Axel Springer révolutionne son modèle pour renforcer son empire médias

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Le propriétaire de Bild et Politico vend ses lucratives activités petites annonces aux fonds KKR et CPP pour se donner les moyens d’investir dans l’intelligence artificielle et de poursuivre ses ambitions de développement dans les médias anglophones.  

C’est un mouvement qui promet d’être suivi de très près dans le secteur des médias à travers le monde. Dans une opération valorisant Axel Springer à 13,5 milliards de dollars, l’empire allemand s’apprête à se scinder en deux dans les prochains mois, modifiant ainsi en profondeur son modèle économique. D’un côté, Axel Springer, qui intègre le populaire journal allemand Bild Zeitung, le quotidien conservateur Die Welt et les sites d’informations américains, Business Insider, Politico ainsi que la newsletter Morning Brew, « deviendra une entreprise médiatique familiale » détenue par l’héritière du groupe, Friede Springer, et Mathias Döpfner, président-directeur général. De l’autre, les très profitables activités de marketing en ligne et petites annonces, regroupant le site Stepstone, la plateforme d’annonces immobilières Aviv (Meilleurs Agents en France ou Immowelt en Allemagne) ou encore SeLoger.com, LaCentrale.fr dans l’Hexagone, deviendront des entreprises indépendantes détenues exclusivement par le géant du capital-investissement KKR et CPP Investments, a annoncé jeudi le groupe.

Selon le Financial Times, l’activité des petites annonces représente la part du lion, puisqu’elle serait valorisée 10 milliards d’euros… La scission devrait être finalisée au cours du deuxième trimestre 2025. 

Indépendance et investissements technologiques

Fondé par Axel Springer en 1946 à Hambourg, le groupe de médias reste aujourd’hui le plus influent d’Allemagne, avec un tirage de quotidien Bild qui atteignait encore le million d’exemplaires à la fin de l’année 2023, dans un contexte de décroissance structurelle pour le secteur de la presse… Après la scission, Axel Springer deviendra une société de médias entièrement privée pour la première fois depuis son introduction en Bourse en 1985. 

Le groupe était sorti de la cote il y a cinq ans à l’arrivée de KKR à son capital, pour une valorisation à l’époque de 6,7 milliards d’euros. KKR et son partenaire CPP Investments, le plus grand fonds de pension du Canada, détiennent actuellement 48,5 % du capital d’Axel Springer, tandis que Mathias Döpfner et Friede Springer en détiennent respectivement 21,9 % et 22,5 %.

« Mathias Döpfner et moi-même avions pour vision qu’un jour Axel Springer redeviendrait une entreprise privée. La réalisation de cette vision me remplit aujourd’hui d’une grande joie », s’est réjouie dans un communiqué Friede Springe, la veuve du fondateur, âgée de 82 ans. Quelques minutes après l’officialisation du plan, Mathias Döpfner déclarait dans un podcast adressé aux 17.000 salariés que cet accord « représente l’étape suivante logique pour les deux parties de l’entreprise. » Il souhaite que les médias d’Axel Springer soient « plus rapides, plus agiles et moins bureaucratiques », tout en renforçant « le rôle que joue la technologie dans le succès au quotidien des médias ». Dès 2023, Axel Springer n’avait pas caché vouloir miser sur l’IA pour la production de contenus journalistiques, créant au début l’émoi chez une partie de la profession… Depuis, le groupe a investi dans deux start-up spécialisées dans l’IA, Particle et ProRata.a, et signé un partenariat avec le géant OpenAI, qui paie pour utiliser ses contenus pour entraîner son robot conversationnel ChatGPT.


J’estime que face au mélange de rumeurs et de faits, d’enquêtes et de propagande, de désinformation et de fausses nouvelles, l’IA peut jouer un rôle pour renforcer la confiance dans l’information

Mathias Döpfner, président-directeur général

« Pourquoi attendre ? Honnêtement, nous avons tant de projets pour le secteur des médias, a expliqué Mathias Döpfner. Je sais que beaucoup de gens sont d’un avis différent, pensant que les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle détruiront le journalisme, mais j’estime au contraire que face au mélange de rumeurs et de faits, d’enquêtes et de propagande, de désinformation et de fausses nouvelles, l’IA peut jouer un rôle pour renforcer la confiance dans l’information. » Surtout, Mathias Döpfner, qui a établi l’an passé un siège social américain à Manhattan et embauché une équipe de direction dans le pays, espère poursuivre ses ambitions de développement dans les médias anglophones.  

De son côté, en cédant sa participation dans les activités d’information d’Axel Springer, « KKR se sépare d’un secteur très public, controversé et à l’ADN imprévisible », commente un analyste. Le fonds américain de capital-investissement, coté à la Bourse de New York et à la tête de plus de 553 milliards de dollars d’actifs sous gestion, poursuit son offensive dans le secteur du marketing, après avoir mis la main sur plusieurs entités au Royaume-Uni et aux États-Unis et plus récemment sur la firme de relations publiques, FGS Global. Selon plusieurs analystes, KKR et CPP pourraient dans un second temps envisager l’introduction en Bourse de certains actifs, comme le portail d’emplois à succès Stepstone. 



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