« Cette année de pause, il faut en faire une force » : ils ont rebondi après une orientation ratée

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Quand Maud était au lycée, elle rêvait de travailler dans l’audiovisuel ou le cinéma. Mais, mal conseillée, elle s’est retrouvée en bac technologique STID (sciences et technologie de l’industrie et du développement durable). Rien à voir de près ou de loin avec le cinéma, si bien que quand elle a eu son bac en 2018, le vœu de ses rêves, un BTS audiovisuel hyper sélectif, lui est passé sous le nez.

« Je me suis donc inscrite en licence de philo, en prévoyant de bifurquer en licence de cinéma au second semestre, une possibilité qu’offrait ma fac, à Montpellier, se souvient Maud. Sauf que sortant de bac techno, je n’étais pas du tout préparée à toute la théorie qu’impliquent les études à l’université, et en février, j’ai tout plaqué. » Poussée par son père qui lui conseille de prendre son temps, à la rentrée suivante Maud ne retourne pas à la fac et débute un service civique : « Je l’ai fait dans une école primaire, tout s’est très bien passé avec les enfants comme avec l’équipe enseignante, et cette expérience m’a permis de confirmer mon choix de devenir prof des écoles ».

Et c’est ainsi que 2 ans après son bac, Maud a commencé une licence de sciences de l’éducation, avant d’enchaîner sur un master, et le concours de recrutement des enseignants – qu’elle a réussi puisqu’aujourd’hui à 25 ans elle vient de faire sa 2e rentrée de prof, ravie : « Faire de longues études si on ne sait pas pourquoi on les fait, ça ne sert à rien, résume-t-elle. Peu importe qu’on fasse un CAP ou un master, le plus important c’est de trouver un métier qui nous plaît. Dans mon cas, à partir du moment où j’ai su que je voulais devenir enseignante, je me suis passionnée pour mes études, et je n’ai plus eu que des bonnes notes ! »

« La reprise des études s’est faite naturellement »

Comme Maud, Alexandre, 27 ans aujourd’hui, a connu un début de parcours étudiant heurté : « Après mon bac ES obtenu à Caen, je me suis retrouvé à Cherbourg, en DUT GEA (Gestion des entreprises et des administrations), sans avoir réfléchi au contenu du diplôme : je voulais surtout partir de chez mes parents et être indépendant. Mais au bout de deux semaines, j’ai réalisé que ce DUT ne m’intéressait pas du tout : j’ai préféré tout arrêter au bout d’un mois plutôt que de perdre une année, et je suis rentré à Caen pour commencer une licence d’éco-gestion. » Où il ne tient qu’une semaine.

Mais en parallèle de cette réorientation ratée, le jeune homme a commencé à travailler comme animateur de centre de loisirs, près de chez lui : « Et ça, ça m’a plu ! Cette expérience m’a beaucoup appris sur moi-même, sur ce que j’avais envie de faire, et sur mon besoin d’échanges et de contacts. J’ai repris confiance en moi, aussi. » Bien décidé à reprendre ses études après cette « année de flottement », comme il l’appelle, Alexandre découvre le programme de l’EM Normandie à l’occasion d’une porte ouverte, et, remotivé, réussit à intégrer le programme grande école, sur concours, à la rentrée suivante – un an après son bac, donc : « La reprise des études après ces mois de coupure me faisait un peu peur, mais en fait ça s’est fait très naturellement. »

Diplômé en 2021, Alexandre travaille aujourd’hui… à l’EM Normandie, où il rencontre plein de jeunes qui comme lui se réorientent après une première année d’études : « Je suis donc bien placé pour leur expliquer que dans notre école, comme dans d’autres établissements, les profils comme les leurs ne sont pas pénalisés, au contraire. Ce sont des étudiants plus mûrs qui savent pourquoi ils sont là ; cette année de pause, il faut en faire une force. » En effet, et contrairement aux idées reçues, si les portes des filières les plus élitistes sont souvent fermées aux candidats qui ne sont pas bacheliers de l’année, les possibilités de réorientation, y compris dans des filières sélectives comme des BTS ou des BUT, sont nombreuses.

« J’ai goûté à la vraie vie, j’ai fait du terrain »

Comme Maud et Alexandre, Emma, 24 ans, de Montpellier, a elle aussi connu « une pause involontaire » dans son parcours d’étudiante, non pas après le bac, mais après sa licence : « Après le lycée, j’ai choisi des études en sciences de l’éducation, pour devenir enseignante. Dans ma tête tout était planifié, j’étais sûre de mon choix, j’ai décroché ma licence avec mention bien, puis j’ai préparé mon dossier pour entrer en master à l’INSPE (Institut national du professorat et de l’éducation). Et là, le drame : je n’ai pas été prise. J’ai eu l’impression que ma vie s’effondrait. »

On explique à Emma qu’elle a été victime d’une erreur administrative, elle dépose un recours. En attendant la réponse, la jeune fille tombe sur le site internet de France Volontaire et découvre qu’elle peut partir à l’étranger en service civique : « J’ai candidaté sur une seule mission : ambassadrice de l’égalité en Equateur. La seule qui m’intéressait. Puis la réponse de l’université à mon recours est arrivée, j’étais finalement acceptée en master. Sauf qu’entre-temps j’étais passée à autre chose. Le 3 décembre 2021, je me suis donc envolée pour l’Equateur, alors que je ne parlais même pas l’espagnol ! »

Là-bas, Emma va passer huit mois sur une île, dans des conditions de confort rudimentaires, et participe à des ateliers de prévention des violences de genre. « J’ai adoré. J’allais à la plage tous les matins, j’étais en tongs toute la journée, avec mon indemnité de service civique sur mon île j’étais très riche, la vie y était chouette. Surtout, en partant seule, j’ai appris à beaucoup mieux gérer les imprévus. Et j’ai appris l’espagnol ! »

A son retour, Emma s’inscrit en master en études de genre, le sujet qu’elle a découvert en Equateur. Bye bye l’enseignement. « Au final, cette année loin des études ne m’a pas pénalisée du tout, j’ai goûté à la vraie vie, j’ai fait du terrain, et c’est un énorme plus sur mon CV, explique Emma, on me parle de l’Equateur à chaque entretien que je fais. » Son master validé, Emma souhaite poursuivre en thèse, pour ensuite travailler comme chargée de mission égalité.

Comme pour Maud ou Alexandre, le pas de côté d’Emma, qui a pu avoir un temps le goût de l’échec, l’aura donc finalement aidée à trouver sa voie.



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