Burberry, JW Anderson, Simone Rocha : des défilés londoniens entre créativité et principe de réalité

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Les designers britanniques cherchent, avec les défilés de l’été 2025, à cultiver leur identité sans renoncer à la dimension commerciale.

Le temps est à l’orage au-dessus de Burberry et pas sûr qu’un trench suffise à traverser cette météo plus que maussade. L’arrivée du talentueux directeur artistique Daniel Lee en 2022 présageait pourtant des jours meilleurs. Seulement, en dépit d’un séduisant repositionnement en termes d’image, ses collections ne sont pas parvenues à redéfinir clairement l’identité de la plus prestigieuse des maisons britanniques, ni n’ont fait l’unanimité auprès des critiques. Par ailleurs, dans un marché du luxe sous tension, les mauvais résultats (- 22 % de chiffre d’affaires sur le premier trimestre 2024 ) et le départ en juillet de Jonathan Akeroyd, le PDG qui l’avait recruté (remplacé par l’Américain Joshua Schulman, ex-Michael Kors et Coach), assombrissent encore le ciel du natif du Yorkshire, 38 ans… 

Lundi, au National Theatre, sur la rive sud de la Tamise, de grands rideaux découpés sont accrochés dans le hall d’entrée brutaliste. Une installation signée de l’artiste originaire du Kent Gary Hume. Les fidèles sont là : Damon Albarn, le chanteur de Blur ; le rappeur Skepta ; le footballeur d’Arsenal, Bukayo Saka ; l’Elizabeth II de The Crown, Olivia Colman… Porté par ce premier rang de personnalités so Burberry qui reflète bien le repositionnement opéré par Lee, le designer semble franchir une étape à l’occasion de cette collection du printemps-été 2025. Le show s’ouvre, of course, sur des déclinaisons de l’éternel trench-coat. Ses épaulettes habillent des perfectos courts, sa gabardine devient une robe. Les parkas, vestes militaires multipoches et autres blousons façon Café Racer sont revisités, soit en matières ultratechniques, soit en cotons huilés, en lin, en popeline de soie, etc. « Comme chacun sait, Burberry est une marque de manteaux avant tout, décrypte Daniel Lee en coulisses. Lors de mes premières saisons, je me suis beaucoup amusé à retravailler le trench. Cette fois-ci, j’avais envie d’en détourner certains éléments à travers des vêtements d’extérieur comme le Mac et la veste de chasse, déclinés de manière très légère et estivale. On se doit de pousser plus loin les codes maison que tout le monde connaît. » Avec ces accessoires en tartan (ceintures, sacs) et ces pièces faciles (chemises simples, petites vestes militaires à écusson), le résultat est plus accessible – et donc, commercial – que les collections précédentes… Même si l’allure est parfois chargée – une parka sur une robe du soir à paillettes, des zips un peu partout… « Nos défilés doivent faire rêver, poursuit le designer. Mais aussi représenter une proposition tangible dans laquelle nos clients peuvent se projeter. Nous sommes une entreprise de prêt-à-porter avant tout, et ce n’est pas avec des pièces de défilé que nous pourrons survivre. Josh, notre nouveau PDG, et moi travaillons ensemble depuis deux mois. Il a apporté avec lui un optimisme très américain, du dynamisme, une manière de communiquer très positive… J’ai vraiment apprécié nos conversations et je sens que l’on peut développer une synergie. » Après la pluie, le beau temps ? 

JW Anderson
JW Anderson

Ambiance sereine chez JW Anderson. Il faut dire que, ces derniers temps, Jonathan Anderson marche sur l’eau, que ce soit chez Loewe qui défile à Paris ou pour sa propre marque, devenue la tête d’affiche de cette Fashion Week de Londres qui, si elle ne manque pas de créativité, a cruellement besoin de success stories. Cette saison est encore une démonstration de ce qui rend Anderson unique dans le paysage actuel : une silhouette singulière et ultra-référencée (minirobes trompe-l’œil, sarouels en soie brillante, mailles à col V démesurées) ; une maîtrise technique (seules quatre matières utilisées, le cachemire dans toutes ses dimensions, le cuir, les sequins et la soie) ; une inspiration on ne peut plus contemporaine (« À savoir les filles qui m’entourent, ma sœur mais aussi celles qui travaillent avec moi et qui sortent ensemble le samedi soir. Elles ont une confiance en elles que j’admire et que j’ai essayé de retranscrire dans cette collection »), et surtout, du recul sur l’industrie. « Je pense que nous avons besoin de simplification aujourd’hui dans nos métiers. Le monde change beaucoup, la mode doit se reconcentrer sur l’essentiel. D’où mon travail sur ces quatre matières : les tissus que nous utilisons sont le nerf de la guerre de notre industrie. C’est de là que vient la qualité de ce que nous produisons, et j’estime que c’est la partie la plus excitante de notre travail. On néglige parfois cet aspect. » 

Simone Rocha
Simone Rocha

Simone Rocha est, elle aussi, l’un des fers de lance de cette semaine de défilés. Son univers poétique et très girly séduit de plus en plus de filles, clientes fidèles qui aiment ses robes à manches ballon et sa collaboration avec Crocs. Samedi après-midi, au Old Bailey, la Cour centrale britannique, elle présente l’une de ses collections les plus réussies. Piochant dans l’imagerie de la danse (Rocha cite les influences de Michael Clark et Pina Bausch), elle enchaîne justaucorps couleur chair, tutus roses ou noirs, manteaux d’opéra découpés sur les côtés et tenus au niveau du col par les modèles. Mais aussi des parkas en Nylon, des ballerines d’un nouveau genre à semelle sport… À l’homme, qu’elle a introduit il y a quelques saisons et qui, dit-on, rencontre un certain succès, elle joue sur les archétypes, taillant une chemisette oversized ou un anorak dans de l’organza, gonflant les poches d’un blouson ou d’un short en tissu technique, ajoutant ses perles signatures sur le col d’une veste en jean délavée comme il faut… Applaudissements fournis pour cette collection toujours aussi sensible, mais plus réel que jamais de l’Irlandaise.



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