Chartres : quand l’IA et les smartphones rendent leur sens aux vitraux médiévaux de la cathédrale

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Près d’un millénaire sépare les vitraux médiévaux des smartphones. Ceux du Moyen Âge servaient à éduquer les personnes illettrées, ceux d’aujourd’hui sont un puits de science pour celui qui sait s’en nourrir. À Chartres (Eure-et-Loir), le Centre international du vitrail (CIV) a lancé en 2023, le projet « De l’Écrin à l’Écran », pour rendre la compréhension des vitraux de la cathédrale accessible à tous. « Il y a 1 000 ans, l’écriture de l’image était partagée par les clercs. Mais, 1 000 ans après, plus personne ne comprend rien aux images. C’est beau avec ces couleurs, ces petits personnages, ces décors, la végétation ou les habitations, mais on a perdu le sens », résume d’entrée Jean-François Lagier, directeur du CIV.

Un million de visiteurs poussent chaque année les portes de Notre-Dame de Chartres. C’est en les observant que Jean Touchard, chargé de mission projets numériques a eu l’idée d’une application mobile. « Il y avait cette mère et sa fille. Elle lui dit ’regarde les vitraux comme ils sont beaux’. L’ado de 11-12 ans lui a rétorqué, ’c’est beau mais je n’y comprends rien’, et a repris son téléphone pour aller sur les réseaux sociaux », se souvient l’initiateur du projet.

Pour référencer la totalité des 2 600 m² de vitraux, plus de 6 000 clichés en très haute définition des 178 verrières ont été réalisés. « Les verrières, c’est presque 10 000 images pour les visiteurs ! Pour les comprendre aujourd’hui, il faut une encyclopédie. La technologie va nous permettre d’avoir un outil simple et discret dans son utilisation pour l’édifice », se réjouit le directeur du CIV.

Premières démonstrations à l’automne, l’application suivra en 2025

Cette banque de données exploitée par l’IA, basée sur la reconnaissance d’images, permettra aux observateurs de se rapprocher des détails via une application et la caméra de leur smartphone, et de s’attarder sur le sens des scènes qui s’offrent au-dessus de leur tête. « C’est le détail qui accroche l’œil. Un personnage, une scène, un instrument de torture ou un chevalier. Le téléphone sera pointé dessus et va reconnaître Marie, Saint-Apollinaire ou Charlemagne, puis donnera les informations sur ce que regarde la personne », affirme Jean Touchard.

 

La société Opteameo a travaillé des algorithmes complexes pour analyser les vitraux. Car la lumière et la météo changent au fil des heures dans la cathédrale, ce qui complique la reconnaissance. « Ils ont passé six mois à tester les algorithmes juste pour savoir si cela était réalisable », prévient le chargé de mission. Pour nourrir l’application, l’ensemble des recherches seront numérisées et mises en ligne dans une base Open Source. Ce portail numérique est ouvert aux chercheurs depuis ce samedi 13 juillet 2024.

De l’écrin à l’écran sera entièrement gratuite, disponible dans un premier temps en français, anglais et allemand. Une cagnotte en ligne est ouverte sur Helloasso pour soutenir ce projet. Au moment de publier cet article, un peu plus de la moitié des 292 560 euros nécessaires pour développer l’application ont été collectés. Au total, le CIV recherche 463 000 euros de financement, car le projet global prévoit aussi l’implantation de huit totems numériques avec des représentations des vitraux à hauteur d’homme. Le CIV vient de recevoir une nouvelle aide précieuse dans son financement avec 50 000 dollars de l’association American friends of Chartres (AFC).

 

Dès l’automne, des démonstrations de l’application avec douzaine de vitraux des verrières basses pourront être effectuées. L’outil numérique devrait être officiellement lancé dans le courant 2025, année du millénaire de la crypte de la cathédrale.

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