« Camus chez les Justes », sous la direction d’Anne Prouteau : quand Albert Camus reprenait son souffle

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« Camus chez les Justes. Le Chambon-sur-Lignon, 1942-1943 », sous la direction d’Anne Prouteau, illustrations de Jacques Ferrandez, Bleu autour, « D’un lieu l’autre », 208 p., 23 €.

Le 21 août 1942, depuis le hameau du Panelier, en Haute-Loire, Albert Camus (1913-1960) donne de ses nouvelles à son ami André Malraux (1901-1976). « C’est un beau pays, un peu grave. Je m’y prépare de longs jours d’ennui et de travail. » Cela fait bientôt trois mois que l’écrivain vit dans ce village, à quelques kilomètres du Chambon-sur-Lignon, où près de 3 500 juifs, dont un tiers d’enfants, trou­vèrent refuge jusqu’en 1944. Mais cette rencontre entre le futur rédacteur en chef du quotidien clandestin Combat et ce haut lieu de la Résistance tient du concours de circonstances. Car si Albert Camus s’est rendu au Chambon-sur-Lignon, c’est avant tout pour des raisons de santé.

A Oran, en Algérie, c’est son ami le docteur Henri Cohen qui a suggéré à l’écrivain une cure en altitude pour le soigner de la tuberculose dont il souffre depuis l’âge de 17 ans. La maladie est devenue la part la plus effrayante de lui-même et l’affaiblit de jour en jour. « La sensation de la mort qui désormais m’est familière », consigne-t-il dans ses Carnets de l’époque (tome II, 1942-1951, Gallimard, 1964).

Camus restera quatorze mois au Chambon-sur-Lignon. Il parlera peu de ce séjour vécu comme « une retraite forcée », mais qui fut pourtant décisif sur le plan de sa production littéraire (il y écrira la deuxième mouture de La Peste, publiée en 1947) et de son engagement politique. Camus chez les Justes, sous la direction d’Anne Prouteau, avec des contributions de la fille de l’écrivain, Catherine Camus, de la sociologue Nathalie Heinich, du chercheur Rémi Larue, du poète ­Nimrod…, apporte un éclairage important sur cette période déterminante de la vie de l’écrivain.

Une existence rude, étroite, solitaire

L’été 1942, Albert Camus est un jeune auteur de 29 ans qui, grâce à l’aide de son ami l’écrivain Pascal Pia (1903-1979), vient de publier chez Gallimard son grand roman, L’Etranger ; un essai, Le Mythe de Sisyphe, paraît à l’automne. Deux ouvrages qui inaugurent son « cycle de l’absurde ». Engagé en littérature, Camus est aussi journaliste. En Algérie, il a été reporter à Alger républicain et au Soir républicain avant que ce journal ne soit interdit de publication, en mars 1940.

Quand il arrive au Panelier, accompagné de sa femme, Francine, dont il sera bientôt séparé à cause de la guerre, Camus est hébergé dans une pension de famille, une « maison forte construite au XIIIe siècle », précise ­Nathalie Heinich.

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