commun », selon cette commission ?

Il s’agit de biens essentiels à « l’exercice des droits fondamentaux » et au « libre développement de la personne ». Dans la liste incluse au projet de loi, on trouve les ressources naturelles comme l’eau, la faune sauvage et la flore protégée, mais aussi les biens culturels et archéologiques… La loi doit en garantir « la jouissance collective », tout en préservant le « bénéfice des générations futures ». Autrement dit, ces biens doivent rester accessibles et destinés à la collectivité parce qu’ils relèvent de droits essentiels.

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La chute du gouvernement Prodi n’a pas permis que le projet de loi soit discuté au Parlement. Mais le texte a été largement diffusé dans les milieux juridiques. Et, en 2011, un arrêt de la Cour de cassation a intégré par la jurisprudence cette définition dans le droit italien.

Quel a été l’élément déclencheur de la mobilisation populaire en faveur de l’eau ?

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