Reduce bounce rates

Brevet 2024 : le corrigé de l’épreuve de français

Accueil » Le Parisien » Brevet 2024 : le corrigé de l’épreuve de français
Partager

Premier examen officiel pour les collégiens, et première épreuve avant les mathématiques cet après-midi et l’histoire géo et les sciences demain. Après trois heures d’examen, le corrigé pour l’épreuve de français est disponible ci-dessous (questions et sujets de rédaction). Consultez aussi le sujet officiel du brevet de français 2024 en référence.

Commentaire de notre professeur correcteur : Un sujet traditionnel dans la forme, comprenant un texte et une image. Comme préconisé par les instructions officielles, le questionnaire est organisé en deux parties : « Compréhension et compétences d’interprétation » dans un premier temps et « Grammaire et compétences linguistiques » ensuite. Le choix d’un texte romanesque faisant référence à la Première Guerre mondiale est également tout à fait classique, ce genre étant l’un des objets d’étude du programme de la classe de troisième, et cette période étant abordée à la fois en français mais aussi en histoire.

La partie grammaticale ne présente pas de difficulté particulière. Le texte paraît plutôt facile, il comporte peu de vocabulaire soutenu, les notes de bas de page permettant en outre de lever toute ambiguïté. Les questions de compréhension semblent, quant à elles, accessibles, même si certaines nécessitent un développement argumenté et organisé. Cependant, les élèves sont coutumiers de ce type de réponse longue qui fait appel au texte et les prépare à la classe de seconde et au commentaire.

Corrigé français (série générale)

1re partie : Grammaire et compétences linguistiques/Compréhension et compétences d’interprétation

Travail sur le texte littéraire et l’image

Compréhension et compétences d’interprétation (32 points)

1. Les différents personnages de ce texte sont trois officiers (Penanster, Weil, et le narrateur personnage Adrien Fournier), et une jeune femme « sourde » (l. 13), Marguerite.

 

2. Tous les personnages partagent une même blessure au visage. Ainsi, la métaphore filée, contenue dans les expressions « se réfléchissait en nous » et « miroirs de son infortune » (l. 1 et 2), souligne l’analogie : tous les quatre ont été mutilés durant la Première Guerre mondiale. C’est à l’hôpital du Val-de-Grâce, comme nous l’indique le paratexte qu’ils se rencontrent et qu’ils nouent une relation d’amitié : « Nous formons un club d’officiers (…). Voulez-vous en faire partie ? ».

3. Les personnages peinent à communiquer : leurs blessures les en empêchent. Ainsi, Marguerite est devenue sourde ainsi que le précisent différentes expressions du texte dont le verbe « avait crevé les tympans » (l. 10) , la périphrase « de ceux qui vivent dans un monde à part » (l. 11 – 12), l’adjectif attribut « sourde » (l. 13), la négation exceptive (ou restrictive) « et ne pouvait que lire sur les lèvres » (l. 13). Elle ne peut donc que sourire aux premières paroles que lui adresse Penanster : « Pour toute réponse, elle nous adressa un sourire chaleureux. ». Or, le narrateur et Weil n’ont plus moyen de se faire comprendre de Marguerite car c’est leur bouche qui a subi les blessures les plus graves : « les mouvements de [leurs] lèvres [sont] devenus sans signification », l’adverbe « jamais » insiste sur cette communication impossible entre les deux officiers et Marguerite. Il ne reste donc d’échange possible qu’entre Penanster et Marguerite, ce que soulignent l’adjectif « seul » et la proposition relative « où les mots prenaient forme ».

 

4. Marguerite a souhaité tout d’abord s’engager comme infirmière de guerre en raison de la pénurie d’infirmières comme l’indique la première phrase du dernier paragraphe « on manquait d’infirmières », suivie logiquement de l’engagement de Marguerite, « Marguerite s’était portée volontaire ». Mais surtout, c’est par désœuvrement et pour s’investir dans une action utile, pour donner du sens à son existence que Marguerite a fait ce choix. Ainsi la construction attributive « Elle était à cette époque aussi belle qu’inutile » nous donne à voir le refus de la jeune femme de n’être rien d’autre qu’une femme courtisée pour sa beauté. Enfin, Marguerite ambitionne d’aimer un « homme courageux », or, ses prétendants ne correspondent pas du tout à ses aspirations puisqu’ils sont « tous réformés ou embusqués. »

5. a) La figure de style contenue dans cette phrase est la comparaison puisqu’un comparé, « Elle », est associé à un comparant, « un parterre de roses saccagé par le milieu », par le biais d’un outil de comparaison « comme ». Cette figure de style est particulièrement adaptée pour décrire le visage de Marguerite. En effet, restent intacts sur sa figure, la bouche, les yeux et le front comme l’indiquent les adjectifs « immaculé » pour qualifier son sourire, « épargnée » pour qualifier sa bouche et le complément de comparaison « comme ses yeux et son front ». En revanche, elle est blessée « au nez et aux pommettes » et son visage présente donc bien une meurtrissure qui la défigure. Le parterre de roses fait référence à sa beauté ravagée, « saccagée », beauté que l’on retrouve dans le dernier paragraphe.

b) Le portrait moral qui est fait de la jeune infirmière est largement mélioratif. En effet, Marguerite est courageuse et ne semble pas s’émouvoir du physique de ses interlocuteurs. Ainsi, si le narrateur et ses compagnons d’infortune croient qu’ils « ne [peuvent] qu’effrayer cette femme », « elle ne se [dérobe] point. ». On pourrait ajouter que Marguerite est résiliente puisque malgré le traumatisme lié à ses blessures, elle reste souriante et avenante, l’insistance sur son « sourire », terme répété quatre fois dans le même paragraphe, en est la preuve. En outre, la jeune femme est à la fois mesurée et envoûtante : elle parle avec « douceur » et fascine les trois amis par son « charisme inaltéré ». Elle est aussi altruiste comme le révèle son engagement auprès des soldats. On pouvait de plus relever son tempérament romantique dans cette aspiration à tomber amoureuse « d’un homme courageux ». Enfin, il était possible de montrer qu’elle était peut-être quelque peu insouciante, ce que suggère la dernière phrase du paragraphe et en particulier l’expression « Sans imaginer probablement ce que serait la réalité ».

6. L’expérience des personnages peut inspirer différentes réflexions. Elle peut dans un premier temps nous présenter l’horreur de ces vies massacrées, à jamais abîmées par la violence des combats. On y lit donc l’injustice : Marguerite, si belle, sa beauté étant mise plusieurs fois en avant dans le texte, a perdu de sa superbe et l’adjectif « injuste » est d’ailleurs utilisé à la ligne 20. De la sorte, l’aspect physique des personnages peut devenir un frein à l’échange, ce que traduit bien le texte à différents moments : les protagonistes ont peur de la réaction que pourrait avoir la jeune femme à leur vue et elle-même a au départ du mal à communiquer avec eux en raison de sa surdité. Elle peut aussi nous montrer qu’il peut y avoir de l’espoir malgré la négativité de l’épreuve vécue. Ainsi, Marguerite paraît toujours aussi avenante, elle [sourit] naturellement et parle d’une voix [douce] et [tiède]. L’expérience narrée ici peut aussi nous montrer l’importance de la solidarité puisque ce texte est un hommage à l’esprit de camaraderie qui anime les différents personnages. De la sorte, la seule parole au discours direct, et donc qui est mise en relief dans le texte, est un discours d’altruisme, d’entraide : dans le groupe des trois officiers, leur « club », les « membres » sont « bienfaiteurs » et on accueille les autres avec plaisir, comme l’indique la phrase interrogative : « Voulez-vous en faire partie ? ». Aussi, la solidarité se lit aux échanges et aux confidences entre les quatre personnages et à la manière dont les trois amis écoutent religieusement le récit de Marguerite, ce que montre l’apposition « ébahis » et « intimidés ».

Les Gueules Cassées – Union des blessés de la face. Sujet du brevet 2024 – français.

7. Cette affiche paraît être une bonne illustration du texte. En effet, deux personnages apparaissent au centre de l’image : le bandage qui couvre le visage du soldat et le vêtement que porte la jeune femme nous laissent penser que nous avons affaire à un poilu blessé, une gueule cassée, et à une infirmière. Celle-ci tient le soldat et paraît donc le soutenir. Tous deux peuvent donc faire référence à l’extrait donné à l’étude dans lequel nous découvrons Marguerite engagée en tant qu’infirmière, « Marguerite s’était portée volontaire », et des soldats blessés au combat, « Nos blessures ». Aussi l’arrière-plan montre un horizon de combat : la fumée, les couleurs sombres, soulignent l’ambiance mortifère et violente du front, ce que les termes « déflagration », « hôpital de l’arrière », « antenne de secours à l’avant » rappellent eux aussi du contexte. En revanche, l’image paraît moins en accord avec certains éléments de l’extrait puisque l’action se déroule dans un hôpital et non sur le front comme le suggère l’image, et que le soldat n’est pas le seul blessé : ici, trois amis sont défigurés, et Marguerite, l’infirmière est elle-même victime de la barbarie de la guerre comme le montrent la comparaison « comme un parterre de roses saccagé par le milieu » et sa surdité.

Grammaire et compétences linguistiques (18 points)

8. Deux expansions du nom apportent des informations sur « club » : « d’officiers » dont la classe grammaticale est d’être groupe nominal prépositionnel et « qui compte à ce jour trois membres actifs et volontiers bienfaiteurs » dont la classe est proposition subordonnée relative.

 

9. « Je compris aussitôt que ni Weil ni moi ne pourrions jamais nous entretenir avec elle » (lignes 14 à 15).

a) « Je compris [que ni Weil ni moi ne pourrions jamais nous entretenir avec elle] ».

b) La fonction grammaticale de cette subordonnée est d’être COD du verbe « comprendre ». Pour trouver cette fonction, il est possible de pronominaliser la proposition : « Je le compris » ou encore « Je compris cela ». Il est aussi possible de poser la question « Qu’est-ce que je compris ? ».

 

10. « la situation devint insupportable » (ligne 28).

a) Le terme insupportable est construit par dérivation et est composé d’un radical « support », d’un préfixe privatif ou négatif « in » et d’un suffixe adjectival « able ». Marguerite ne supporte plus cette situation, elle ne l’accepte pas puisque seule sa beauté semble compter alors qu’elle est là pour soigner, aider et non pour être admirée.

b) Un synonyme pourrait être « inacceptable », « insoutenable », « intolérable ».

11. Réécriture :

Elles s’étaient portées volontaires. Elles étaient à cette époque aussi belles qu’inutiles. Leur père était un orfèvre fortuné, et elles ne manquaient pas de prétendants, tous réformés ou embusqués. Elles rêvaient de s’éprendre d’un homme courageux (ou d’hommes courageux) ».

Corrigé du brevet de français 2024 – 1re partie : la dictée

Rappel de la dictée. Avant de commencer la dictée, on inscrira au tableau de manière lisible :

  • Penanster
  • Marc Dugain, La chambre des officiers, 1999.

Dictée :

Marguerite devint naturellement le centre de nos préoccupations. Pour lui parler, nous nous adressions d’abord à Penanster, qui lui répétait nos propos par une lente décomposition des syllabes. Comme souvent chez ceux qui sont atteints de surdité, elle redoutait de parler trop fort, et nous ne nous lassions pas de cette voix douce qui contrastait singulièrement avec nos grognements. Elle s’intégra très rapidement à notre clan, même si nos rencontres quotidiennes étaient toujours de courte durée.

 

Elle n’avait pas informé de son état les membres de sa famille. Elle ne leur écrivait pas. Ils finirent par retrouver sa trace, mais elle refusa de se montrer. Penanster fut dépêché au-devant d’eux pour leur signifier le refus de Marguerite de les recevoir.

Marc Dugain, La chambre des officiers, 1999.

Corrigé français 2e partie :

Travail d’écriture (rédaction)

Les deux sujets de rédaction paraissent à la fois abordables et tout à fait cohérents avec la première partie de l’épreuve.

Le sujet d’imagination

Le sujet d’imagination proposait de poursuivre le texte de départ afin de raconter à travers la voix de Marguerite la suite de son expérience : « Imaginez la suite du récit de Marguerite du point de vue de la jeune femme ». Les élèves étaient donc amenés à s’exprimer à la première personne, ce que les aidait à comprendre l’amorce proposée et permettait d’éviter toute erreur quant au statut du narrateur « Me voilà désormais sur le front. Je ne ressentais pas la peur, je n’en avais pas le temps ».

De plus, la précision apportée par la phrase « Vous mêlerez narration et description » guidait les candidats à cerner au mieux les attentes des correcteurs. Pour obtenir une note satisfaisante, il fallait donc être capable à la fois de raconter et de décrire.

 

Contenu de la copie : On attend donc des élèves qu’ils soient en mesure de raconter le vécu de Marguerite sur le front. Il était important de respecter le caractère de la jeune femme, celui d’une personne altruiste, dévouée, prête à en découdre, quelqu’un aussi capable d’optimisme malgré l’horreur vécue, une place importante devait donc être accordée aux sentiments de la jeune infirmière : à la fois l’empathie à l’encontre des soldats, mais aussi l’incompréhension et la stupéfaction qu’elle a pu éprouver devant ces scènes de mort. Il fallait aussi être capable de donner à voir, à sentir, à entendre la guerre : pour cela, on attendait des candidats qu’ils emploient le lexique des sensations (ouïe, odorat, toucher, vue, goût). Les expansions du nom, les procédés littéraires devaient en outre permettre d’étoffer la description afin de la rendre la plus réaliste et la plus palpable possible.

Organisation de la copie : il sera attendu que la copie ménage des paragraphes, avec d’abord une introduction qui correspondra à la mise en place du décor, l’amorce pouvant donc être poursuivie et complétée par des descriptions de scènes vécues sur le front par Marguerite. Puis les paragraphes devaient s’enchaîner pour narrer les circonstances précises de la déflagration qui avait valu à la jeune femme sa blessure, enfin un dénouement venant conclure le récit de Marguerite sera attendu par le correcteur.

On pourra accepter des passages de dialogue : ils rendent le texte vivant et participent au réalisme. Mais il fallait soigner leur présentation (alinéa et retour à la ligne à chaque nouvelle prise de parole), varier les verbes introducteurs de parole et leur place (avant la parole, en incise) et les limiter : la majeure partie de la copie consistant en une narration à la première personne.

Bien sûr, un soin particulier doit être apporté à la correction de la langue : vocabulaire choisi à bon escient, cohérences des reprises nominales et pronominales, syntaxe correcte, emploi des temps satisfaisant, orthographe pertinente.

 

Le sujet de réflexion

Le sujet ne devrait pas avoir posé de difficultés pour les candidats : il s’agit en effet de considérer le genre romanesque et aussi autobiographique, genre littéraire abordé fréquemment durant les années de collège et plus particulièrement en 3e à travers l’objet d’étude « Se chercher et se construire ».

On attendra une copie construite de façon rigoureuse et que les différentes parties de l’argumentation soient visibles. Ainsi, il fallait ménager :

  • Une introduction qui annonce le thème, on pouvait ici par exemple évoquer le roman de Marc Dugain et l’extrait donné à l’étude en choisissant par exemple la phrase « Ébahis, appuyés les uns sur les autres, nous l’écoutions… » afin de montrer d’emblée l’importance des récits de vie dans l’édification du lecteur, spectateur. Puis l’introduction devait proposer une problématique (soit la reformulation de la question posée) et enfin il fallait annoncer le plan retenu. Il était ici judicieux d’opter pour un plan thématique, c’est-à-dire un plan qui référençait de façon progressive les arguments qui permettaient d’aborder les différents aspects de la question posée.
  • Un développement construit en paragraphes argumentés distincts et débutant par un connecteur logique afin de rendre explicites les liens entre les différentes idées et comprendre le cheminement de la pensée (« D’abord », « en outre », « de plus », « par ailleurs », « en effet », « ainsi », « enfin »…). Les exemples devaient, quant à eux, permettre d’étayer le propos mais aussi de montrer au correcteur la culture que le candidat s’était construite et sa capacité à l’utiliser au service d’une démonstration.
  • La conclusion quant à elle reprenait les grandes lignes du développement et pouvait ouvrir la réflexion sur un autre sujet.

Pour le contenu de la copie, on pouvait :

– Expliquer que les récits de vie peuvent servir de modèles, qu’ils sont souvent menés de façon exemplaire avec un début construit en vue d’une fin et qu’ils invitent donc le lecteur à mieux se comprendre lui-même, qu’ils l’aident à grandir. Mieux connaître l’autre permet alors de mieux se connaître soi-même. On pouvait par exemple convoquer une artiste comme Frida Kahlo, laquelle au travers de ses œuvres et de la souffrance physique et psychologique qui étaient les siennes, a pu instruire le spectateur, le conduire à mieux se comprendre lui-même.

– Montrer que les récits de vie peuvent avoir un pouvoir cathartique : en lisant, en regardant la vie d’un autre, nous pouvons nous purger de nos propres passions. Les récits de vie servent alors d’exutoires. Les exemples étaient nombreux et l’on pouvait penser notamment au livre puis au film « Petit Pays » de Gaël Faye mais aussi à la bande dessinée devenue film d’animation de Marjane Satrapi, « Persépolis », deux ouvrages, dans lesquels deux enfants et adolescents racontent l’horreur de la guerre ou de la dictature.

– Évoquer le récit de vie en tant que mémoire collective afin que les mêmes erreurs ne se reproduisent pas. Le témoignage aurait alors cette vertu, parce qu’il est écrit, peint, filmé, et qu’il devient donc permanent, de contenir une part de notre histoire à tous. On pouvait bien sûr penser aux ouvrages sur la déportation, la résistance et citer particulièrement l’autobiographie de Primo Lévi « Si c’est un homme », témoignage bouleversant de la vie dans les camps ou encore « Le Journal d’Anne Frank », journal intime d’une jeune fille contrainte de se cacher durant l’occupation allemande.

 

Ici encore la langue devait être soignée : richesse du lexique, relecture attentive afin d’éviter les erreurs d’orthographe lexicale et grammaticale. Une attention particulière devait être portée aux connecteurs logiques structurant la copie et rendant l’argumentation convaincante.

Consultez aussi :

#Brevet #corrigé #lépreuve #français

Source link

Home

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut