Reduce bounce rates

Barbecues et baignades sauvages, destruction de la flore… Face à l’afflux de visiteurs, comment les professionnels tentent de protéger la montagne

Accueil » Le Figaro » Barbecues et baignades sauvages, destruction de la flore… Face à l’afflux de visiteurs, comment les professionnels tentent de protéger la montagne
Partager

Les parcs et réserves naturelles de montagne multiplient les mesures de prévention.

Au lever du soleil, les lacs Jovet, dans la réserve naturelle des Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie, dévoilent leur splendeur brut. Ces étendues d’eau, refuges d’une discrète faune, dont les marmottes, s’animent au fil des timides rayons du matin. Un spectacle qu’il ne sera plus possible d’observer depuis sa tente. À partir de ce 1er juillet, et jusqu’au 31 août, le bivouac sur les secteurs des lacs Jovet et de l’alpage de Plan Jovet, qui se situent à plus de 2100 mètres d’altitude, est strictement interdit. Plus question également de se baigner dans les lacs, et ce toute l’année désormais.

«Nous comptons, en juillet et août, entre 40 et 50 tentes par soir autour des lacs Jovet, ce qui peut représenter jusqu’à près de 100 personnes en train de bivouaquer, sans système d’assainissement, ni toilette», nous confiait récemment Geoffrey Garcel, garde technique de la réserve naturelle des Contamines-Montjoie. Derrière ces interdictions, émerge la question des incivilités, en augmentation dans le parc depuis la fin du Covid. Barbecues sauvages, multiplication des baignades dans les lacs de montagne, dégradation de la flore… Des incivilités qui ont fini par pousser à la sanction.

Le cas des Contamines-Montjoie est loin d’être isolé. Avec la fin des restrictions liées au Covid, le profil des randonneurs et bivouaqueurs a changé dans de nombreux parcs régionaux et réserves naturelles. «Il y a eu un point de basculement en 2021. Dans les Hautes-Alpes, nous avons accueilli beaucoup plus de clients, avec un nombre croissant d’internationaux (Italiens, Belges, Néerlandais et Britanniques) et des profils plus jeunes», observe Yvan Chaix, directeur de l’Agence de développement du département. Avec pour conséquence une méconnaissance du milieu de la montagne. «Dans les Hautes-Alpes, nous avons été confrontés à un public non averti, qui par manque d’informations, a pu avoir des comportements jugés comme déviants ou inadaptés à la montagne.»

Abus et conflits d’usage

En Isère, même constat. La proximité de la station de Chamrousse avec Grenoble, à 45 minutes en voiture, a attiré de nombreux citadins, peu au fait des pratiques en altitude. «Pendant la période estivale, on a constaté la destruction de certains arbres au niveau du lac Achard. Il y avait également de l’abus sur les zones où il est interdit de faire du feu, le temps de bivouac n’était pas respecté. On laissait les tentes pendant une semaine. Il y avait trop des baignades dans le lac, avec des conséquences sur l’écosystème. C’était devenu n’importe quoi», se souvient Christopher Hardy, directeur de l’Office de tourisme de la station qui a vu triompher Jean-Claude Killy aux JO d’hiver de 1968. En hiver, les conflits d’usage se sont multipliés sur les pistes, entre les skieurs de randonnée et les skieurs alpins.

À l’été 2020, un arrêté municipal interdisait le bivouac autour du lac Achard. «Des éco-compteurs ont été mis en place pour pouvoir gérer les flux. Un garde vert et une médiatrice pastorale ont également été embauchés. Nous avons aussi sorti le lac Achard de nos espaces de communication», poursuit Christopher Hardy. Avec un effet immédiat : les flux de visiteurs ont diminué de 30% autour du point d’eau. «Le respect est revenu dans cette zone naturelle. Mais le problème, c’est que si l’on interdit sur l’un de nos lacs, les flux basculent sur un autre», craint le directeur de l’office de tourisme. À Chamrousse, outre les campagnes d’information et d’accompagnement du public, d’autres pistes sont envisagées, comme la possibilité de créer des zones spéciales.

Transformer des lacs artificiels en lieux de bivouac

«Nous avons trois retenues collinaires [lacs artificiels qui servent pour le stockage de l’eau, ndlr], et nous essayons de transformer l’une en espace naturel pour accueillir les bivouacs et l’activité pêche. Avec une autre, nous essayons de travailler avec le préfet et le département pour obtenir une autorisation qui permettrait de pouvoir se baigner de temps en temps dans la retenue», explique Christopher Hardy. Autant d’actions qui pourraient mener à une régulation des comportements.

Plus au nord, dans le parc national de la Vanoise, qui a fêté son 60e anniversaire l’an dernier, la longue politique de préservation constitue une forme d’exemple pour les parcs régionaux. «Les visiteurs se comportent globalement bien. Il y a peu d’incivilités, pas de déchets. Ils savent qu’ils doivent faire attention», assure Anne-Laure Pecheur, cheffe de secteur à Pralognan pour le parc national de la Vanoise.

Signalétique, politique de sensibilisation au bivouac, maraudage sur les sentiers… il est possible de bivouaquer que dans certaines zones dédiées. La gestion de l’eau constitue également un pan important de la préservation du territoire : «Nous avons développé dans certains refuges les ’nudge’, des petits messages d’incitation sur le bon usage de l’eau et comment modérer sa consommation en refuge», poursuit-elle. Au parc national des Écrins, à cheval entre l’Isère et les Hautes-Alpes, l’accent est également mis sur l’accompagnement des visiteurs par des professionnels de montagne.

«Nous mettons de plus en plus en avant le recours à des guides. Quand un professionnel nous accompagne, les bons gestes sont adoptés», note Yvan Chaix, des Hautes-Alpes. «Depuis cette année, nous faisons également intervenir des professionnels du secours en montagne pour sensibiliser aux gestes sûrs.» Des solutions qui portent leurs fruits à long terme, même si des difficultés demeurent. «Le plus grand défi pour nous reste de faire passer l’information. Les territoires que nous couvrons sont vastes», complète Yvan Chaix. Avec une conclusion : «il faut privilégier certains endroits moins fragiles, mais tout aussi beaux. Il faut organiser les flux.»

#Barbecues #baignades #sauvages #destruction #flore.. #Face #lafflux #visiteurs #comment #les #professionnels #tentent #protéger #montagne

Source link

Home

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut