Le gouvernement de Michel Barnier manque son premier rendez-vous budgétaire

Certains l’ont espéré jusqu’en fin d’après-midi. En vain. Contrairement aux attentes, le président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), également président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, et les autres membres du HCFP n’ont pas reçu dans la journée du vendredi 13 septembre le projet de budget de l’Etat pour 2025 préparé par le nouveau premier ministre, Michel Barnier. Ce vendredi était la date citée depuis des semaines comme limite pour respecter ensuite tout le calendrier budgétaire. Mais « aujourd’hui, non », pas de texte, a indiqué Pierre Moscovici au Monde. Ajoutant : « Et c’est la seule chose claire… »

Matignon, de fait, n’a fourni aucune information précise. « Toutes les équipes sont en train de travailler sur ce sujet », a simplement affirmé un conseiller de Michel Barnier.

Dans le long processus qui doit aboutir avant la fin de chaque année à l’adoption d’un budget pour l’exercice suivant, la transmission du projet de loi de finances au HCFP constitue une étape-clé. C’est le moment où, après avoir mis la dernière touche à son texte, le gouvernement s’en dessaisit, et commence à le soumettre à des regards extérieurs. Le HCFP a ensuite sept jours pour rendre son avis. Le texte doit également passer sous l’œil des juristes du Conseil d’Etat. Au total, selon le HCFP, « il faut au minimum douze à treize jours » entre la saisine de ces experts et l’étape suivante, l’examen du projet par le conseil des ministres. Puis vient le dépôt du texte sur le bureau de l’Assemblée nationale, un rendez-vous fixé par la loi au « premier mardi d’octobre » au plus tard.

Dans le rétroplanning initial, le budget devait être transmis au HCFP le 13 septembre, pour être discuté au conseil des ministres le 25 septembre, avant d’être déposé à l’Assemblée le dernier mercredi avant le « premier mardi d’octobre » fatidique, qui tombe cette année le 1^er octobre. Mais la dissolution puis les atermoiements d’Emmanuel Macron ont tout bousculé.

Barnier entre deux feux

En arrivant à Matignon, Michel Barnier a bien trouvé sur son bureau un projet de budget : celui, assez minimaliste, préparé par Bercy et retouché par Gabriel Attal avant son départ. Cependant, le premier ministre souhaite sans doute imprimer sa propre marque sur ce texte décisif, et « tenir compte des consultations en cours pour finaliser le budget », suppute un fonctionnaire au fait du dossier.

Pierre Moscovici lui-même a incité Michel Barnier à ne pas lui envoyer un simple « squelette » qui serait amendé ensuite au Parlement, mais un vrai projet détaillé, quitte à prendre pour cela quelques jours de plus. L’annonce par Bercy, le 2 septembre, d’un nouveau dérapage des finances publiques, ne peut qu’inciter aussi Matignon à durcir la copie de départ, en réduisant les dépenses ou en trouvant de nouvelles recettes.

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